Le déni d’anna
T13 / Bibliothèque
Portrait d’une famille face au drame: quand le comique fait la nique au chagrin.
Chez les Dunel, quand Anna disparait, chacun réagit comme il peut: faire les courses, s’engueuler, refouler son chagrin, rire aux éclats, danser la musique à fond, se faire engueuler aussi, préparer en boucle les menus de la semaine, avoir des tocs, poser trop de questions aux adultes. Tout pour surtout oublier d’enterrer l’urne d’Anna. Mais bon sang ! D’ailleurs, où est-elle passée cette urne ?…
Faire faire la grimace au drame : rien de plus grotesque !
Ce qui m’importe en tant qu’autrice, est avant tout de faire rire de ce tragi-comique dans lequel le déni entraine les personnages. Peindre une famille écrasée par le drame et qui se lance à corps perdu dans la négation du chagrin. La mort presque transmuée en source de joie par des adultes hagards qui réfutent tout tragique pour épargner de la douleur aux enfants.
La pièce se déroule sur trois tableaux que 20 années d’une vie désormais sans la mère, séparent… Les enfants devenus adultes prennent enfin la parole et viennent récupérer « leur mère » pour la mettre là où chacun lui refuse sa place : au cimetière.
Les personnages se parlent sans cesse sans jamais s’écouter. Chacun ne pense qu’à continuer à vivre, à manger, dormir, se soucier des petites choses du quotidien. La drôlerie des situations autant que leur gravité mène la danse. Drame que cette comédie humaine !
A fuir de toutes ses forces le chagrin, cette famille danserait presque sur le lit de mort de la mère, pour l’exorciser rendant les situations loufoques. Mais la petite musique de la mort rode…
Ainsi la guitare vient faire entendre le personnage de la mère mourante, puis défunte, partition émotionnelle de ce personnage qu’on ne voit jamais, murmure des non-dits au sein de cette trop humaine famille…
Le Déni d’Anna
Texte et mise en scène Isabelle Jeanbrau
Avec Bruno Paviot, Vijaya Tassi, Matthias Guallarano, Anne-Charlotte Dupuis, Alban Gerôme et les musiciens Daniel Jea et France Cartigny
Production Siparka, Avec le soutien du Festival d’auteurs de Sucy-en-Brie, de la Spedidam et de Passage Productions. Remerciements au Théâtre Lepic, au Théâtre du Lucernaire, à Mme Claudette Lawrence, à Karine Letellier, et à Monique de Montrémy (Les Editions des Cygnes).