Prix theatre 13 / villa dolorosa
T13 / Bibliothèque
Adaptation décapante des « Trois Sœurs » de Tchekhov, « Villa Dolorosa » transpose, non sans impertinence, le mal de vivre de ces personnages dans une société où le cynisme a tout emporté et où l’Histoire n’a plus de sens. Pris dans une trame de vie stéréotypée, incapable pourtant de s’en extraire, les personnages stagnent dans un monde où parler remplace tout bonnement la vie.
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Tchekhov en son temps a su croquer le sel de la vie, des tourments, de l’ennui. Avec Villa Dolorosa, c’est une fresque sur notre temps que nous propose Rebekka Kricheldorf. En adaptant les célèbres Trois Sœurs, elle nous plonge au cœur d’une famille, de ses histoires, plaçant le spectateur comme convive assis dans leur salon, témoin de la chute d’une société. Celle des rapports de classes, d’une élite intellectuelle incapable d’agir, du poids de la connaissance face à l’immobilisme. Au delà de l’histoire c’est un rapport au langage que nous propose cette pièce : le besoin de se plaindre au lieu d’agir, le besoin de rêver au lieu de faire, le besoin de parler au lieu de vivre.
Chez Kricheldorf, on sait déjà que ça ne marchera pas, que tout est perdu. Année après année, rien ne change, les anniversaires sont invariablement gâchés, la musique manque et le sentiment d’inutilité croît. Les rôles sont les mêmes, les acteurs connaissent leur texte par cœur. Que faire alors de ce petit monde qui tourne en rond ?
Pourtant Kricheldorf, comme Tchekhov, trouve qu’il vaut mieux en rire et rire large, rire noir et jaune, rire fort, parce que le rire, justement, ça ne sert à rien, et que c’est le meilleur hommage à rendre à la vie.
Villa Dolorosa
texte Rebekka Kricheldorf, mise en scène Pierre Cuq
Avec Cantor Bourdeaux (Andreï Freudenbach), Sophie Engel (Olga Freudenbach), Grégoire Lagrange (Georg), Aure Rodenbour (Irina Freudenbach), Pauline Belle (Macha Klepstedt-Freudenbach), Olivia Chatain (Janine)
Scénographie Cerise Guyon, Costumes Gwladys Duthil, Son Julien Lafosse, Lumière François Leneveu
Production Compagnie Les Grandes Marées. Avec le soutien du Carreau du Temple, du Théâtre Paris-Villette, du Jeune Théâtre National, de l’atelier A.C.T.E.S. Remerciements Sofiane Hamida-Renard, atelier A.C.T.E.S., Sylvie Madec