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Don quichotte

d'après Miguel de Cervantès
mise en scène Jérémie Le Louët
Du 8 septembre au 9 octobre 2016
T13 / Bibliothèque
Dès 13 ans 2h05

Alonso Quijano a lu trop de romans de chevalerie. Il en devient fiévreux et fou. Il change de nom, se fait chevalier errant et part sur les routes, accompagné de son écuyer Sancho Panza, cherchant la gloire et luttant contre l’injustice. Dans cette quête d’idéal, il confond théâtre et réalité, et devient, jusqu’à la transe, un fanatique de la fiction chevaleresque.
À travers une mise en abyme vertigineuse, les Dramaticules confrontent le rêve et la réalité, l’illusion et la désillusion, l’hommage et la satire…

«J’appellerais baroque le style qui épuise délibérément toutes ses possibilités, et qui frôle sa propre caricature.» Jorge Luis Borges

Dans chacun des spectacles des Dramaticules cohabitent la tradition et l’expérimentation, la grandiloquence et le réalisme le plus trivial, la moquerie satirique et l’hommage vibrant, la tragédie classique et le canular. Leurs choix de répertoires et de créations sont toujours guidés par l’envie de décloisonner les genres, de bousculer les codes, de contester la notion de format. Parce que son héros est un insoumis, Don Quichotte cristallise ce rapport au théâtre, ce rapport au monde.

Considéré comme le roman des romans, Don Quichotte conte l’histoire d’un homme qui décide de lutter contre la médiocrité du monde pour la transformer en une épopée fantasmagorique. Mettant sur un pied d’égalité le livre saint et le livre profane, le personnage de Quichotte pose la question de la foi : foi religieuse, foi en les chefs-d’œuvre, foi en l’acte créateur, foi en l’aventure collective…

Narrateur dans la narration, histoires dans l’histoire, théâtre dans le théâtre : Don Quichotte est multiple. C’est une satire, un prêche, un hommage, une confession, un divertissement. Tous les styles s’y côtoient, tous les renversements aussi. Reconstituant un plateau de tournage – rails de travelling, caméras, grue, projecteurs sur pieds, etc. – la scénographie est une « boîte à outils » grâce à laquelle comédiens et techniciens construisent et déconstruisent la représentation. Revendication de l’artifice théâtral, mises en abyme, coups de théâtre : les Dramaticules sondent la créativité, la liberté et la subversion qui inondent le roman.

Générique


Avec
Julien Buchy
(Julien et Sancho Panza)
Anthony Courret
(Deuxième spectateur, un galérien, le Duc et Merlin)
Jonathan Frajenberg
(Premier spectateur, le Bourgeois, le Gardien, le Prêtre, la Paysanne, le Médecin et Jonathan) 
Jérémie Le Louët
(Jérémie et Don Quichotte)
David Maison
(Troisième spectateur, André, un galérien, le Fils, David, la Secrétaire et le Berger)
Dominique Massat
(la Spectatrice, Dulcinée et la Duchesse)

avec la participation des régisseurs
Thomas Chrétien, Simon Denis, Xavier Hulot et Tom Ménigault

Adaptation Jérémie Le Louët, Collaboration artistique Noémie Guedj, Scénographie Blandine Vieillot, Construction Guéwen Maigner, Costumes Barbara Gassier, Couture Lydie Lalaux, Vidéo Thomas Chrétien, Simon Denis et Jérémie Le Louët, Lumière Thomas Chrétien, Son Simon Denis

Production Compagnie des Dramaticules Coproduction Châteaux de la Drôme, Théâtre de Châtillon, Théâtre de la Madeleine/Scène conventionnée de Troyes, Les Bords de scène – Théâtres et Cinéma, Théâtre Jean Vilar de Vitry-sur-Seine, Théâtre Chevilly-Larue André Malraux
Avec le soutien du Conseil régional d’Île-de-France, du Conseil départemental du Val-de-Marne, du Conseil départemental de l’Essonne, d’Arcadi Île-de-France, du Centre d’art et de culture de Meudon et du Théâtre 13 à Paris.

La Compagnie des Dramaticules est soutenue par le Conseil régional d’Île-de-France au titre de la permanence artistique et culturelle, par le Conseil départemental du Val de Marne au titre de l’aide au fonctionnement, par le Conseil départemental de l’Essonne au titre de l’aide à la résidence et par la Ville de Cachan.



Note d’intention


Moquerie satirique et hommage vibrant,
tragédie classique et canular

Il y a treize ans, j’ai réuni un groupe de comédiens de ma génération avec lequel est née la Compagnie des Dramaticules. Ensemble, nous avons créé une grammaire de jeu. Travailler en troupe nous a permis de créer un répertoire de spectacles toujours vivants, enrichis par les années et les créations nouvelles.

J’aime que cohabitent dans un même spectacle la tradition et l’expérimentation, la grandiloquence et le réalisme le plus trivial, la moquerie satirique et l’hommage vibrant, la tragédie classique et le canular. Mes choix de répertoire et de création sont toujours guidés par cette envie de décloisonner les genres, de bousculer les codes, de contester la notion de format. Parce que son héros est un insoumis, Don Quichotte cristallise ce rapport au théâtre, ce rapport au monde.

L’histoire en quelques mots : Alonso Quijano a lu trop de romans de chevalerie. Il en devient fiévreux et fou. Il change de nom, décide de se faire chevalier errant et part sur les routes, accompagné de son écuyer Sancho Panza, cherchant la gloire, défendant les opprimés, pourfendant les oppresseurs, luttant contre les injustices de ce monde. Et dans cette quête d’idéal, il confond théâtre et réalité, met sur un pied d’égalité le livre saint et le livre profane, et devient, jusqu’à la transe, un fanatique de la fiction chevaleresque.

Il y a dans Don Quichotte une distanciation entre l’auteur (Cervantès) et le narrateur (l’historien Sidi Hamet Ben Engeli). Cette distanciation permet à Cervantès d’être à la fois le défenseur et le critique du roman qu’il est en train d’écrire. Cette mise en abyme constante, ce jeu avec le lecteur est, à mon sens, l’un des aspects les plus fascinants du roman.

L’histoire qui nous est contée est annoncée comme véridique mais son conteur lui-même est un personnage de fiction. Cervantès va plus loin : il multiplie les allers-retours entre fiction principale et fictions secondaires, et fait faire du théâtre à ses personnages.

Quelle est la frontière entre le réel et le fantasme, entre le souvenir et le rêve ? Don Quichotte semble répondre : tout ce qui est beau est vrai, la volonté de croire crée la vérité. Et n’est-ce pas cela, le mécanisme de la représentation théâtrale ?

Au théâtre, il n’y a de réel que la représentation, avec ses acteurs jouant le spectacle et ses spectateurs y assistant : je crois en la vérité de la représentation théâtrale mais non en une fiction strictement réaliste. En revanche, il n’y a pas de lieu plus propice que le théâtre pour confronter la fiction et la réalité. Shakespeare, Calderón, Hugo, Pirandello, Brecht : tous ont compris que la force du théâtre se trouve précisément dans ces instants de trouble où la fiction et la réalité deviennent une seule et même chose, où les personnages sont des acteurs qui jouent des personnages, devant un public qui joue le jeu de la représentation.

La scène est jonchée de matériels divers : panneaux sur roulettes, rail de travelling, caméras et projecteurs sur pied, grue, table de régie, micros, portants pour costumes. Le choix d’un plateau de tournage comme scénographie doit créer d’emblée une superposition entre la fiction (l’histoire) et la réalité (la représentation). Grâce à cette « boîte à outils », comédiens et techniciens construisent et déconstruisent la représentation.

Narrateur dans la narration, histoires dans l’histoire, théâtre dans le théâtre : Don Quichotte est multiple. C’est une satire, un prêche, un hommage, une confession, un divertissement. Tous les styles s’y côtoient, tous les renversements aussi. Revendication de l’artifice théâtral, mises en abyme, coups de théâtre : nous sonderons la créativité, la liberté et la subversion qui inondent le roman.


Jérémie Le Louët

Entretien


Entretien avec Jérémie Le Louët
Propos recueillis par Aurore Chéry, pour l’Avant-Scène Théâtre – Mai 2016

Aurore chery : De quoi parle Don Quichotte pour vous ? Pourquoi le mettre en scène ?
Jérémie Le Louët : Il y a une dimension qui ne saute pas immédiatement aux yeux quand on lit Don Quichotte pour la première fois, mais qui m’a beaucoup frappé quand j’en ai pris la mesure : celle du religieux et du sacré. Il faut imaginer que lorsqu’on parlait des livres au Moyen Âge, on parlait surtout du livre, et ce livre, c’était la Bible. Mais l’invention de l’imprimerie contribue à la diffusion d’écrits profanes qui appartenaient à la seule tradition orale. Par là, beaucoup de récits se trouvent en quelque sorte sacralisés, ils concurrencent Le Livre. Les gens viennent écouter la lecture de ces histoires profanes comme on venait écouter la Bible.

L’Église voit cela d’un très mauvais œil. Même si les chevaliers dont il est question dans les romans de chevalerie sont chrétiens, ce ne sont ni des prophètes ni des figures bibliques. Et je crois que le point de départ du livre de Cervantès, c’est cela : se moquer des gens qui viennent écouter des romans de chevalerie comme si c’était parole d’Evangile. Son ambition, du moins au départ, est strictement satirique : montrer la folie d’un homme pour qui la frontière entre fiction et réalité est brouillée. Mais en cours d’écriture, Cervantès se rend compte du potentiel de subversion de son personnage. Certes, on peut objecter à don Quichotte que les géants n’existent pas et que les aventures des chevaliers errants sont absurdes et ridicules. Mais que dire alors d’un homme qui marche sur l’eau ? D’un autre qui reste plusieurs jours dans le ventre d’une baleine ? C’est pour moi très clairement le début d’une réflexion sur la foi. Don Quichotte voit dans les romans de chevalerie un nouvel évangile. Il en fait sa religion, une religion dont il est le dernier prophète. Dans un siècle et un pays où la religion est si puissante et si violente, le personnage créé par Cervantès est une vraie bombe de subversion. Evidemment, tout cela n’est jamais dit de manière frontale et explicite, le lecteur doit lire entre les lignes. C’est pour moi le discours central du roman, ce qui lui donne toute sa force et toute sa profondeur. Le roman ne repose pas sur la seule question de la folie, ce dans quoi on veut souvent l’enfermer. Et par extension, la foi est aussi une chose fondamentale pour l’acteur, et peut-être plus généralement pour l’artiste. Quand un acteur joue un personnage, il a besoin de croire qu’à travers les mots d’un autre, à travers la parole d’un auteur, il dit des vérités sur le monde.

Sans cette foi, il éprouvera des difficultés à jouer correctement sa partie, et curieusement, il aura aussi du mal à croire en lui-même. C’est la même chose pour un metteur en scène, avec une dimension supplémentaire : dans cette entreprise collective, il joue le rôle d’un guide qui doit entraîner son équipe, lui donner foi en son projet.

AC : Quel est votre projet de scénographie ?
JLL : La scénographie est un plateau de tournage ; un plateau de travail où se créent l’illusion, les désillusions, l’artifice, le vrai, le faux, le rêve et la réalité. C’est un peu comme si une équipe, suite à des repérages, avait choisi le Théâtre 13 comme lieu de tournage pour un film sur Don Quichotte. La scénographie s’articule donc autour de l’image. Le travail sur le son, la lumière, la vidéo et la machinerie sont autant de revendications de l’artifice théâtral. Plus le spectacle est total, en phase avec les moyens de création d’aujourd’hui, plus il permettra d’allers-retours entre tradition et expérimentation, entre réalité et fiction, entre littérature et improvisation. Tous les outils nous intéressent. J’aime travailler sur la musique classique qui est pour moi la plus expressive, celle dans laquelle on trouve à la fois une dimension du grotesque et du sublime, tout cela ancré dans la tradition. J’envisage la bande son exactement de la même manière que j’envisage les lumières, elle ne doit pas surligner, expliquer ou rendre didactique. La musique éclaire les scènes, elle leur fait dire des choses que les mots ne disent pas.
Quand on monte une œuvre du répertoire, il me semble très important que le projet s’inscrive dans l’histoire du théâtre. Monter Cervantès ou Shakespeare pour les « moderniser » est aussi absurde que de cantonner Don Quichotte à une œuvre du 17e siècle et tenter une reconstitution historique. Le classique est universel et intemporel. L’anachronisme délibéré sur la scène lui rend sa dimension éternelle, et donc actuelle.

AC : Comment est-ce que ce Don Quichotte s’inscrit dans la dynamique globale des Dramaticules ?
JLL : Ça n’était pas pensé comme tel à l’origine mais, rétrospectivement, Don Quichotte s’avère clore une trilogie du désordre et du chaos ouverte par Affreux, bêtes et pédants et Ubu Roi. Le lien entre ces deux pièces, dont la première est une création de la troupe, se faisait par l’intermédiaire des futuristes. Le Manifeste du futurisme ouvrait en effet Affreux, bêtes et pédants. Or les futuristes sont les enfants de Jarry. L’idée du Quichotte, quant à elle, est née d’Ubu. Je me trouvais alors en armure, sur un cheval, et j’étais une espèce de seigneur dérisoire. Je me racontais que j’étais don Quichotte sur Rossinante. J’ai réalisé qu’il y avait beaucoup de parallèles entre les deux œuvres. Il y a pas mal de Cervantès dans Ubu : le père Ubu est presque un Sancho outré. Dans le roman, Sancho gouverneur introduit la thématique du pouvoir, présente dans la pièce de Jarry. Affreux, bêtes et pédants, Ubu roi et Don Quichotte sont trois spectacles de la désillusion. On arrive à vingt ans avec ses rêves. On ne veut pas entendre parler du passé, on veut construire son présent indépendamment d’une tradition. Puis, à la trentaine, on réalise que ce qu’on voulait faire a déjà été fait et que, ce que l’on a fait n’est pas comme on se l’imaginait. Il y a un côté un peu triste, comme la nostalgie d’une chose que l’on n’a pas connue. Les futuristes ont eu la même désillusion. Avant eux ont écrit Dante, Shakespeare, Cervantès, Goethe, Hugo, Flaubert, Dostoïevski…
Comment se faire une place après ? Les futuristes ont choisi l’opération critique et la destruction. Notre Quichotte s’inscrit dans cette dynamique, entre moquerie satirique, sarcasme, hommage et déclaration d’amour à notre métier.

AC : Quelles ont été les difficultés spécifiques rencontrées dans l’adaptation de ce roman pour la scène ?
JLL : Dans une pièce comme Ubu roi, la trame est extrêmement simple : le Père Ubu veut devenir roi, alors il devient roi et une fois qu’il l’est, il se fait renverser et s’enfuit. Il n’y a donc presque rien. En revanche, dans le Quichotte, Cervantès parle de quasiment tout mais ça n’est pas une pièce, il n’y a pas de trame. Il y a surtout – et c’est ce qui rend le travail d’adaptation si complexe – une tension dramatique très diluée et de trop rares réels dangers pour les protagonistes. Pourtant, dans l’inconscient collectif, don Quichotte représente Le héros : il incarne le courage, l’abnégation, la témérité… En réalité, le plus souvent, Sancho et Quichotte sont simplement perdus dans la Manche et on a plus l’impression d’être chez Beckett que chez L’Arioste. Il fallait donc retrouver une urgence, une nécessité et que cela soit continu pendant toute la durée du spectacle… qu’il y ait des coups de théâtre !

AC : Le cinéma est justement très présent dans votre théâtre, comment la relation cinéma-théâtre s’articule-t-elle ?
JLL : Je suis venu au théâtre par le biais du cinéma. Il y a beaucoup de théâtralité dans le cinéma que j’aime : Bergman, Fellini, Lynch, les frères Coen… Depuis Affreux, bêtes et pédants, la vidéo a une place très importante dans mes spectacles. Elle ouvre des perspectives qui s’étendent au-delà des limites du plateau, et même de la salle : elle permet d’autres points de vue, des jeux de miroir, de distorsion, de grossissement… La vidéo est pour moi comme la lumière, le son et même l’interprétation : un outil de contestation du spectacle en train de se faire.



Revue de presse

La grande réussite de la mise en scène est de parvenir à dédramatiser une oeuvre intimidante, sans rénier sa dimension mythologique. Une adaptation inspirée et audacieuse. Etienne Sorin – Le Figaro

Avec une troupe soudée et inventive, un sens aigu de la débrouille, de la dérision et de l’épique, le jeune metteur en scène a su relever le gant. Le coeur et l’esprit de l’oeuvre sont là. Philippe Chevilley – Les Echos

Les histoires et le ambiances se succèdent à un rythme fou. La troupe passe son temps à construire les vérités du roman et à les retourner, fidèle au héros de Cervantès, entre la fronde et le rêve. Lionel Jullien, Arte Info

Un spectacle hors norme, qui fait jouer aussi le public. Un moment inoubliable. Aurélia Bloch, France 2 – Télématin

En jouant à fond sur le divertissement mais aussi sur le théâtre en construction, le metteur en sènce réussit là où Orson Welles et Terri Gilliam ont échoué dans l’adptation de ce roman épique. Et c’est un exploit. Stéphane Capron, France Inter

Celui qui a déjà monté Ionesco, Jarry et Shakespeare sait casser la théâtralité tout en la célébrant, jouer en déjouant. Sa rage à faire entendre la parole radicale de Cervantès, sa défense des marginaux et notre réel besoin de chevalerie aujourd’hui est réjouissante. Fabienne Pascaud, Télérama

Un spectacle généreux, entre tradition et modernité. Jérémie Le Louët hisse la direction d’acteur à un très haut niveau. Stéphane Capron, Sceneweb.fr

Drôlement culotté et sacrement intelligent ! Don Quichotte par Jérémie Le Louët, c’est une formidable machine théâtrale. Denis Sanglard, Unfauteuilpourlorchestre.com

Théâtre ou cinéma ? Fiction ou réalité ? Jérémie Le Louët, le jeune auteur, acteur, metteur en scène, s’amuse à flouter les frontières, incarnant à merveille le personnage de Don Quichotte. Joël Audran, Le Dauphiné Libéré

La mise en scène est paradoxale. A la fois classique, moderne, audacieuse, désordonnée, tour à tour burlesque et grave, comme si le héros, dans sa déconfiture, proposait autre chose de plus grand, de plus généreux que la réussite et les honneurs, un réel plus réel, un vrai plus vrai. Claude Kraif, Revue-Spectacles.com



Vidéo

Edito

Par Colette Nucci – Directrice du Théâtre 13
 

Il y a quatre cents ans le personnage de Don Quichotte surgissait sous la plume de Cervantès , et devenait au fil des siècles l’exemple même du désintéressement, de la générosité, du courage, de la grandeur d’âme…Ce qui est extraordinaire c’est que nous sommes nombreux à n’avoir jamais lu ce livre  dans son intégralité, et que pourtant nous connaissons tous, ou presque,  le nom de son écuyer, Sancho Panza, ou de sa Dulcinée, ou le chapitre de Quichotte se battant contre des moulins à vent qu’il prend pour des Géants…Pourquoi ce personnage fantasque et ridicule, dont la passion pour les romans de chevalerie finit par le rendre fou, ce vieil homme famélique et maladroit qui perd tous ses combats, cet exemple même de l’anti-héros, continue-t-il à occuper dans notre imaginaire une place aussi importante et est même devenu au fil des siècles le personnage le plus emblématique de la littérature universelle ?? A l’heure où le cynisme, l’hypocrisie, le mensonge éhonté, l’indignité… se banalisent d’une façon insidieuse et alarmante sans qu’on semble s’en émouvoir plus d’une journée, une information chassant l’autre dans nos sociétés surmédiatisées, à l’heure où on cherche désespérément dans la classe politique l’homme (ou la femme !) qui arrivera à nous convaincre que c’est pour le bien commun qu’il est là et non pour ses intérêts personnels et la conservation de ses privilèges, à l’heure où trop de gens et surtout des enfants souffrent de malnutrition, voire de la faim, dans notre riche pays de France, et ça aucun gouvernement ne devrait le tolérer !!! Comment ne pas s’attendrir sur ce personnage qui met tout son honneur à combattre le mal quel qu’il soit où qu’il soit et sa bravoure au service des plus faibles ?  Et puis si on l’aime tant  cet hidalgo à la triste figure n’est-ce pas parce qu’il est incorruptible et que voilà bien une vertu qui n’a fait que se raréfier et qu’on aimerait bien voir resurgir pour nous redonner le moral et nous aider à retrouver la confiance et le sourire !

Jérémie Le Louët sera un Don Quichotte magnifique, j’en suis sûre, je le sais, et pourtant à l’heure où j’écris ces lignes je n’ai pas encore vu son spectacle, mais je me souviens de ma première rencontre avec lui il y a douze ou treize ans déjà, je me souviens de ses yeux qui brillaient si fort pendant qu’il me parlait de son amour pour le théâtre, de cette fièvre qui l’animait, de son refus des compromissions…J’ai cru en lui et je l’ai aimé tout de suite ! Aujourd’hui je suis très émue de voir le magnifique parcours qu’il a accompli  avec sa compagnie depuis « Macbett » en 2005 ! Don Quichotte sera sa troisième  collaboration avec le Théâtre13, et c’est une collaboration qui nous honore et donne tout son sens à la mission que nous nous sommes fixée avec toute mon équipe : celle de chercher inlassablement ceux qui feront le théâtre de demain, de leur tendre la main, et de les regarder ensuite avec émerveillement prendre leur envol et réenchanter le monde !

Colette Nucci    



 

Rencontre

Rencontre
avec Jérémie Le Louët et toute l’équipe artistique du spectacle le dimanche 2 octobre 2016 à l’issue de la représentation (entrée libre).

Garde d’enfants

Garde d’enfants
dimanche 25 septembre 2016 pendant la représentation de 16h
(6€ par enfant de 4 à 9 ans).

Spectacle de conte / atelier / goûter avec Carole Visconti
(réservation indispensable).

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