Les (dés)héritiers
T13 / Glacière
Quand la tendresse, la folie et la dérision de l’âme slave s’emparent d’un sujet aussi cocasse que peut l’être, parfois, l’attente de la révélation d’un testament, on assiste alors à des situations délirantes, des positions d’une mauvaise foi truculente, le tout dans un tourbillon de faux sentiments à peine voilés.
La famille du défunt Mata Todorovic se recueille dans sa maison. Tous ses bienveillants cousins portant un deuil ostentatoire et un air abattu sont surtout impatients de connaître le contenu du testament que le très riche Mata a laissé, espérant chacun obtenir sa part du butin.
Mais sitôt le verdict prononcé, la situation dérape et chacun se révèle.
Sous la baguette d’un ancien sous préfet, auto déclaré chef de famille, tentant de mener les débats à son avantage, les soi-disant parents, tous plus attachants et sournois les uns que les autres, vont se débattre à coup de facéties, de mensonges, de simulacres et de tromperies pour tenter d’arriver à leur fin.
Scène après scène les masques tombent, les liens de parenté sont contestés, les vérités défilent… et les situations comiques éclatent !
Générique
Avec
Annick Cisaruk Simka, La femme d’Agaton
Jean Hache Agaton Arsic
Pascal Ivancic Mica Stanimirovic
Philippe Ivancic Proka Puric
Antonia Malinova Sarka
Caroline Pascal Danica
Sacha Petronijevic L’Avocat
Charlotte Rondelez ou Rosalie Symon (en alternance) Gina Puric
Jean Tom Trifun Spasic
Traduction Sacha Petronijevic, Musique Les Yeux Noirs, Décors et costumes Danièle Rozier, Accessoires Martine Guinard, Lumières Antonio De Carvalho, Maquillages et coiffures Solange Beauvineau.
Production Les compagnies les Tréteaux de la Pleine Lune et Depuis-Depuis, avec le soutien de l’Espace Carpeaux de Courbevoie et de la Spédidam. Spectacle créé en collaboration avec le Théâtre 13.
Note d’intention
Les (Dés)héritiers est un projet rare à plus d’un titre. Il va, d’une part, révéler au public français un immense auteur serbe et sa plume pleine de satire et d’acuité. Il va, d’autre part, concrétiser le rêve d’une poignée d’artistes français dont les racines slaves ont mené à l’envie de faire découvrir un théâtre incontournable des pays de l’Est. Autour des comédiens Sacha Petronijevic, Philippe et Pascal Ivancic, avec qui l’idée de partager cette aventure m’est venue, j’ai réuni une équipe de comédiens d’origines diverses : slovène, serbe, croate, bulgare, polonaise, ukrainienne et bien sûr française.
Des artistes aux personnalités trempées, rassemblés pour donner sensibilité et démesure à cette comédie noire où le rire franc le dispute au cynisme le plus débridé.
Car qui n’a jamais été confronté à des histoires d’héritage qui révèlent les véritables visages d’êtres que l’on croyait connaître ? Nusic convoque joyeusement l’avidité et l’appât du gain qui font perdre toute mesure à l’être humain, faisant de sa pièce une satire sociale qui n’est pas sans rappeler le cinéma italien d’Ettore Scola ou de Dino Risi…
Ici, la parabole est puissante, puisque, non contents de ne pas être sur le testament, nos « déshéritiers » vont partir en guerre pour récupérer ne serait-ce qu’une part de bien.
Dans notre spectacle, la maison du défunt, si calme et recueillie le jour de l’enterrement, deviendra un squat, puis une vraie forteresse dans laquelle les personnages dresseront de véritables barricades où chacun se livrera des guerres de possession pour s’accaparer des biens sur lesquels ils n’ont nul droit. Manigances et abus, tous les coups sont permis : on s’engueule, on bataille à coups de mauvaise foi, on manipule, on embobine, on vole, on contourne les lois…
Car la grande force de cette pièce chorale et jubilatoire, c’est son immuable actualité. L’auteur ne s’y était pas trompé, qui, à la frontière des 19ème et 20ème siècles, indiquait dans ses didascalies :
« Advient partout et de tout temps »…
Ned Grujic
Branislav Nusic
Branislav Nusic
8 octobre 1864 – 19 janvier 1938
le « Feydeau serbe »
Romancier, dramaturge, satiriste et essayiste serbe, il fut le fondateur de la rhétorique moderne en Serbie. Egalement journaliste et fonctionnaire, il est considéré autant comme « père du théâtre moderne en Serbie » que « maître du théâtre serbe ». Dans son pays, il est certainement l’auteur le plus joué. Rares sont les théâtres serbes qui n’inscrivent pas à leur répertoire au moins une fois par an une de ses comédies.
Influencé par Gogol mais aussi par Labiche et Feydeau, il se moque de la petite bourgeoisie, des parvenus de tout genre et de l’avidité bestiale des hommes face à l’objet de leur désir.
Des pièces comme « Madame le ministre » (l’épouse d’un nouveau ministre, une femme issue d’un milieu modeste, commence à prendre le pouvoir à sa place), « Le défunt » (après avoir été déclaré mort et avoir vécu incognito trois ans à l’étranger, un homme décide de revenir dans sa maison où il découvre la belle vie que mènent, grâce à lui, sa femme et ses anciens amis), « Le député » et autres n’ont, aujourd’hui, rien perdu de leur acuité.
Nusic disait que son humour, « en faisant naître le rire sur les lèvres, atténue la cruauté de la vie ».
Il est joué en Suède, en Bulgarie, en Angleterre, aux Etats-Unis, a été traduit en russe, en anglais, en grec…hélas jamais en français !
Voici donc l’occasion d’ouvrir les portes du théâtre français au plus grand dramaturge serbe.
Extrait vidéo
Extraits de presse
Il y a dans cette comédie caustique et grinçante de belles qualités et l’on y retrouve la patte joyeusement désespérée d’un pays qui a donné le cinéma que l’on connaît. Les comédiens sont tous très bons. Figaroscope
Au fil de dialogues ciselés et bien sentis, l’auteur déroule une galerie de portraits hauts en couleurs, peu glorieux mais on ne peut plus justes. Manipulateurs, escrocs, faux naïfs, menteurs, forts ou faibles… Tous sont merveilleusement croqués et nous parlent forcément. Fousdetheatre.com
Le plaisir des acteurs est évident et la mise en scène, tonique et endiablée, sur le rythme klezmer des Yeux Noirs, ne laisse pas en repos le spectateur, qui rend les armes du rire devant un cynisme aussi immoral que jubilatoire. Spectacles sélection
Une comédie serbe truculente au ton résolument grinçant. Un divertissement savoureux. Théâtres.com
La mise en scène est épatante, rythmée, pleine d’esprit, servie par des comédiens délurés. D. Dumas Théâtres
C’est d’un cynisme parfaitement réjouissant montrant sans concession l’humanité dans ce qu’elle a de moins joli mais avec un humour décapant qui permet un rire libérateur. Reg’arts.org
La musique : Les Yeux noirs
Le groupe Les Yeux Noirs a été créé par Eric et Olivier Slabiak. Avec un premier prix du Conservatoire Royal de Bruxelles en poche, les deux frères courent les différents cabarets et restaurants où se jouent les musiques d’Europe de l’Est. Ils y apprennent leur métier et le vaste répertoire tzigane et yiddish dont ils se sont pris de passion, passion communiquée par leurs oncles, eux-mêmes musiciens. Léo le violoniste a longtemps joué avec Joseph Reinhardt et Charlie, à la contrebasse, a accompagné Django.
Dès la sortie de leur premier album en septembre 1992, Les Yeux Noirs se produisent pour de longues séries de concerts à Paris au Sentier des Halles, puis au Théâtre Trévise et à l’Européen. Leur formation instrumentale est alors acoustique : deux violons, un violoncelle, un accordéon, une guitare et une contrebasse.
Après l’Européen viendront le Trianon, l’Olympia, la Cigale, le Cirque d’Hiver, l’Elysée Montmartre, le Théâtre des Champs Elysées, le Palais de Congrès (en première partie de Claude Nougaro), le Théâtre du Châtelet, la salle Gaveau, l’Alhambra…
En dehors des scènes parisiennes, Les Yeux Noirs tournent aussi en France et dans le monde. Depuis 1993, les Yeux Noirs se sont produits sur les scènes du monde entier, dans les cinq continents : Allemagne, Angleterre, Argentine, Australie, Belgique, Bornéo, Cambodge, Canada, Canaries, Corée, Djibouti, Ecosse, Erythrée, Espagne, Etats-Unis, Ethiopie, France, Grèce, Hawaï, Hongrie, Ile Maurice, Ile de la Réunion, Indonésie, Italie, Japon, Kenya, Madagascar, Martinique, Norvège, Nouvelle Zélande, Pays-Bas, Polynésie, Roumanie, Singapour, Suisse, Thaïlande, Turquie…
En 2001, le groupe entame une prestigieuse carrière aux Etats Unis, avec plus de 300 concerts en 9 ans.
En 19 ans, Les Yeux Noirs ont donné près de 1300 concerts, et ont notamment été invités à se produire sur des scènes prestigieuses tels que : Symphony Space – New York, Symphony Hall – Chicago, Hollywood Bowl et Royce Hall – Los Angeles,Kennedy Center – Washington, Spectrum de Montreal, Théâtre Royal de Bangkok, l’Opéra de Sydney, Teatro Franco Parenti de Milan, Olympia – Paris, WOMAD (Singapour, Australie, Espagne, New Zeland), Millenium – Budapest, Festival International – Buenos Aires, Festival d’été de Quebec, Festival Interceltiques de Lorient, Francofolies de la Rochelle…
Rencontre avec Ned Grujic
Propos recueillis par Flavien Boiret pour le Théâtre 13
Bien qu’il soit traduit et joué dans de nombreux pays, le théâtre de Branislav Nusic est inconnu en France. Serbe d’origine, il était presque évident que vous proposeriez un jour un projet ici à Paris. Pourquoi avoir choisi cette pièce en particulier ?
J’ai toujours été fasciné par les textes classiques de quelque pays que ce soit, car ils représentent une identité, un bagage culturel et une véritable référence pour les contemporains que nous sommes. Après avoir mis en scène Beaumarchais, Rostand, Dickens, Golding et Shakespeare, j’avais donc envie, pour ma première pièce serbe, de faire découvrir l’un des plus grands auteurs dits « classiques » du répertoire slave, considéré comme le Molière serbe. Le choix de cette pièce s’est particulièrement imposé par son sujet universel, un thème qui nous concerne tous à un moment donné de notre existence, que nous soyons témoin ou victime de ce genre de situation.
Le thème des (Dés)Héritiers parce que satirique, a souvent été utilisé au théâtre comme à l’opéra, mais également au cinéma. Votre spectacle en a-t-il subi les influences et si oui, quelles références vont venir l’irriguer?
Les (Dés)Héritiers est peut-être la pièce la plus « latine » de son auteur. Même si le tempérament balkanique y règne sans ambigüité et qu’on peut y retrouver l’excès d’un Emir Kusturica (un réalisateur de référence pour moi), je ne peux m’empêcher de penser à l’esprit italien, que l’on retrouve à la fois dans le théâtre de Goldoni, dans l’opéra « Gianni Schicchi » de Puccini et dans le cinéma italien, celui d’Ettore Scola et de Dino Risi en particulier. Le souvenir de films comme « Les Monstres » ou « Affreux, sales et méchants » m’a accompagné au cours des répétitions pour faire ressortir la comédie de mœurs, à la fois sociale et satirique, que propose la pièce.
Vos liens avec les Balkans ont déjà été portés au plateau comme dans votre récente adaptation de Roméo et Juliette de Shakespeare. Outre l’accompagnement musical qui permettra de retrouver « Les yeux noirs », comment allez vous traiter l’esprit « balkanique » du point de visuel dans les (Des)Héritiers ?
Je n’ai pas cherché à rendre un esprit particulièrement balkanique dans l’univers visuel que nous avons choisi de traiter avec ma scénographe Danièle Rozier. Il s’agissait de procéder par touches évocatrices : un élément dans certains costumes, des références subtiles dans les accessoires, mais rien de très ostentatoire pour éviter un aspect folklorique qui minimiserait l’universalité de la pièce et risquerait d’éloigner le spectateur d’un rapport direct aux personnages. C’est en effet la musique des « Yeux Noirs » qui sera le garant « balkanique » du spectacle car dans les pays de l’Est, la musique fait partie de l’air qu’on respire…
L’équipe que vous avez choisi de réunir autour de vous est presqu’exclusivement constituée de comédiens originaires des Balkans ? Etait-ce pour vous une condition indispensable pour donner vie à ce projet ?
C’était le fondement même du projet : une aventure née de rencontres entre des artistes franco-slaves ayant envie de retrouver leurs origines sur scène à travers une pièce qui fasse appel à leurs racines. Il est vrai que les tempéraments slaves sont des serviteurs tout indiqués lorsque l’on monte ce type de textes. Mais nous avons la chance d’avoir été également suivis par des comédiens français qui apportent un contrepoint indispensable à la richesse de la représentation. Chacun se nourrit de l’autre, et c’est bien ce mélange franco-slave qui donne sa singularité et son originalité à ce spectacle de troupe.
Fidèle à vos habitudes, vous êtes l’un des rares metteurs en scène de votre génération à alterner spectacles à gros budgets et projets plus modestes, théâtre privé et public, spectacles musicaux et théâtraux. Comment parvenez-vous à cet équilibre, là où tant d’autres échouent ?
Je pense que j’ai toujours été sincère dans mes choix, curieux et passionné par les rencontres artistiques que ce métier pouvait m’offrir. J’ai eu une importante formation théâtrale et, très jeune, une solide éducation musicale. J’ai pu ainsi aborder de nombreux registres sur scène, du théâtre à l’opéra en passant par la comédie musicale. Je suis avant tout un « raconteur d’histoires », et la diversité des moyens artistiques est si riche que je me plais à explorer toutes les formes qui m’interpellent. J’ai la chance que des producteurs importants s’adressent à moi pour des projets d’envergure, que de formidables directeurs et directrices de théâtre comme Colette Nucci me soutiennent dans mes projets plus personnels, et que l’ensemble de la profession accepte cette diversité qui, je crois, fait ma spécificité. Je me définis comme un metteur en scène à « l’anglo-saxonne », sans étiquette et sans frontières…
Garde d’enfants
Garde d’enfants
dimanche 24 novembre 2013 pendant la représentation de 15h30 (5€ par enfant).
Spectacle de conte / atelier / goûter avec Carole Visconti
Café Philo
Café philo autour du thème La Possession, jeudi 12 décembre 2013 à 19h30 (Théâtre 13 / Seine)
Entrée libre sur réservation au 01 45 88 62 22 – une consommation au bar vous sera demandée.
Théa, agence de philosophie créée en 2012 par Flora Bernard, Marion Genaivre et Audrey Picard, propose au Théâtre 13 d’animer des ateliers philosophiques ouverts à tous et gratuits, dans l’espace restauration du Théâtre 13 / Seine. L’une des motivations fortes de Théa est de faire sortir la philosophie de l’université pour la faire entrer dans la vie de tous les jours, là où elle peut apporter un éclairage sur le vécu de chacun. Les ateliers philosophiques sont une occasion de prendre le temps de penser, de questionner, d’expérimenter l’écoute active.
Objectifs d’un atelier philosophique Théa.
L’atelier Théa a deux objectifs principaux :
– Proposer aux participants des éléments philosophiques de fond sur des sujets proposés
– Proposer aux participants de faire l’expérience de la pratique philosophique, notamment autour du questionnement, de l’écoute et de l’argumentation.
De manière plus spécifique, il s’agit de faire l’expérience :
– du questionnement en prenant le temps de poser la « bonne » question ;
– de l’écoute active, grâce à un véritable dialogue avec les autres participants ; le philosophe de Théa veillera à ce que les échanges ne tournent pas au café du commerce, débat d’opinions au cours duquel chacun donne son avis sans se soucier de celui des autres.
– du développement d’un argument
– de la remise en question personnelle suite à une réflexion philosophique
Durée : 1h30
Rencontre
Rencontre
avec Ned Grujic et toute l’équipe artistique du spectacle
le dimanche 8 décembre 2013 à l’issue de la représentation vers 17h40
(entrée libre)
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