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Eugénie grandet

Du 25 février au 29 mars 2020
T13 / Bibliothèque
Dès 12 ans 1h40

Coronavirus : La compagnie d’Eugènie Grandet a préféré suspendre les représentations.

Derrière des vitres poussiéreuses, six acteurs se volent la parole pour nous faire découvrir Eugénie Grandet comme figure de résistante! Cette « femme, qui n’est pas du monde, au milieu du monde » se dresse avec force contre l’autorité paternelle et le pouvoir de l’argent. Ce roman aux héros ordinaires interroge notre quotidien et ses motivations : jusqu’où l’argent peut-il nous déshumaniser ? Entre dénonciation politique, hymne à l’amour et humour balzacien, le spectacle apparaît comme un formidable miroir de notre époque et une invitation à la lutte !

En laissant sonner la musique de Balzac, les acteurs, tantôt en solo, en duo, trio, quatuor, quintet et même en sextet, nous livrent l’histoire d’Eugénie. Ici, pas de réécriture ni de distribution de rôles, uniquement le roman offrant, seul, ses péripéties. Les acteurs, plutôt que de donner à voir, donnent à imaginer. Comme quand nous nous laissons peu à peu gagner par une histoire lorsque nous lisons un roman, les acteurs, en portant ces mots, se laissent peu à peu gagner par l’émotion et l’incarnation.

Nous plongeons ici dans une terrible société provinciale, faite de calculs et de mesquineries. Derrière les portraits au vitriol des « Cruchots » et des « Desgrassins », personnages tous plus sales et plus faux les uns que les autres, apparaissent les femmes de la famille Grandet : Nanon la bonne, au physique disgracieux mais à la force herculéenne, Madame Grandet, jaune comme un coing, et sa fille Eugénie, réduite à la naïveté infantile par un père totalitaire. Derrière ces figures tristement comiques se dresse le père Grandet, carnassier qui domine le drame, prêt à bondir, manipulant à loisir tout ce petit monde.

Derrière la tragédie domestique se révèle la toute-puissance de l’argent qui dirige notre rapport à l’autre. Pour le père Grandet, l’autre n’existe que comme moyen de réaliser quelque profit et tractation financière. Sa fille, Eugénie est une enfant brimée qui, à l’âge de raison, choisit de refuser le monde paternel qu’on lui propose, préférant l’amour à l’argent, l’humanité́ à l’individualisme. Le choix d’Eugénie, à l’heure où le capitalisme semble être le seul modèle de société possible, nous met face à notre propre responsabilité. Qu’est-ce qui dirige notre quotidien ? L’être ou l’avoir ? Balzac apporte un début de réponse : dans les mains d’Eugénie, richissime héritière de son avare de père, l’argent devient un moyen et non un but.

Eugénie Grandet
ou l’argent domine les lois, la politique et les mœurs
D’après Honoré de Balzac, mise en scène de Camille de La Guillonnière

Avec Hélène Bertrand, Lara Boric, Erwann Mozet, Pélagie Papillon, Charles Pommel et Lorine Wolff

Assistant à la mise en scène Frédéric Lapinsonnière, Lumières Luc Muscillo, Costumes Nelly Geyres, Régie Luc Muscillo ou Johanna Boyer-Dilolo

Production Compagnie Le Temps est Incertain Mais on joue quand même ! Coproduction Scènes à l’Italienne, Théâtre Montansier de Versailles. Avec le soutien du Théâtre Gérard Philipe – Centre Dramatique National de Seine-Saint-Denis, du Théâtre de L’Usine – Scène Conventionnée de Saint-Céré, du Théâtre Régional des Pays de la Loire, du fonds d’insertion professionnel de l’Académie de L’Union – ESPLT, de la DRAC et de la région Nouvelle Aquitaine, de l’EPCC Anjou-Théâtre, en résidence au Château du Plessis Macé et de la région Pays de la Loire. Remerciement au Haras de La Rousselière et à ACTMA.

Bande annonce vidéo

Rencontre avec l’équipe artistique dimanche 22 mars 2020 après la représentation

Entrée libre et gratuite

Garde d’enfants contée dimanche 8 mars 2020 pendant la représentation (gratuit)

Spectacle conte / atelier / goûter

Garde d’enfants (de 4 à 9 ans) pendant la représentation de 16h.
Réservation indispensable par téléphone, au moins 7 jours à l’avance au 01 45 88 62 22

Un dimanche par spectacle, nous vous proposons de prendre en charge vos enfants pendant la représentation de 16h (rassurez-vous, on vous les rend après !). Et comme nous sommes un théâtre, nous ne nous contentons pas de les garder, mais nous les invitons à assister à un spectacle de contes, suivi d’un petit atelier avec animations assurées par les conteurs. Le tout est clôturé par un goûter.
Les contes et ateliers sont animés par la Compagnie Tout Ouie et Carole Visconti et sont différents pour chaque spectacle.





Extraits de la revue de presse

Un travail audacieux. C’est fluide, souvent drôle, très fidèle. L’âpreté avaricieuse du père Grandet, la passivité de son épouse, la vulnérabilité du cousin Charles, la force intérieure, le courage, la grandeur d’âme, la générosité, le désintéressement et le malheur d’Eugénie bouleversent. C’est bien Balzac, tout pur et du jour : folie de l’argent contre esprit. Armelle Héliot – Le Figaroscope

La mise en scène est pleine de fraîcheur. La verve de l’auteur déchaîne les rires. La pingrerie légendaire du père Grandet est un régal. L’innocence d’Eugénie, qui donne par amour son or à son cousin, est aussi touchante qu’elle fait ressortir la malice de Balzac.  Le Canard Enchaîné

Camille de la Guillonnière ne fait pas une adaptation du texte mais le porte sur le plateau. Le texte n’est pas réécrit, il est juste un peu coupé et surtout, il n’y a pas de distribution de rôles. Tantôt en solo, en duo, en trio, quatuor, quintet et même sextet, les acteurs se volent la parole pour nous livrer l’histoire d’Eugénie, gardant du roman ses péripéties et quelques belles descriptions. Parfois une chanson entonnée doucement en chœur accompagne l’envol de l’imagination du spectateur qui se laisse emporter par cette histoire. Il entend la langue de Balzac décrivant, non sans humour, cette société provinciale toute en mesquineries et en calculs. Le dispositif scénique choisi lui permet d’imaginer ce père Grandet, ogre carnassier qui ne pense qu’à l’argent, et y sacrifie la vie de sa famille.
Une façon originale de présenter un classique, loin des lectures par un acteur ou une actrice seul.e en scène qui fleurissent sur les scènes parisiennes. Sortant de la partition chorale à la fin pour être incarnée par une actrice, Eugénie acquiert toute sa grandeur, refusant le monde que lui a choisi son père, un monde où l’amour compte peu et où l’argent est devenu une fin. Par son choix elle tend un miroir à notre époque, où comme au temps de Balzac, « l’argent domine les lois, la politique et les mœurs » et par là-même elle invite les spectateurs à s’interroger sur les leurs. Micheline Rousselet SNES

Le jeune Camille de la Guillonnière propose une version très singulière, et particulièrement inventive du roman de Balzac, Eugénie Grandet. Loin d’une adaptation scénique pure et dure, il monte le texte à la façon d’un oratorio. Un pari osé et réussi. Marie-Céline Nivière – Loeildolivier.fr

La prose balzacienne est délicieusement mise en relief, la galerie de portraits des notables à l’onomastique toujours délectable (Cruchot, des Grassins…) souligne, une fois de plus, la rivalité intestine entre ilotes de province et farauds parisiens. Le récit se déroule ainsi avec fluidité, comme un conte dans une veillée familiale. La colère de Grandet en apprenant que sa fille s’était défaite de « son petit trésor » de pièces d’or, et sa mort, sont de grands moments dramatiques qui pourtant frôlent l’humour par leur démesure. Dire que Grandet est avare est un euphémisme : celui-ci tout au long de la pièce apparaît de plus en plus terrifiant, dévoré par son amour de l’or. Plus proche de Picsou que d’Harpagon, il finit en oeillant avec voracité le vermeil du crucifix que le prêtre lui tend avant son soupir final.
Camille de La Guillonière nous livre un travail théâtral d’excellence, souligné par les costumes de Nelly Geyres à l’harmonie particulièrement adaptée, et des pauses musicales, parfois cocasses avec Cindy Lauper, qui allègent la tension dramatique. Tout en respectant la dénonciation du roman de la déshumanisation par l’argent, il ébauche un portrait d’Eugénie fidèle à l’héroïne balzacienne, droite, pure et passionnée, et nous confirme, en nous promenant sur les rives enchanteresses de la narration, ce que Baudelaire écrivait à propos de Balzac : « Toutes ses fictions sont aussi colorées que les rêves ». Le Petit Rhapsode


Un spectacle populaire, évocateur d’une société qui, près de deux siècles plus tard, souffre du même mal, et dont les retombées sur les êtres restent largement dévastatrices. Véronique Hotte – hottello
 









Illustrant plus que figurant tour à tour, Eugénie ou son père, Nanon ou les Cruchots, les comédiens donnent de l’énergie et de la voix tel un chœur tumultueux jouant avec brio et conviction une partition subtile et élégante. 
Le rythme et l’enchaînement des variations de narration jouent également beaucoup dans la fluidité du spectacle qui ne se raconte jamais tout à fait de la même manière. 
Moments contés, figurés, interprétés, chantés ou musicaux (à la guitare et au violoncelle) s’alternent à la recherche de l’angle narratif le plus percutant pour chaque passage, avec de superbes moments de grâces. 
Il y a, dans cette manière d’envisager le théâtre comme une évocation de ce qui fût plus que dans l’incarnation du ici et maintenant, une évocation (voulue ou non) aux chansons de gestes, aux saltimbanques et autres troubadours. 
Le jeu habité des excellents comédiens fait le reste Tout y est, la lumière feutrée et jaunis du modeste et avaricieux intérieur bourgeois de Luc Muscillo, les costumes sans chichis mais ingénieux de Nelly Geyres, les clins d’œil anachroniques discrets mais amusant (telle l’interprétation a capella de « Girls just want to have fun » de Cyndi Lauper ou en chorale du « Sound of Silence » de Simon & Garfunkel). 
Un spectacle très original et percutant sur sa forme, qui est une très belle manière de découvrir ou redécouvrir le roman d’Eugénie Grandet. Cécile B.B. www.froggydelight.com 

Galerie

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