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Amédée

Texte et mise en scène Côme de Bellescize
Du 3 septembre au 13 octobre 2013
T13 / Bibliothèque
1h35

Amédée aborde d’une façon sensible, la question épineuse de la fin de vie. Un spectacle mêlant grande finesse et forte intensité émotionnelle, débordant de cocasserie et de poésie, et qui évite magnifiquement tout pathos.

Reprise
26 et 27 novembre 2013 – TOP Boulogne Billancourt (92)
en savoir plus

Amédée a vingt ans, il est fou de jeux vidéo, de voitures, de courses et de sa petite amie. Il a un bon copain, un grand cœur et veut s’engager chez les pompiers… Mais sur la route, Amédée croise un camion qu’il ne peut éviter. Son destin bascule. Le jeune homme ne pourra plus marcher, ni bouger, ni parler…

Après des mois de combats, Amédée reste lui-même, ni héros, ni martyr : un adolescent emprisonné par son corps. Combien de temps lui et ses proches pourront-ils le supporter ? Faut-il aider Amédée à se débarrasser de lui-même ?

Une dramaturgie éclatée et dynamique qui nous fait traverser les méandres de notre rapport à la souffrance et à la grande vulnérabilité. Les rires et les larmes se mêlent dans un récit où le plaisir du jeu transcende le réel pour en faire une fiction.

Les sujets sont pris à bras le corps. La magie du théâtre opère et nous permet de basculer d’un lieu à l’autre, jusque dans les pensées d’Amédée, confronté à son double.


Site de la compagnie

Générique

Avec
Éric Challier, le capitaine des pompiers, l’administrateur de l’hôpital
Maury Deschamps, la mère
Florent Guyot, Clov
Éléonore Joncquez, Julie, la journaliste
Vincent Joncquez, Thomas, le docteur
Benjamin Wangermée, Amédée

Scénographie Sigolène de Chassy, lumière Thomas Costerg, son Lucas Lelièvre, musique originale Yannick Paget, costumes Colombe Lauriot-Prévost, vidéos Ishrann Silgidjian, assistant à la mise en scène Tanguy Dorléans , régie plateau Stefan Goldbaum Tarabini, régie générale Arnaud Prauly

Production Théâtre du Fracas. Spectacle créé au Théâtre de la Tempête avec le soutien de la Drac Île-de-France – Ministère de la Cuture et de la Communication, la participation artistique du Jeune Théâtre national, le soutien de l’Adami, l’aide d’Arcadi – dans le cadre des plateaux solidaires et du Théâtre 13. Coréalisation Théâtre 13.
La compagnie Théâtre du Fracas est subventionnée par le Conseil Général des Hauts-de-Seine.

 



Notes d’intention

Amédée s’inspire librement d’un fait divers qui avait provoqué un grand émoi dans l’opinion et suscité une vive polémique : en 2003, un jeune garçon tétraplégique avait été euthanasié par sa mère.
Le débat législatif voit s’affronter deux positions : l’une soutient qu’il y a pour l’individu gain d’autonomie et de liberté, de responsabilité ; l’autre, que l’euthanasie porte atteinte au principe d’universalité de la dignité humaine. Doit-on reconnaître l’humain jusque dans les limites de son être et de sa vie ou y a-t-il un seuil, des seuils – ceux du tolérable – que la même dignité impose de ne pas franchir? Quels sont les risques alors encourus et de quel ordre est la question ; quels en sont les aspects affectifs et philosophiques bien sûr, mais aussi économiques, sociaux, donc politiques ?
La polémique et le manichéisme nous privent d’une réflexion posée, construite et approfondie, à défaut de pouvoir être apaisée. La pièce Amédée ne prétend pas trancher le débat mais – à partir d’une situation concrète bien que fictive – nourrir l’interrogation et la mettre en perspective. En quoi la question du mourir – et plus encore la demande de mourir – se distingue-t-elle de toute autre? À quoi nous renvoie-t- elle ? Quel afflux d’images, sensations, souvenirs, émotions, pensées, suscite-t-elle ? La fiction théâtrale peut créer l’espace de bonne distance : si l’empathie rend bouleversants les enjeux de la situation, le cadre de la représentation en tempère l’âpreté, réveillant en nous le sujet sensible-lucide seul apte à faire face à l’insoutenable.

Le thème de la pièce ne doit toutefois en déterminer ni la tonalité ni la structure. «Je me méfie de ceux qui se trouvent beaux quand ils pleurent », déclare la mère : autant dire qu’aucune couleur émotionnelle ne saurait à elle seule rendre compte des turbulences que traversent les personnages. Amédée, tout comme son entourage, passe abruptement du rire aux larmes, de la sérénité à l’inquiétude, de la révolte à l’indifférence ou à l’ennui, voire au dégoût en un surprenant chamboule-tout qui n’exclut pas l’humour: vertige et labyrinthe des affects. Ainsi de ce moment funambule où le bonheur d’apprendre qu’Amédée est sorti du coma s’accompagne de l’effroi de le savoir entièrement paralysé. Le régime du jeu s’en trouve modifié : les acteurs dans un état de grande perméabilité aux paroles et aux faits aussi bien qu’à leurs propres émois, sont comme provoqués, révélés, engendrés par la situation et sa suite d’instants imprévisibles. L’authenticité recherchée des comportements ne mène pas à un jeu minimal ou réaliste: le grotesque, la poésie, l’invraisemblable ont au contraire ici leur place, ici, sur cette autre scène où ne se délimitent plus bien le dehors et le dedans, le réel et l’imaginaire.
Au centre de la pièce, la question du regard. Représentons-nous une caméra dans les yeux d’Amédée ou dans son esprit, dans les couloirs de l’hôpital, sur les lieux de l’accident… Le personnage central est tantôt un miroir déformant, grossissant où se reflète l’incertitude de chacun, tantôt un miroir brisé qui ne renvoie plus qu’une image diffractée du monde, ou à l’inverse un miroir sans tain que, perçant l’enveloppe de la peau, la vision franchit.
Le récit avance ainsi, par succession de prismes en irisation, mosaïque de points de vue dont l’enchaînement offre l’image d’un monde en miettes certes, mais qui se recompose à mesure sur un autre plan.
Et si «la mise en scène est un regard; le montage un battement de cœur (Godard) », il revient à la représentation de maintenir le spectateur dans la dynamique de ce mou- vement de dé-création/création, figement ou accélération, comme les sentiments vont leur rythme, de la prostration à la jubilation : pulsation de la vie même.

Tout au long de la pièce, Amédée est confronté à Clov, un personnage imaginaire tour à tour boxeur, flic, petit comptable, prostituée, journaliste ou ange : il incarne différentes facettes de son esprit, différents temps de sa vie, différentes étapes de son parcours intérieur. Amédée alors se dédouble, se rêve en situation et, grâce à l’artifice de la scène, peut se jouer, côte à côte avec sa forme alitée et muette.

Côme de Belleszice



Extraits de presse

« Tous les interprètes sont sur le fil de leurs partitions. Ils sont profonds et déliés, engagés de toutes leurs fibres.

Et eux, en première ligne, ils nous permettent de demeurer au théâtre. C’est du jeu, pas autre chose d’abord que du théâtre. Et la mise en scène, comme la construction, le découpage, l’utilisation de l’espace, tout est très convaincant.

C’est très fort. Un propos audacieux à saluer. Evidemment, cela passionnera les personnes engagées dans la réflexion sur ces questions très graves. Mais cela comble aussi le goût du théâtre. »

Lire article complet

Armelle Héliot / Le Figaro

 

Côme de Bellescize, en dramaturge, a su dépasser le cadre du simple faits divers, aussi terrible soit-il, pour proposer une œuvre d’art pleine et entière, parfaitement maîtrisée. Il a su éviter le pathos sans tomber dans le mauvais goût. Côme de Bellescize s’est attaqué à un sujet qui pouvait faire craindre le dérapage fatal, et il a réussi un sans faute.

Jack Dion / Marianne

 

Côme de Bellescize, le jeune auteur des Errants, première pièce et joli succès, aborde la délicate problématique de l’euthanasie dans ce texte d’une grande finesse, vrillé de moments de cocasserie ou de poésie et mis en scène par ses soins, sans pathos et avec une bande de comédiens totalement engagés. Un spectacle fort, surprenant, très personnel et d’une authenticité sans défaut. 

Laurence Liban – L’Express

 

Le récit glisse sans à-coups à travers ces différents espaces et balaye les multiples facettes de la situation avec tact et finesse. La dignité est le maître-mot du propos. Elle pousse à la victoire ultime de la vie sur la mort dont elle vainc la morbidité. Un superbe instant de théâtre.

Jean-Luc Bertet – Le journal du dimanche

 

C’est l’un des moments de théâtre les plus importants de ces derniers mois. Il révèle un jeune auteur et metteur en scène avec qui il faudra compter. Il pose à chacun des questions essentielles.

Armelle Héliot / Le quotidien du médecin

 

En dehors de la thématique même, risquée et audacieuse à la fois, le spectacle est un vrai petit bijou : tout d’abord, ce texte, même d’un quotidien parfois grossier, sans jamais être vulgaire, est très bien écrit. Avec beaucoup d’humour, nous traversons la tragédie, le sourire aux lèvres. Ensuite, la mise en scène et la scénographie sont juste parfaites. . Et pour servir une telle pièce, il fallait des comédiens de talent. Qu’ils se rassurent, ils sont tous magnifiques et bouleversants. C’est d’ailleurs rare de voir une telle homogénéité. Frais, drôles, captivants, ils offrent un moment inoubliable. Longue vie à ce spectacle !

Rachelle Dhéry / un fauteuil pour L’orchestre

Extrait vidéo

Côme de Bellescize

Après des études universitaires, suit une formation à l’École Claude Mathieu (2001), et met en scène un de ses textes En construction ainsi que Roberto Zucco de B.-M. Koltès. Il crée en 2004 le Théâtre du Fracas, avec V. Joncquez, et écrit le livret d’opéra Merlin ou la nuit des métamorphoses. • Entre 2004 et 2007, il écrit et met en scène Les Errants pour le Théâtre du Fracas (Prix Paris Jeunes Talents 2005) • 2008 Les Enfants du soleil de Gorki • 2011 Ah ! Anabelle… de C. Anne • Été 2012 Jeanne au bûcher de Honegger, sur un livret de P. Claudel, au festival Saito Kinen à Matsumoto, direction musicale Seiji Ozawa.

À venir : janvier 2015 Eugénie de Côme de Bellescize au Théâtre de la Tempête. Mars 2015 reprise à Paris de Jeanne au bûcher de Honegger, puis à New York en juin 2015. Août 2015 Béatrice et Bénédict de Berlioz, au festival Saito Kinen à Matsumoto, direction musicale Seiji Ozawa.

Café Philo

Café philo autour du thème Le Corps, jeudi 26 septembre 2013 à 19h30 (Théâtre 13 / Seine)

Entrée libre sur réservation au 01 45 88 62 22 – une consommation au bar vous sera demandée.

Théa, agence de philosophie créée en 2012 par Flora Bernard, Marion Genaivre et Audrey Picard, propose au Théâtre 13 d’animer des ateliers philosophiques ouverts à tous et gratuits, dans l’espace restauration du Théâtre 13 / Seine. L’une des motivations fortes de Théa est de faire sortir la philosophie de l’université pour la faire entrer dans la vie de tous les jours, là où elle peut apporter un éclairage sur le vécu de chacun. Les ateliers philosophiques sont une occasion de prendre le temps de penser, de questionner, d’expérimenter l’écoute active.

Objectifs d’un atelier philosophique Théa.

L’atelier Théa a deux objectifs principaux :
– Proposer aux participants des éléments philosophiques de fond sur des sujets proposés
– Proposer aux participants de faire l’expérience de la pratique philosophique, notamment autour du questionnement, de l’écoute et de l’argumentation.

De manière plus spécifique, il s’agit de faire l’expérience :
– du questionnement en prenant le temps de poser la « bonne » question ;
– de l’écoute active, grâce à un véritable dialogue avec les autres participants ; le philosophe de Théa veillera à ce que les échanges ne tournent pas au café du commerce, débat d’opinions au cours duquel chacun donne son avis sans se soucier de celui des autres.
– du développement d’un argument
– de la remise en question personnelle suite à une réflexion philosophique

Durée : 1h30















Compte rendu

Le corps, « chose insensée » disait Platon, est néanmoins constitutif de notre existence. C’est avec lui que l’on naît, vit et meurt. Pourtant, s’interroger sur le corps en tant que tel montre vite que nous avons en fait l’habitude de le penser en référence à autre chose, en l’occurrence à l’âme, la conscience ou l’esprit. C’est comme si le corps ne se suffisait pas à lui-même, ou du moins comme s’il devait toujours être mis en rapport, et le plus souvent opposé, à son autre. On pense assez spontanément que tant qu’il peut se toucher et qu’il subit des effets de l’extérieur, le corps est la marque de notre matérialité. Cette matérialité est ce par quoi l’homme s’inscrit dans le monde. Elle s’avère donc essentielle dans la rencontre avec autrui. Interpellés par le fait que cette rencontre commence le plus souvent par ce qui est visible de chacun, le corps, les participants se sont demandés : « Peut-on se montrer un autre que son propre corps ? », autrement dit, peut-on apparaître aux autres autre/autrement que par ce corps qui est le nôtre ?

Ce fut d’abord l’évidence que le corps peut apparaître autrement parce qu’il est soumis aux changements – maladie, accident, vieillesse… – et peut être travesti –piercing, tatouages, perruques…. L’image qu’il renvoie n’est donc pas immuable. D’autre part, le regard qui est porté sur lui est culturellement et socialement situé. Les participants se sont donc accordés à dire : autant de personnes nous percevant, autant de corps perçus. Autrement dit, non seulement une même personne peut nous percevoir différemment au cours de la vie, mais, qui plus est, chaque personne nous perçoit différemment. Ce qui fait beaucoup d’autres corps possibles que notre propre corps !

Mais qu’est-ce que ce « propre corps » dont il s’agit ? Il semble que cette expression ait été inspirée par le philosophe Merleau-Ponty, qui parle, lui, de « corps propre ». Ce dernier concept désigne le fait qu’entre soi et son corps, il n’y a pas un rapport de possédant à possédé, de constructeur à construit, mais un rapport d’être qui fait que nous sommes notre corps. Ce rapport d’être a permis de penser que le corps manifeste toujours déjà un vécu intérieur. Tout le vocabulaire évoquant la puissance d’expression du corps – comme si l’intériorité qui l’anime irradiait – a été rappelé. Ne dit-on pas de quelqu’un qu’il a du « charisme », de « l’aura », ou qu’il a « l’air de »… ?

Les participants l’auront soulevé, la question du corps articule deux dimensions qui semblent différentes : un corps brut, donnée matérielle perceptible par autrui et un corps propre, ce corps que j’incarne. Dans les deux cas, je ne peux pas être en dehors de ce corps, c’est-à-dire autre que lui. Dans les deux cas je n’existe que par lui. Cette proposition ne tient du moins que si l’on refuse de dissocier le corps de l’esprit. Ce qui semblait admis puisque personne n’a émis l’objection que l’être relève de l’âme ou de l’esprit et non du corps. Toutefois la question initiale ne portait pas sur l’être – elle ne demandait pas « peut-on être autre que son propre corps ? », mais sur l’apparaître – « peut-on se montrer autre que son propre corps ? » La question introduisait donc d’emblée la figure de celui qui nous perçoit. L’un des arguments proposés supposait que l’on pouvait effectivement cacher ou faire oublier à autrui son propre corps – faire oublier un corps laid par un bel esprit par exemple. Mais voilà que le corps se trouve alors séparé de l’esprit et l’être de l’apparaître ! Une conclusion faite pour réconcilier a finalement été suggérée. Elle aurait d’ailleurs pu être de la bouche d’un phénoménologue : et si être c’était être perçu ?

Rencontre

Rencontre avec Côme de Bellescize et toute l’équipe artistique du spectacle le dimanche 29 septembre 2013 à l’issue de la représentation vers 17h20.

Garde d’enfants

Garde d’enfants
dimanche 6 octobre 2013 à 15h30 pendant la représentation de 15h30 (5€ par enfant).
Spectacle de conte / atelier / goûter avec Carole Visconti

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