Kaïros ou les destins personnels
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Kaïros ou les destins personnels

Clémentine Beauvais / Heinrich Böll / Annie Saumont / Elsa Triolet
Fabian Chappuis / Quentin Defalt / Justine Heynemann / Sophie Lecarpentier
Du 30 mars au 11 avril 2021
T13 / Bibliothèque
Dès 16 ans 2h

Un spectacle, quatre nouvelles, quatre auteur.rice.s, quatre metteur.e.s en scène, quatre univers singuliers, quatre parcours de vies qui vibrent et résonnent ensembles, pour un voyage sensible et vivant à travers la mémoire, les souvenirs, les chemins de vie, les choix et le destin.

Kaïros, la prise de pouvoir individuelle sur le temps

Le dieu grec Kaïros est le premier fils de Zeus. Il se reconnaît à des attributs bien spécifiques: ses talons sont ailés, il avance sur la pointe des pieds et arbore une chevelure abondante sur le front et les tempes, tandis que l’arrière de son crâne reste chauve : on peut le saisir par les cheveux lorsqu’il se présente, mais il est impossible de le retenir une fois qu’il est passé.


Kaïros, c’est la prise de pouvoir individuelle sur le temps. C’est l’instant décisif, la bascule d’une trajectoire individuelle ou collective, où l’on se connaît, se reconnaît. C’est l’instant fugitif mais essentiel, soumis au hasard mais lié à l’absolu. Il n’est qu’événement parmi d’autres pour celui qui ne sait pas. Mais, pour celui qui sait le reconnaître, il est ce qui lui révèle son propre savoir. C’est un moment où l’éternité et le monde des Hommes se rejoignent.

Quatre vies ordinaires au parcours extraordinaire

Les quatre nouvelles que nous avons choisies racontent cette rencontre avec le Kaïros. Quatre vies ordinaires au parcours extraordinaire. Quatre instants où chacun des personnages tente d’échapper à une histoire qui semble écrite d’avance. Il y sera question d’histoires d’amour et de guerre qui s’entrecroisent, d’un souvenir d’un amour perdu, d’un corps oublié, d’un enfant perdu, d’une lettre jamais lue…

Prendre le temps de se souvenir


Le spectacle est une invitation à interrompre, le temps d’une soirée, le cours de nos vies pour se rappeler les moments qui nous constituent malgré nous, ceux que nous voulons-savons fondateurs, ceux que parfois nous fuyons, ceux que nous recherchons inexorablement. Une prise de recul, un regard sur les choses accomplies et celles encore à réaliser. Oser regarder avec lucidité le passé, y puiser la force d’avancer, car porteur de notre propre histoire, unique, incongrue et inéchangeable.

Fabian Chappuis / Quentin Defalt / Justine Heynemann / Sophie Lecarpentier

Kaïros ou Les Destins personnels

Textes de Clémentine Beauvais / Heinrich Böll / Annie Saumont / Elsa Triolet

mis en scène par Fabian ChappuisQuentin Defalt / Justine Heynemann / Sophie Lecarpentier


Avec Frédéric Cherboeuf, Anne Coutureau, Alexandrine Serre, Camille Timmermann et Benjamin Wangermée
 
Lumières Quentin Defalt, Accessoires et patines Sophie Lecarpentier, Conception espace Fabian Chappuis, Musique Camille Timmermann, Administration Valérie Moy

Production executive Compagnie Eulalie. Coproduction Compagnie Orten, Soy Création, Teknaï.
 Résidence de création Maison du Conte de Chevilly Larue, Théâtre d’Auxerre, La Cuisine et du Théâtre 13.

Voyageur, si tu arrives à Sparte / Heinrich Böll / Fabian Chappuis

« Tout me semblait distant, inerte, je me croyais transporté au musée d’une ville de morts, dans un monde inconnu qui me laissait indifférent mais que mes yeux reconnaissaient pourtant. Cela ne pouvait pas être vrai que, trois mois avant, j’eusse été ici… »

Voyageur, si tu arrives à Sparte…
texte Heinrich Böll
mise en scène & scénographie Fabian Chappuis
conception d’agrès Alice Delva

Allemagne, fin de la seconde guerre mondiale. Un très jeune soldat, gravement blessé, est déposé dans un hôpital de fortune pour être soigné. A l’intérieur du bâtiment, des représentations de héros mythologiques et historiques qui se sont sacrifiés pour leur patrie. Quel est ce lieu, à la fois familier et étranger ?
Au cours d’un monologue intérieur qui accompagne le soldat de la porte d’entrée à la salle d’opération, les émotions refont surface et avec eux les souvenirs.
L’humaniste et Prix Nobel de littérature Heinrich Böll dénonce dans cette nouvelle l’endoctrinement idéologique de la jeunesse allemande par le régime nazi, qui formait ainsi les futurs martyrs du national-socialisme.

« Voyageur, si tu arrives à Sparte raconte le parcours d’un enfant, transformé de force en soldat, qui redevient l’enfant qu’il n’aurait jamais dû cesser être.
Sur scène, un jeune homme en apesanteur au-dessus d’une toile blanche. Au fur et à mesure de la prise de conscience de son état et de son endoctrinement, cette toile va se couvrir de couleurs, de souvenirs et d’émotions. » Fabian Chappuis

Fabian Chappuis et le Théâtre 13
Andorra de Max Frisch (2016)
Le Cercle de craie caucasien de Bertolt Brecht
A mon âge, je me cache encore pour fumer de Rayhana (2011)
Marie Stuart de Friedrich Schiller (2008)
Je pense à toi de Frank Smith (2004)



Le Destin personnel / Elsa Triolet / Quentin Defalt

« Oui, le cœur peut battre à l’unisson avec des millions d’hommes et avoir en même temps des battements secrets qui ne dépassent pas les limites du cœur. »

Le Destin personnel
texte Elsa Triolet
adaptation Olivier Waibel
mise en scène Quentin Defalt

Seconde Guerre mondiale. Charlotte, habituée à faire passer le bonheur des autres avant le sien, quitte Paris pour la zone libre. Elle y rejoint un couple d’amis, Margot et Jean-Claude.
Dans cette campagne isolée, encerclée par la folie meurtrière, un drame personnel, surgi du passé, va se jouer….

« Elsa Triolet brosse ici le portrait tragique et ambigu d’une femme brisée, un portrait désenchanté qui dit la difficulté à accepter la médiocrité de son destin.
Ce qui est bouleversant dans cette nouvelle, est cette capacité que nous pouvons avoir à oublier, le temps d’un instant, d’une semaine, d’un mois, les tourments du monde extérieur, pour vivre égoïstement nos joies, pour souffrir en silence.
Charlotte est une femme broyée par les tâches que lui confèrent son « rôle de femme ». Elle décide de reprendre sa vie en main le temps d’une parenthèse estivale. Durant quelques semaines, elle sera la femme forte et libre qu’elle aurait toujours dû être.
Aussi la comédienne qui incarnera Charlotte mettra en avant une femme puissante, assumée afin de faire ressortir les frustrations de sa vie morne et de l’incohérence entre sa nature et son vécu.
Isolée dans une douche de lumière, elle conversera parfois avec deux autres comédiens restant dans la pénombre. Tels des souvenirs lointains et irréels. Telle une mémoire qui s’efface… » Quentin Defalt

Quentin Defalt et le Théâtre 13
Lancelot de Gaëtan Peau (2014)
Brita Baumann (Les Cadouin #2) de Gaëtan Peau et Quentin Defalt (2011)
Aztèques de Michel Azama (2006)
Quentin Defalt est également le directeur artistique du Prix Théâtre 13 / Jeunes metteurs en scène



Faire suivre / Annie Saumont / Sophie Lecarpentier

« Elle a rêvé, elle le dit, d’un petit mot plein de tendresse. D’un adieu. D’une lettre d’adieu.
Il écrirait avant de repartir vers un pays qu’il avait fui sans jamais donner de raison.
Ou bien il appellerait, ferait une dernière visite. Elle a simplement continué. D’attendre.
Longtemps. Espéré.
Et encore attendu. Qu’il écrive. Ou qu’il revienne. »

Faire suivre
de Annie Saumont
mise en scène Sophie Lecarpentier

Elle l’a rencontré chez Ed. Son caddie plein de bouteilles d’eau l’a mise en confiance. Elle est tombée amoureuse. Ils ont fait l’amour même si elle n’y prenait aucun plaisir. Mais elle l’aimait. Un jour il n’est pas revenu. A la police on lui a dit que ses papiers n’étaient pas en règle. Depuis elle l’attend. Elle attend un signe de lui, de son amour disparu sans un mot. Elle attend, année après année, jusqu’à en mourir, de vieillesse.
Un jour, la nouvelle locataire décide de faire des travaux dans l’appartement…

« Faire suivre c’est l’histoire d’un ratage, d’une bifurcation, d’une vie qui frôle le bonheur et passe à côté. C’est, en quelques mots, de la douleur pure et des frissons. C’est l’histoire qu’on ne veut pas vivre et celle qui nous fait si peur : la mauvaise coïncidence. Ce texte me bouleverse car il évoque la vie simple d’une femme comme les autres. Et répond à un de mes questionnement permanent : qu’est ce qui fait d’une vie un destin ? à quel moment choisit-on ? à quel moment subissons-nous ? quel part de hasard construit une vie ?
L’époque que nous traversons rend cette question sans doute encore plus brulante. Et la réponse que le texte appelle, de vivre pleinement chaque parcelle de bonheur, encore plus nécessaire.

Un acteur prendra en charge le texte, porteur de la mémoire de cette femme, de son destin oublié. Nous le faisant partager. Nous invitant à aimer cette silhouette fragile, à rire avec elle ; et pour finir nous déchirant l’âme.
L‘espace de jeu sera très vide. Un sol. Un parquet et un lino sans doute. Comme un radeau.
Le jeu de l’acteur épuré, s’appuiera sur une adresse directe au public. Nous voulons faire entendre l’écriture, faire entendre cette histoire, dans sa tragique simplicité et sa douloureuse vérité… une histoire de mémoire qui doit se transmettre. » Sophie Lecarpentier

Sophie Lecarpentier et le Théâtre 13
Nos Educations sentimentales de Sophie Lecarpentier
 d’après Flaubert (2018)
Du bouc à l’espace vide de Julien Saada (2012, 2013 et 2014)
L’Epreuve de Marivaux (2010)
Le Jour de l’Italienne – création collective (2009)



La Belle et la bête / Clémentine Beauvais / Justine Heynemann

« Il fallait que ce fût une petite princesse.
 Précisément parfaite.
 Parfaite, cela voulait dire :
 peau aussi douce qu’une plume de cygne,
 odeur aussi sucrée que celle du pois de senteur,
 allure aussi gracieuse qu’un roseau dans la brise,
 et ainsi de suite. »

La Belle et la Bête (peau d’humaine)
texte Clémentine Beauvais
mise en scène Justine Heynemann

Une princesse née bête qu’à cela ne tienne, le roi et la reine la transformeront en belle. 
Mais peu à peu l’animalité interdite se fraye un chemin pour rendre à la jeune fille-guenon sa liberté enfouie.
Dans ce bref conte, écrit en vers libres, Clémentine Beauvais détourne les codes du conte de fées. Elle s’interroger sur l’identité et la mémoire invisible qui nous constitue malgré nous.

« Pour illustrer notre réflexion commune autour de la mémoire, le bref conte de Clémentine Beauvais m’est apparu comme une évidence. 
Il y est question de mémoire, de souvenir enfoui mais aussi de joie de vivre et de liberté. 
L’époque que nous traversons me donne envie de lumière, de fraicheur, de lyrisme. Et c’est justement tout cela qui définit ce merveilleux texte. C’est une bouffée d’air frais qui donne envie de crier, de grimper aux arbres, d’être soi-même, d’être heureux.
J’imagine une petite forme épurée, facilement modulable à tous les espaces. 
Une actrice, un piano. 
Une sorte de conte / cabaret tantôt chanté, tantôt joué. 
Une pelouse jonchée de fleurs pour se rouler, une échelle en guise d’arbre pour grimper. 
Des couleurs vives, un costume mi-princesse, mi-fille des bois, permettant de passer habilement de l’une à l’autre sans effort. Un jeu d’actrice pétillant vif avec une adresse directe au public. Une musique façon Pauline Croze : simple, sincère, sans fioriture.
Un moment ludique et musical au cours d’une soirée dédié à la mémoire. » Justine Heynemann

Justine Heynemann et le Théâtre 13
Les Cuisinières de Carlo Goldoni (2006)
La Discrète amoureuse de Felix Lope de Vega (2015)
La Dama Boba de Felix LOpe de Vega (2019)



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