Illusions perdues
T13 / Bibliothèque
ILLUSIONS PERDUES
Compagnie Troisième Génération
Création collective librement inspirée du roman éponyme d’Honoré De Balzac
Comme un chemin d’apprentissage ou une traversée initiatique, nous avons voulu en découdre avec nos propres illusions et faire remonter à la surface leurs nécessités. A la fois réflexion sur les conditions du métier d’acteur, éloge du jeu et du temps présent, c’est aussi l’expression onirique de ce que chacun fait dans ce monde pour éviter le naufrage.
A travers la forme d’un cabaret atypique qui brouille les frontières traditionnelles du tragique et du comique, de la fiction et du réel, de l’artistique et du commercial, nous proposons au spectateur d’éprouver l’illusion comme expérience. Théâtre dans le théâtre, fausses pistes, erreurs imperceptibles, catastrophe annoncée… S’il peut sembler bon de s’y perdre, c’est que les abîmes possèdent leur magnétisme.
La compagnie Troisième génération présentera cette saison au Théâtre 13
There is no alternative
du 16 au 20 décembre 2015
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Générique
La Compagnie Troisième Génération
Sergi Emiliano,
María Cadenas,
Agnès Delachair,
Arianna F. Grossocordón,
Guillaume Le Pape
Créée par six comédiens de pays différents, la compagnie Troisième Génération aborde le théâtre dans une perspective à la fois visuelle et dramatique.
Tout en revendiquant « un art de convention », notre démarche est de rechercher un langage qui soit universel et populaire. Nous cherchons avant tout, au travers d’une écriture qui nous est propre, à solliciter l’imaginaire des spectateurs en leur offrant à la fois une grande clarté des idées exprimées et une multiplicité de déchiffrages.
La compagnie compose précisément avec les désirs, questions et obsessions de ses acteurs, construisant un sentir collectif sous le regard extérieur de Sergi Emiliano i Griell, acteur et metteur‐en‐scène de la compagnie.
Le mime corporel, le théâtre gestuel, la danse théâtre, le mouvement et l’expression, le physical theatre… autant de façons de définir un théâtre où l’engagement du corps des acteurs est au coeur du travail. C’est dans ce courant que la compagnie prend forme. Ce collectif se crée en 2010 autour d’un spectacle de rue, Bésame mucho, composé de trois tableaux déjantés sur l’amour. Il donnera suite à Requiem à deux balles, une autre forme courte qui se joue encore actuellement.
Cette approche de la rue est une expérience forte qui nous permet de développer un lien très vivant avec le public et de découvrir leur potentiel en tant que troupe.
En 2011 ils envisagent un travail scénique plus ambitieux en cherchant à développer une dramaturgie propre. C’est avec L’heure où l’on ne savait rien l’un de l’autre, inspirée d’une pièce de Peter Handke, qu’ils réinventent une forme d’écriture sur le plateau où la place de l’acteur se substitue à celle de l’auteur dans la dramaturgie littéraire. Le style de la compagnie s’affine vers une exigence où le jeu est à la même hauteur que la précision du mouvement. Cette pièce reçoit le Prix Européen Move Award‐Label de Qualité.
Pour sa création suivante, There Is No Alternative, la compagnie obtient le Premier Prix du Plateau du Groupe Geste(s), subvention du Ministère de la Culture, et la coproduction de la Scène Nationale Théâtre de l’Odyssée (Périgueux) en 2013. L’enjeu pour ce spectacle est de se confronter à un sujet politique qui s’accorde au temps de crise actuel. L’écriture alors se dessine davantage et se complexifie. L’émotion résulte du traitement improbable par l’humour d’un sujet sombre.
L’engagement de la compagnie s’affirme dans la volonté de faire du Théâtre une force de résistance en étant plus délirants et décadents que le monde du pouvoir.
Avec Illusions Perdues, la compagnie veut creuser et poursuivre ce travail en s’attaquant à une forme chaotique et extravagante : le cabaret. Cette forme qui accueille le théâtre dans le théâtre promet la rencontre de la splendeur et de la décadence, la censure et la transgression, l’imposture et la vérité, autant de contradictions qui serviront à mettre en abîme et à faire avancer les réflexions des artistes de la compagnie.
Note d’intention
Un sujet atemporel
Ce roman atemporel ressemble à ce que nous vivons et ce projet fait coïncider, dans notre compagnie, beaucoup de désirs au niveau artistique et personnel. Il fait converger les questions d’une équipe artistique qui se confronte à son métier et permet une rec herche scénique autour des questions à la fois fondamentalement universelles et pourtant très générationnelles qui nous obsèdent : la lutte et le désenchantement.
Notre pièce précédente There Is No Alternative, l’histoire d’un jeune couple précaire qui se débat entre l’inertie et la volonté de dépassement, explorait déjà ces thématiques et nous avait permis de donner une forme aux inquiétudes communes des jeunes européens face à l’avenir. Nous avons le sentiment que la jeunesse regarde aujourd’hui les élites politiques avec méfiance, scepticisme et avec la certitude qu’elles sont inhabilitées à renverser les choses. Paradoxalement, cette jeunesse semble ressentir aussi une incapacité à trouver et à utiliser les ressorts nécessaires pour vaincre sa propre inertie et proposer des alternatives.
Pour cette nouvelle création, nous nous intéresserons donc moins à la narration exacte du roman de Balzac, qu’aux mécanismes de manipulation et au point de vue de l’auteur sur son époque. Parce que nous percevons des similitudes entre une époque et l’autre, notre enjeu sera de les explorer et de leur donner une forme claire et transposable à notre époque. Si dans There Is No Alternative nous abordions le passage de la lutte vers l’inertie, dans Illusions perdues notre point de vue se déplacera pour se focaliser sur l’illusion comme vecteur et garantie de cette inertie.
Sous la forme d’un cabaret nous souhaitons ainsi opérer conjointement une mise‐à‐nu et une mise‐en‐scène de ces désillusions, en invitant le public à partager avec nous nos échecs, notre fragilité et nos victoires.
Une forme atypique
Le cabaret est une forme théâtrale qui émerveille et hypnotise, en même temps qu’elle prend le public à témoin et provoque.
C’est le lieu des perceptions fausses et des apparences trompeuses par excellence. Elle nous permet de jouer librement avec les conventions théâtrales et nous donne la possibilité d’explorer l’idée du « théâtre dans le théâtre».
En brisant ou en réformant le quatrième mur, nous pouvons élaborer un jeu avec le public, et à travers des
énonciations différentes, mettre en abîme la notion même de représentation. Nous y voyons l’opportunité de montrer au public les mécanismes de la tromperie en creusant l’écart par lequel la réalité se transforme en illusion.
Le traitement de l’espace participe aussi à inclure et à questionner la relation du public à la fiction. En le plaçant autour ou au coeur de l’espace scénique, nous chercherons à mettre en relief son rapport à l’illusion.
De la même manière, le contraste dynamique et d’énergie du cabaret nous permet d’aller dans ce sens. L’énergie folle, dispersée, qui cherche à donner une vision illusoire aux spectateurs contrastera avec l’intimité et le dépouillement de l’envers du décor.
Aux confluents du mime moderne et du théâtre gestuel, cette création s’inscrira dans la démarche de la compagnie d’un théâtre où l’engagement du corps des acteurs est au coeur d’un travail à la fois visuel et dramatique, sans interdire la parole, et sans qu’elle ne soit au centre de l’expérience théâtrale.
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