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Troyennes

Les morts se moquent des beaux enterrements
de Kevin Keiss d'après Euripide
mise en scène Laëtitia Guédon
Du 4 novembre au 14 décembre 2014
T13 / Bibliothèque
Dès 14 ans 1h45

Après dix ans de guerre, Troie est tombée. La ville est pillée, mise à sac puis incendiée. Les Troyens sont massacrés par les vainqueurs grecs qui prennent comme butin les femmes illustres de la cité. Ce récit de l’immédiate après guerre, mais du point de vue des femmes, est une interrogation, à travers les grandes figures de la tragédie antique, du refus d’oublier et de se soumettre. Troyennes invite à célébrer ceux qui, dans les cendres, sont en vie.


Pour aborder cette pièce de 415 avant J.C, nous avons choisi d’interroger l’écriture d’Euripide, à travers une traduction et une adaptation nouvelles, pour mettre en lumière toute la charge orale que contient le texte grec… C’est la promesse d’une langue concrète, lisible et pure, une langue vivante, puissante même, qui embrasse le grand poème, ce long chant de deuil. Car on le sait…une tragédie, ça commence mal et ça finit mal.

Alors, que nous reste-t-il de ces cendres? Que nous reste-t-il de la « vieille » Hécube qui refuse de se soumettre car elle sait sa mémoire condamnée à disparaître?
Que nous reste-t-il de la prophétique Cassandre qui chante son mariage et sa mort?
Que nous reste-il d’Hélène, l’antique Marilyn Monroe, condamnée pour sa beauté?

Ce qu’il nous reste, c’est la vie dans la cendre précisément.

C’est la « vitalité désespérée » dont parle Pier Paolo Pasolini, c’est la figure héroïque qui n’a plus de larmes pour pleurer et qui ne peut plus que chanter, ce sont les vainqueurs d’aujourd’hui qui seront les vaincus de demain, c’est le beat-box qui vient bousculer une parole millénaire, c’est le choeur qui se fera tour à tour conteur d’une histoire, chercheur de mémoire, voix de femmes, mais aussi témoignages d’aujourd’hui.

Ce que propose Troyennes est une interrogation du présent : que ferions-nous si, nous aussi, nous devions tout abandonner du jour au lendemain, laisser derrière nous notre mémoire, notre langue, nos rites, ou notre civilisation?

Comme dans le titre de la pièce, les Troyennes nous invitent à célébrer ceux qui sont en vie, car les morts se moquent des beaux enterrements.

Le texte de la pièce est disponible au format numérique sur le site internet  et l’application gratuite des Presses Électroniques de France.

Générique

Avec
Blade Mc Ali M’Baye Poséidon et Athéna,
Mounya Boudiaf Andromaque,
Kevin Keiss Coryphée,
Adrien Michaux Talthybios,
Pierre Mignard Ménélas,
Marie Payen Hécube,
Valentine Vittoz Hélène,
Lou Wenzel Cassandre

Traduction & adaptation Kevin Keiss d’après Euripide, Collaborateur artistique Emmanuel Mazé, Dramaturgie Muriel Malguy, Scénographie Soline Portmann, Construction décor Victor Melchy, Lumières David Pasquier, Musique Blade Mc Ali M’Baye, Son Géraldine Dudouet, Chorégraphie Yano Iatrides

Production Compagnie 0,10 Avec le soutien de La Commune – CDN d’Aubervilliers, du Ministère de la Culture (Aide à la Production Dramatique), d‘Arcadi – Dispositif d’Accompagnements, de la Mairie de Paris (Aide au Projet), de La Chartreuse Centre National des Ecritures du Spectacle et du CENTQUATRE – Paris et de l’Adami. Avec la participation des collèges Iqbal Mahsi (Saint-Denis), Rosa Luxembourg (Aubervilliers) et  Thomas Mann (Paris) et des lycées Henri Wallon et Le Corbusier (Aubervilliers).

Spectacle créé en collaboration avec le Théâtre 13



Note d’intention

Raconter une histoire millénaire au présent

L’histoire des Troyennes, car il s’agira de la raconter, nous l’avons pour la plupart en tête, sous formes de fragments, comme un souvenir universel parfois incomplet. Pour ma part, cela fait 10 ans que cette histoire me suit, et murmure à mon oreille de ne pas oublier ce qui, sur les bancs de l’école de théâtre, m’avait fait dire « je serai metteur en scène pour ce texte ». Le moment du passage à l’acte est arrivé, et je suis, comme Hécube au milieu des cendres, à ne pas bien comprendre ce qui s’est passé et comment reconstituer les pièces de puzzle.

J’ai choisi la version d’Euripide précisément pour sa forme séquencée, sertie de détails sur la grande Grèce de l’époque, comme pour ne pas isoler le sort des personnages du fracas historique. Mais j’ai choisi aussi d’interroger à nouveau ce grand texte pour y donner toute la dimension personnelle qu’il avait eu pour moi.

Questionner à nouveau cette oeuvre, d’abord par le biais d’une adaptation nouvelle mais aussi par la présence d’une équipe nombreuse (artistes, techniciens…) présente à chaque étape de travail.

Car non, je n’ai pas vécu le feu, le viol…Non, je n’ai pas été une reine puissante et je ne suis pas devenue esclave d’un seul coup… Non, on ne m’a pas arraché mon enfant pour le jeter des remparts et je n’ai pas prophétisé la chute des Atrides.

Ce que je sais, en revanche, c’est que tout comme Hécube, j’ai, l’obsession de la mémoire, du souvenir… Ce que je sais, c’est que je suis une femme Noire et Juive et que comme les Troyennes de mon histoire, je me suis parfois trouvée dans ce moment de la mémoire qui n’existe plus car on la sait condamnée à disparaître. Comme ces Troyennes, j’ai eu l’obsession du passé et du futur, quand l’identité avait été incendiée.

Ce que je souhaite, à travers cette mise en scène, c’est raconter au spectateur, précisément ce moment de présent où l’on est en vie. Dans les cendres, dans les larmes, peut-être, mais où l’on est en vie. Je souhaite affirmer à nouveau que les textes de plus de 2000 ans résonnent encore à nos oreilles, grâce à la puissance de leur charge orale. Je souhaite que le temps s’arrête, et que comme pour Hécube, les fantômes réapparaissent.

Je souhaite faire appel à la mémoire du spectateur, à sa propre histoire, à son actualité…

Si comme dans la pièce Andromaque d’Euripide « les morts se moquent des beaux enterrements », alors notre chute de Troie érigera ceux qui sont en vie.

Laëtitia Guédon



Etapes du projet

Pour mener à bien la mise en scène des Troyennes, nous avons choisi d’utiliser la forme séquencée de l’oeuvre d’Euripide et d’en faire un principe dans la construction du projet.

Un projet, étape par étape

L’adaptation
Revisiter et actualiser le texte d’Euripide est une donnée essentielle pour soutenir le point de vue personnel de la mise en scène. A ce titre, nous passons depuis presque deux ans de la traduction, à l’adaptation par Kevin Keiss, qui a vu son aboutissement lors d’une résidence en janvier 2014 à la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon. La dernière étape d’adaptation du texte s’est faite lors des premières répétitions « en chantier » avec les acteurs, sous forme d’ajustement « sur mesure ».
Nous souhaitons « moderniser » ce texte tout en conservant sa puissance poétique, c’est pourquoi la traduction totale de la pièce est indispensable. Le travail au plateau avec les acteurs est également indissociable du travail d’écriture.

Le travail de plateau
Trois étapes de recherches au plateau ont eu lieu en 2013, pendant la phase de traduction : au CNSAD, au Théâtre 13 et à la Commune / CDN d’Aubervillier. Elles ont permis de sélectionner les enjeux de mise en scène et de mettre en lumière l’écriture de plateau. C’est une notion que nous avons souhaité conserver lors de la création. La distribution est riche d’acteurs confirmés que j’ai choisi de diriger en les impliquant directement dans le travail d’écriture de plateau. Un travail important sur le corps a été également mené lors de la création.

Le choeur
Ne pas faire du choeur un élément compacte et uniforme, tel est le maître mot de notre recherche sur cet élément indispensable de la tragédie. Nous avons choisi dans traiter le choeur de trois façon, et en évolution. Le coryphée-auteur d’une part, qui sera interprété par Kevin Keiss comme gardien de la mémoire et lien direct avec le public. Le choeur des femmes d’autre part, avec un travail sur l’enregistrement de voix multiples. Et enfin, la présence d’un choeur populaire, avec le recueil de témoignages réalisés en séances d’écritures avec un public scolaire. L’apport de ces témoignages actuels, fait partie intégrante de notre action culturelle avec les publics, et évoluera à mesure que le spectacle se déplacera dans des villes différentes.

La scénographie
Le travail de scénographie s’articulera autour de trois éléments: « un baraquement des captives » symbolisé au plateau et qui viendra traduire l’enfermement des Troyennes ; la création d’un plafonnier qui propose une ouverture sur l’immensité, et « une pente », car dans notre pièce les vainqueurs d’aujourd’hui seront les vaincus de demain, il ne sera pas donc aisé, pour les Grecs, d’entrer en scène…

La musique
Nous avons choisi de travailler sur ce projet avec l’artiste beat-box Blade MC Ali M’Baye dans une création musicale originale. Véritable interprète de la pièce, il alimente un travail exigeant, mené en direction d’acteurs, sur le rythme. Il interprétera également les rôles de Poséidon et Athéna.

Les projets de transmission artistique
Les différents ateliers, mais aussi les résidences territoriales menés autour de ce projet, sont un terrain d’expérimentation et de recherche précieux. Nous avons choisi d’associer pour chacun de ces projets, organisés avec La Commune, plusieurs intervenants artistiques du spectacle. Cela nous a permis de constituer sur près de deux ans un laboratoire de recherche permanent et en contact direct avec le public.

Laëtitia Guédon



L’adaptation

Ne s’écarter du texte que pour mieux le retrouver

Kevin Keiss et Laëtitia Guédon ont été accueillis en résidence d’écriture à la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon

Datée de 415 avant J.C, Les Troyennes raconte l’immédiate après guerre du point de vue des femmes.
Pourtant, chez Euripide, les vainqueurs d’aujourd’hui seront les vaincus de demain. Notons que les Troyennes est la troisième partie d’une trilogie perdue mais dont nous connaissons les enjeux des deux premières tragédies qui toutes s’intéressaient au cycle troyen.
Ici, pas de dessin progressif de l’action. La pièce se déroule à l’aune d’un éclairage d’emblée placé sous le signe de la destruction. Peu importe que l’on ne prête plus aux dieux la seule responsabilité des événements tragiques, le malheur a seulement moins de sens ayant perdu tout à la fois la signification que lui conférait la théologie eschyléenne et la valeur d’épreuve que lui laissait la piété sophocléenne.
Le temps d’Euripide est celui où l’homme vit des souffrances qui désormais existent pour elles-mêmes, sans fournir ni leçon ni modèle, ni possibilité de résister. Les actes comptent surtout pour les sentiments qu’ils entraînent et pour lesquels la pitié l’emporte sur la crainte.

Les tragédies antiques ont beaucoup été traduites pour l’usage scolaire, c’est à dire pour la lecture silencieuse. Traduire cette pièce implique donc l’extrême nécessité de rendre à la langue d’Euripide la puissance de sa charge orale. La difficulté de traduire un poète grec en français réside essentiellement dans le fait que l’on passe d’une langue casuelle à une langue non casuelle. Le grec, en effet, peut librement déplacer les mots dans la phrase puisque leur fonction n’est pas, à la différence du français, indiquée par leur place mais par leur désinence casuelle. Aussi, peut-il rapprocher un adjectif d’un nom auquel il ne se rapporte pas et jouer, par exemple, sur leur proximité sémantique.

Le système casuel du grec offre des ambiguïtés que n’offre hélas pas le système prépositionnel du français. Les jeux de polysémies morphologiques et syntaxiques sont systématiquement utilisés par les poètes grecs qui, dans ce but, éliminent les prépositions pouvant rétablir une monosémie. D’une façon générale, nous avons donc choisi d’expliciter ces polysémies, de transcrire les rapprochements sémantiques ne conservant pas la concision du grec qui apparaît davantage comme un effet de langue que comme un effet d’écriture. Autre différence notable et dont nous avons tenu compte : les textes anciens ne possèdent pas de ponctuation car ils n’étaient pas faits pour la lecture silencieuse. Par souci de lisibilité et en vue du travail scénique, nous avons opté pour l’usage de l’alinéa, supprimant ainsi toute ponctuation, laissant les comédiens libres de respecter les unités de son et de souffle proposées.

Des strophes rendront visibles les unités de rythme, fondamentales dans le texte grec en fonction des variations métriques. On accordera notamment une place importante aux passages chantés. L’idée qui guide cette traduction est de ne pas fermer les sens mais de les laisser ouverts en proposant des choix de dictions à faire par l’interprète. Le début ou la fin d’un vers peut être modulé selon l’interprétation et non selon une ponctuation visant à normaliser la poésie du texte. On tentera également, de marquer les différences de styles de langues, préservant les décalages présents dans l’écriture d’Euripide.

Enfin, certaines équivalences culturelles sont à trouver afin d’éviter les zones d’obscurités et les contresens chez l’auditeur (zones géographiques nommés par leur nom actuel plutôt que leur nom antique par exemple.)

L’idée pour cette traduction fut donc de ne s’écarter du texte que pour mieux le retrouver, et ceci en passant toujours par la culture grecque.

Kevin Keiss



Extraits de presse

Le texte est très beau, puissant. Des comédiennes bouleversantes. Gilles Costaz – Politis

Coup de coeur. Marie Payen remarquable. Une histoire très prenante. France Culture

On ressort de ce spectacle touchés par la tragédie de ces femmes mais en même temps emplis d’espoir et de passion pour la vie. Audrey Natalizi – Mes Illusions comiques

Laëtitia Guédon a su trouver le souffle indispensable à une mise en rythme contemporaine. Jean-Pierre Léonardini – L’Humanité

Plus que magnifique, voilà un spectacle qui remue nos fibres les plus terriennes, profondément.  Evelyne Tran – Le Monde.fr
 
Laëtitia Guédon et toute son équipe artistique livrent au Théâtre 13 une brillantissime adaptation de cette pièce apocalyptique, en mettant à portée de nos inquiétudes contemporaines ce mythe immémorial. Vincent Morch – Les Trois coups



extrait vidéo

Rencontre

Rencontre avec l’équipe artistique
dimanche 23 novembre 2014 à 17h25
entrée libre

Garde d’enfants

Garde d’enfants
dimanche 30 novembre 2014 à 15h30
(5€ par enfant de 5 à 11 ans).
Spectacle de conte / atelier / goûter avec Carole Visconti (réservation indispensable).
En savoir plus sur la garde d’enfants



Audiodescription

Audiodescription pour les spectateurs mal ou non-voyants
les jeudis 20 novembre & 4 décembre 2014 à 19h30,
les dimanche 23 novembre et 7 décembre 2014 à 15h30

Service gratuit – tarif réduit pour le spectateurs ainsi que pour un accompagnateur.
En savoir plus sur l’audiodescription




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