Mademoiselle julie
T13 / Bibliothèque
Nuit de la Saint-Jean, Julie et Jean se rencontrent. Ils rêvent d’une vie meilleure et s’abandonnent à un amour interdit. C’est le cri sourd d’un oiseau sacrifié dans la nuit.
La pièce raconte la passion interdite entre Mademoiselle Julie, jeune femme de la haute-société en quête d’émancipation, et Jean, son chauffeur. Julie, la noble, et Jean, le valet, se rencontrent dans la cuisine de la propriété du Comte. Tandis que Christine, la fiancée de Jean, passe de temps en temps par la cuisine, où elle finira par s’endormir, Jean et Julie se séduisent. Au petit matin de cette longue nuit d’été, Julie accompagne Jean dans sa chambre et couche avec lui. Mais après leur nuit d’amour, les rôles s’inversent : Jean est le plus fort et Julie est l’humiliée. Jean convainc Julie de voler de l’argent à son père et de s’enfuir avec lui. Mais surpris dans leur préparatifs de voyage par Kristin et dans l’impossibilité de partir, Jean pousse Julie au suicide.
Mademoiselle Julie
(Ne savez-vous pas qu’il est dangereux de jouer avec le feu ?)
D’après August Strindberg
Traduction Terje Sinding, Adaptation et mise en scène Gaëtan Vassart
Scénographie & costumes Delphine Brouard, Lumières Franck Thevenon, Son David Geffard, Vidéo Kristelle Paré & Thomas Rathier
Avec Anna Mouglalis, Xavier Legrand, Sabrina Kouroughli
Production Comédie de Picardie. Coproduction Compagnie La Ronde de Nuit, Scène nationale d’Albi (en cours). Avec l’aide à la production de l’Adami, de la Spedidam. Avec le soutien de L’Odéon – Théâtre de l’Europe, la Ménagerie de Verre (StudioLab) et le Théâtre 13 dans le cadres d’une résidences de création. Remerciements à la Comédie Française.
Le spectacle sera créé le 8 février 2018 à la Comédie de Picardie (en savoir plus)
Note d’intention
Nous poursuivons avec Mademoiselle Julie notre dialogue engagé avec Léon Tolstoï autour de la figure d’Anna Karénine et la quête d’émancipation de la femme. August Strindberg, autre écrivain du XIXème siècle d’inspiration rousseauiste, affirme avec Mademoiselle Julie l’importance des problèmes liés à l’ascension sociale et au déclin, à la culture et à l’inculture, à l’élite et au démuni, à la quête de liberté individuelle.
Notre adaptation de Mademoiselle Julie mettra à nu les désirs d’absolu de deux écorchés incapables de supporter leur condition, prêts à se vouer aux flammes de la passion. Nous questionnerons notre rapport au jeu de séduction, sous le diktat de l’image, si présente dans nos sociétés modernes, face à la peur du déclassement, dans ce lieu érotisé qu’est le plateau de cinéma ou le studio de photo. Mademoiselle Julie exprime dans son rêve la peur de la chute. Chute d’une icône, d’une actrice face à celui qui monte, Jean, qui la regarde à travers l’oeil de l’objectif. Et creuser ce rapport au jeu pouvoir et de domination, dont l’affaire Weinstein en est le dernier avatar.
Que signifie être une femme aujourd’hui face à son propre désir et celui assigné par la société? Quelle est notre part de liberté individuelle dans un monde marchand qui régit tout et nous oblige en permanence à séduire? La pièce a été interdite pendant dix-huit ans car elle a fait scandale pour ses connotations sexuelles. Mademoiselle Julie, écrite en 1888, n’a rien perdu de son soufre: Désirs d’une nouvelle vie, l’auteur suédois nous montre, dans une vision nietzschéenne, que les espoirs qu’entretiennent les individus d’échapper à leur condition sociale ne sont souvent que pures illusions.
Julie est une Hamlet au féminin, une jeune beauté perdue et déracinée. Elle est hantée par le fantôme du père et les images de corruption dans tous les sens du terme; corruption du caractère, corruption de la chair, corruption par l’argent – la mort de l’oiseau, le dégoût qu’inspire le corps de Jean. Le monde est infecté, putréfié, ce qui pousse Julie qui ne fait aucun compromis avec le la morale, à braver tous les interdits. Mademoiselle Julie est-elle folle ou joue-t-elle la folie? Ou joue-t-elle à jouer la folie? La perspective est infinie. Sa haine des hommes et l’éveil des désirs à l’occasion de la Midsummer night de la Saint-Jean, fête païenne où l’on se doit de se trouver un amoureux, seront le cocktail explosif et fatal.
Dans ce corps à corps, nos trois amants amants passent de l’ivresse au dégrisement. Au jeu qu’initie Julie face caméra, elle finira par perdre la maîtrise des événements, dévorée à son tour par l’objectif. Avec la mort violente de Julie, Jean voit s’échapper tout espoir d’une vie meilleure et Kristin, la fidèle, l’humiliée, s’obstine à l’aimer et renonce à l’argent. Si la pièce d’August Strindberg traverse les décennies, c’est bien qu’elle nous parle de la femme et de ce que la société exige d’elle, perpétuelle source de désir et d’oppression. Gaëtan Vassart
Gaëtan Vassart est né le 10 novembre 1978 à Bruxelles. En 2001, il entre au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris dans les classes de Philippe Adrien, Gérard Desarthe et Joël Jouanneau, après l’Insas et la classe libre au cours Florent. Il joue dans une quinzaine de productions sous la direction notamment de Philippe Adrien, Bernard Sobel, Gérard Desarthe, Michel Didym, Joël Jouanneau, Gilberte Tsaï, Brigitte Jacques, Pauline Bureau et au cinéma, sous la direction Jean-Xavier de Lestrade, Laurent Herbiet, Deniz Gamze Ergüven et Pierre Schoeller. Comme auteur, écrit Toni M. qui reçoit l’Aide à la création des textes dramatiques du Centre national du Théâtre en mai 2011. En 2012, Je danse, son second texte, reçoit les Encouragements du Cnt. Joël Jouanneau l’aide à fonder la Compagnie La Ronde de Nuit ; et Toni M. est accueilli en résidence de création à la Chartreuse de Villeneuve-Lez-Avignon puis à la Mousson d’Été, avant sa création au Théâtre des Halles, Festival d’Avignon. Il écrit Peau d’Ourse d’après le Pentamerone de Giambattista Basile, mis en voix à la Maison de Radio France avec Anne Alvaro. En juin 2016, Gaëtan Vassart adapte et met en scène Anna Karénine – les bals ou on s’amuse n’existent plus pour moi d’après Léon Tolstoï au Théâtre de la Tempête et en tournée.
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