Opération roméo – tchécoslovaquie, 1984
T13 / Bibliothèque
Si vous aimez les romans d’espionnage, ce spectacle est pour vous ! Une galerie de personnages se voit entraînée dans des péripéties et histoires à rebondissements. Au bord d’un précipice qu’ils ont eux-mêmes creusé, ils auront une journée pour voir si les liens familiaux sont – ou non – plus forts que tout.
Par référence au livre d’Orwell, « 1984 », l’auteur slovaque nous interroge : en obéissant à un régime totalitaire, l’être humain trahit-il ou protège-t-il ceux qu’il aime ?
Michal, ancien directeur des “Films Tchécoslovaques”, a été déclassé et travaille désormais aux archives. De plus en plus souvent, il éprouve le besoin de s’isoler sur le toit de son immeuble, son “aéroport ”…
En ce jour, cependant, il fête l’anniversaire de sa femme Alena, en compagnie de leur fils Viktor, étudiant en médecine.
Derrière la légèreté de la fête, l’humour et la bonne entente familiale, se cache la menace permanente de la Sécurité d’État : Le père d’Alena est, en effet, un écrivain dissident. Le couple se sait sur écoute, toujours observé, jusqu’au moment où la Police sonne à leur porte…
Chacun se dévoile alors petit à petit, jusqu’à faire tomber les masques, les personnages sont en apnée, au bord du précipice. Ils se débattent en milieu fermé, manient l’humour pour ne pas sombrer, cachent leur jeu, se dévoilent progressivement et se révèlent finalement dans toute leur vérité, comme si leurs vrais visages étaient à jamais éclairés par la lumière crue d’une lampe d’interrogatoire.
Ce spectacle, nourri par les expériences théâtrales en Europe de l’Est du metteur en scène Éric Cénat, associe des artistes slovaques, tchèques et français, et a vu le jour symboliquement en 2014, trente ans après 1984 et vingt-cinq ans après la Chute du Mur et la Révolution de velours… Si loin, si proche !
Générique
Opération Roméo Tchécoslovaquie, 1984
Texte Viliam Klimáček – mise en scène Éric Cénat£
Le Théâtre de l’Imprévu (Région Centre – Val de Loire)
Présenté sous le Haut Patronage des Ambassades slovaque et tchèque
Avec Jacques Bondoux (L’Officier), Jaromír Janeček (Le voisin), Thomas Silberstein (Viktor), Claire Vidoni (Alena), Marc Wyseur (Michal)
D’après Komunizmus, une comédie de Normalisation de Viliam Klimáček, traduit du slovaque par Jaromir Janeček et Claire Vidoni, édité en français aux Éditions Infimes (2014). Scénographie et costumes Kristina Novotná, Création lumière Vincent Mongourdin, Création son Christophe Sechet, Régie général & Photographies Jean-Pierre Legrand, Assistantes Katerina Chybova & Jitka Berunka, avec la participation amicale pour le photo reportage Stéphane Godefroy
Production : Le Théâtre de l’Imprévu, Orléans – Compagnie portée par la Région Centre-Val de Loire, conventionnée par la Ville d’Orléans, et subventionnée par le Département du Loiret.
Partenaires financiers : La DRAC Centre-Val de Loire, la Région Centre-Val de Loire, l’Institut Français, l’Adami et la Spédidam.
Résidences de création : Le Théâtre de Pardubice (République-Tchèque), le Studio Théâtre de Charenton-le-Pont, la maison d’Europe et d’orient à Paris et la MJC Village de Créteil.
Avec le soutien de : L’Institut Slovaque, le Centre Tchèque de Paris, le Théâtre et la région de Pardubice, l’Alliance Française de Pardubice, le Printemps de l’Europe et les Éditions Infimes.
Genèse du projet
Genèse du projet
“En 1998, j’ai travaillé comme comédien pendant plusieurs mois au Théâtre de l’Armée à Sofia. Cet épisode bulgare a suscité en moi tellement de questionnements et d’intérêts que ma vie professionnelle s’en est trouvée changée : je n’ai eu alors de cesse de partir vers l’Est… Tournées et créations se sont alors enchaînées m’amenant régulièrement vers ces pays de l’ancien Bloc communiste (ex RDA, Hongrie, Pologne, Ukraine, Slovaquie, et surtout République Tchèque).
Dans tous ces pays, j’y ai rencontré des professeurs, des artistes peintres, des comédiens, des cinéastes, des ingénieurs… qui avaient tous en commun d’avoir été recadrés, déclassés, normalisés, surveillés dans les années 70/80. Leurs torts : avoir refusé d’entrer au Parti et de souscrire à son idéal, être issu d’une famille bourgeoise, avoir eu un parent dissident ou en fuite à l’Ouest… Bien sûr, leurs vies n’étaient pas aussi directement mises en danger comme au temps des purges staliniennes mais le Komunizmus s’était abattu sur eux, froidement, inéluctablement, impitoyablement.
Ces rencontres sont la genèse du projet : mettre en scène Opération Romeo.
25 ans après la chute du Mur, les plaies sont loin d’être cicatrisées…
Si le dramaturge tchèque Vaclav Havel ou son homologue polonais Slawomir Mrozek ont contribué, au péril de leur liberté, à rendre compte de cette réalité et du quotidien sous la dictature, une nouvelle génération d’auteurs se lève aujourd’hui à l’Est… Viliam Klimáček, auteur d’Opération Romeo, est né en 1958. Il fait partie de ces auteurs dramatiques qui écrivent sur cette période avec un recul que ne possédaient pas leurs glorieux aînés. Viliam Klimacek est un auteur très connu en Slovaquie. Il a écrit une cinquantaine de pièces avec un regard pertinent, aiguisé sur la société slovaque, celle d’hier, celle d’aujourd’hui… et son œuvre nous interroge forcément en tant que citoyen européen. Comment imaginer construire l’Europe sans connaître l’Histoire des autres pays qui la composent ? C’est une question à laquelle le Théâtre peut répondre, modestement mais sûrement. Éric Cénat
Note d’intention
“Klimacek écrit l’Histoire à l’échelle humaine, sans didactisme. C’est pourquoi la famille est souvent présente dans son œuvre ; la famille, cet ultime refuge en temps de crise, que nous pourrions croire à l’abri de la suspicion et de la désolation. Ici, il n’en est rien… Klimáček met le doigt là où cela fait mal : même les liens les plus forts du mariage ou de la filiation peuvent être souillés par un pouvoir totalitaire. Tous les coups sont permis… et toutes les surprises possibles.
La pièce est ancrée dans un espace-temps précis, la journée du 14 février 1984 en Tchécoslovaquie qu’il nous faut retranscrire sur scène.
J’ai souhaité travaillé avec une scénographe/costumière tchèque : sa scénographie oscille entre éléments réalistes et dimension onirique, symbolique : ce cube qui s’ouvre, se referme, tourne, rappelle l’architecture poststalinienne avec ses angles droits et ses formes épurées ; cube déshumanisé, piège de béton qui toutefois, s’effrite, se lézarde, est tagué où le rouge perd de sa superbe… Le seul échappatoire est à ciel ouvert : le toit de l’immeuble, « l’aéroport » de Michal.
L’univers sonore contribue à amener de la théâtralité et à rendre compte des humeurs de cette journée particulière : ambiance tour à tour, festive avec les riffs psychédéliques du groupe Vanilla Fudge ; oppressante avec le grésillement des micros d’écoute et des ondes interdites, la résonnance des sonneries téléphoniques en concert ; envoutante avec la marche funèbre des funérailles d’Andropov ; surprenante avec ses bruits d’avions qui passent au dessus des personnages…
Cette création associe des artistes slovaques, tchèques et français et s’inscrit dans une vraie dimension européenne : elle a vu le jour symboliquement en 2014, trente ans après 1984 et vingt-cinq ans après la Chute du Mur et la Révolution de velours… »
Le Théâtre de l’Imprévu, dans le cadre de la Coopération décentralisée qui unit la Région Centre et la Région de Pardubice, travaille régulièrement en République Tchèque depuis 2007. Opération Romeo a ainsi été créée au Théâtre de Pardubice. Le Théâtre de l’Imprévu poursuit ainsi sa démarche artistique basée pour une grande part sur la thématique de l’Histoire, du récit et de la Mémoire du XXème siècle en s’associant une fois de plus avec un auteur contemporain…” Éric Cénat
Contexte historique
Tchécoslovaquie 1948-1992
Le Coup de Prague est le nom donné à la prise de contrôle de la Tchécoslovaquie en février 1948 par le Parti communiste tchécoslovaque, avec le soutien de l’Union soviétique, aboutissant au remplacement du régime parlementaire, fondé sur des élections libres, par un régime communiste, où le Parti contrôle tous les rouages du pays. Celui-ci prend le chemin du socialisme pour quarante ans. Les opposants et les membres de l’ancienne élite du pays sont persécutés ou contraints à l’exil.
Une relative libéralisation apparaît de janvier à Août 1968, avec l’arrivée au pouvoir du réformateur Alexander Dubček qui introduit la liberté de la presse, d’expression et de circulation dans la vie politique. Il dote le pays d’une nouvelle constitution qui reconnaît l’égalité des nations tchèque et slovaque au sein d’une république désormais fédérale. Cette période de « socialisme à visage humain », qui deviendra Le Printemps de Prague, s’achève avec l’invasion du pays par les troupes du Pacte de Varsovie.
Le régime prend définitivement fin en 1989 au moment de la chute du bloc de l’Est, durant l’épisode dit de la révolution de velours. En 1992, la Tchécoslovaquie est dissoute pour former deux Etats indépendants : la République tchèque et la République slovaque, qui adoptent des régimes parlementaires, démocratiques et pluralistes. Les deux pays font partie aujourd’hui de l’Union européenne.
Extraits de Histoires des Tchèques et des Slovaques – Antoine Mares / Perrin 2005 :
« Les listes de collaborateurs de la police secrète publiées après 1989 ont fait état de plusieurs dizaines de milliers de personnes, par contrainte ou par intérêt, plus rarement par conviction. La Tchécoslovaquie était en ce sens un État policier. Mais il y avait une sorte de contrat tacite dans cette société encadrée et surveillée. Le pouvoir demandait au citoyen de ne pas se mêler de politique, de laisser le parti et ses dirigeants libres de prendre leurs décisions, en échange de quoi ils lui assuraient une augmentation de son niveau de vie. Les indices économiques des années 70 et 80 témoignent de cette amélioration sensible en termes de consommation. Entre 1970 et 1985, les revenus réels ont augmenté d’environ 50 %. (…)
La normalisation causa nettement moins de dommages en Slovaquie qu’en Pays tchèques, la répression y étant à la fois moins absolue et moins rigoureuse. L’émigration, proportionnellement plus faible, en fut le reflet.(…)
Les changements de 1985 en URSS eurent leur impact dans une société qui ne s’identifiait plus avec ses dirigeants et leur politique. (…) La venue de Gorbatchev à Prague et à Bratislava en avril 1987 suscita de grands espoirs vite déçus, car son passage ne fut suivi d’aucun effet. En décembre, Husâk fut remplacé à la tête du parti… par Miloš Jakeš, l’homme de la normalisation du parti après 1968.
Humour tchécoslovaque : Qu’est-ce qu’il y a de bien dans le communisme ? Réponse du Slovaque : C’est que les Tchèques l’ont aussi.
Extraits vidéos
Rencontre & projection
Rencontre avec Viliam Klimáček
dimanche 24 septembre 2017 à l’issue de la représentation (entrée libre)
En présence de toute l’équipe artistique
Rencontre suivie de la projection du documentaire réalisé par Éric Cénat et Charlie Rojo (25 minutes)
Dans les coulisses d’une création
L’équipe artistique du Théâtre de l’Imprévu a été en résidence de création du 25 août au 13 septembre 2014 au Théâtre de Pardubice (République tchèque) pour créer le spectacle. Ce documentaire évoque les derniers jours précédant la première représentation à travers les regards croisés des différents partenaires et acteurs de cette coopération européenne.
Viliam Klimáček est né le 14 septembre 1958 à Trenčín en Slovaquie.
Il pratique tout d’abord la profession d’anesthésiste avant de se consacrer, à partir de 1992, entièrement à l’écriture et au théâtre.
Très vite reconnu en tant qu’écrivain, poète, dramaturge et comédien, il est l’un des fondateurs du théâtre GunaGU, à Bratislava (Slovaquie). Il en est actuellement le directeur artistique.
Il écrit non seulement pour le théâtre, mais aussi pour la radio, la télévision et le cinéma. C’est le dramaturge slovaque le plus joué. Il a écrit une vingtaine de livres (romans, recueils de poésie, contes de fées conceptuels et recueils de textes dramatiques).
Pour le théâtre, il a écrit une cinquantaine de pièces dont :
1998 – Maria Sabina, une sélection de grandes pièces de théâtre
2009 – Marie-Antoinette, le livret de la comédie musicale
2010 – Komunizmus, une comédie de Normalisation / Opération Roméo
2012 – Holocauste
Autres travaux :
2000 – Remix GUnaGU, un livre sur le théâtre (qui a remporté le prix annuel de l’Association des Organisations des écrivains slovaques)
Opération Roméo est sa première pièce traduite en français.
Expo photo
Exposition photo hall du théâtre (entrée libre)
Du 21 septembre au 4 octobre 2017
Prague 1983 – Mémoires nocturnes
Une exposition photographique de Peter Župník
Prague. Début des années quatre-vingt. J’arrive de l’Est de la Tchécoslovaquie pour étudier la photo à la FAMU (Académie des Beaux Arts, faculté de cinéma, département photo). Je ne connais pas Prague. Je me fais engloutir par cette ville. Je me promène beaucoup, je dévore des yeux les divers recoins de la ville qui me parlent. C’est une drôle d’époque ; beaucoup de choses ne fonctionnent pas normalement. J’aime la nuit, la ville est calme, les gens sont rentrés chez eux ; ils vont au travail tôt le matin. Les visiteurs et les touristes allemands mènent une vie nocturne. Mais ce n’est pas ce que je cherche. Je commence à prendre en photo les traces de l’activité humaine et du temps qui passe.
Les possibilités du flash me fascinent. J’ai l’impression qu’il dénude les choses, qu’il les met en relief et qu’il instaure un ordre un ordre nouveau de contrastes. Je me promène la nuit dans une ville que je connais de jour et je flashe. Je devine ce que l’éclair de l’appareil photo va dévoiler. Je suis à la recherche de symboles et de formes, de la transformation des choses quotidiennes. Je cherche ma photo, une composition de choses banales, de l’ordre dans le chaos. Ce sont mes sentiments et mon regard qui me guident. Puis, je m’arme de courage et je prends en photo les gens que je croise dans la rue. J’essaie de prendre en photo des gens différents les uns des autres. Les événements sensationnels et les tabous de la métropole socialiste ne m’intéressent pas. Je n’ai pas le temps de penser à la composition du tableau, j’ai à peine quelques secondes pour une mise au point. Avec le temps, j’abandonne le flash, et mes intérêts photographiques se déplacent. Une partie des photos avec les passants est utilisée comme exercice de photographe documentaire.
Vingt ans plus tard, à Paris, je regarde mes archives et je redécouvre les négatifs flashés de Prague. Je voyage dans le temps à la recherche de sensations oubliées de cette époque, je tente de composer une mosaïque avec les tableaux vivants et des natures mortes qui se forment à partir des grandissements ; je trie au fur et à mesure. Les photographies commencent à parler leur propre langue et à former un cycle. Je redeviens observateur, mais cette fois-ci de ma propre histoire.
Peter Župník, mars 2003, Paris
Né à Levoča (Slovaquie) en 1961. Dans les années 1976-80 Peter Župník étudie la photographie appliquée à l’école secondaire des arts et métier de Košice. De 1981 à 1986, l’étude des études supérieures de photographie artistique à l’université FAMU de Prague. Depuis 1987 il bénéficie du statut de photographe indépendant. En 1995 il quitte Prague pour Paris. Ses photographies ont été exposées dans les galeries dans le monde entier. Ses oeuvres figurent dans les nombreuses collections publiques: Maison européenne de photographie, Centre Georges Pompidou, Fond national d’art contemporain, Musée de l’Elysée à Lausanne et dans d’autres institutions et collections privées.
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