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Océan mer

de Alessandro Baricco
mise en lecture de Patrice Douchet
Du 27 au 27 septembre 2013
T13 / Bibliothèque
1h30

Il y a bien longtemps de cela, au milieu d’un océan, une frégate de la marine française fit naufrage. Cent quarante-sept hommes tentèrent d’en réchapper en prenant place dans un radeau. Une horreur qui se prolongea des jours, durant lesquels se donnèrent à voir la férocité extrême et la pitié la plus douce.

Il y a bien longtemps de cela, sur le bord de l’océan, arriva un homme. Ce qui l’avait amené là était une promesse. La pension dans laquelle il s’arrêta s’appelait Almayer, «posée sur la corniche ultime du monde». Sept chambres, sept naufragés de la vie qui sont venus là pour prendre congé d’eux-mêmes et tenter de renaître : un peintre, une femme très belle, un professeur avec un drôle de nom, un homme mystérieux, une jeune fille qui ne voulait pas mourir, un prêtre fantasque, un mystérieux habitant dans la septième chambre, d’étranges enfants qui tels des anges gardiens hantent la maison et l’âme de ses hôtes. Tous là, à chercher quelque chose, en équilibre sur l’océan.

Il y a bien longtemps de cela, ces destins et d’autres rencontrèrent la mer et en revinrent marqués. Ce livre les raconte, parce que en les écoutant, on entend la voix de la mer. Il peut se lire comme un récit à suspens, un poème en prose, un conte philosophique ou un roman d’aventures.

Ce qui domine en tout cas, c’est la jubilation de raconter des histoires, à travers une écriture et une technique romanesques sans modèles ni antécédents.

distribution

Océan Mer
 
Texte : Alessandro Baricco
traduit de l’italien par Françoise Brun, éditions Albin Michel
 
Adaptation et mise en scène : Patrice Douchet
Scénographie : Danièle Rozier
Costumes : Sabine Siegwalt
 
Création vidéo : Christoph Guillermet
Lumières : Jonathan Douchet
 
Construction du son : Christophe Séchet
Travail vocal : Fabienne Pralon
 
Direction technique : Damien Grossin
Réalisation des costumes : Justine Vivien

Création en 2015

Production : Théâtre de la Tête Noire, scène conventionnée pour les écritures contemporaines.

 
Avec
Thomas Cabel
Brice Cousin
Julia De Reyke
Jean-Yves Duparc
Arthur Fouache
Charlotte Gosselin
Dominique Journet Ramel
Coline Pilet
Jacques Poix-Terrier
Clémence Prévault

 





Notes de mise en scène

A propos de l’adaptation

J’ai décidé de travailler l’adaptation en deux parties. J’ai voulu conserver la langue initiale du roman d’Alessandro Baricco et celle de la très belle traduction de Françoise Brun. Je n’ai donc pas cherché à faire du roman une pièce de théâtre. L’aspect littéraire a été conservé jusque dans les dialogues. Ce parti pris demandera aux acteurs un aller retour constant entre incarnation et récit. Des passages de l’une à l’autre sont intégrés dans l’adaptation, les personnages prennent ainsi en charge une partie du récit, ce qui rend la narration plus vivante.

Je me suis appliqué à retranscrire fidèlement la ponctuation parfois singulière – utilisation « inhabituelle » des virgules, des points de suspension, des tirets et des retours à la ligne  –  pour inciter les acteurs à rester près d’une écriture romanesque.

Il s’agit d’une adaptation qui précède la mise en scène et l’exploration au plateau. Des modifications, resserrements, ellipses, sont encore possibles dans la mesure où ils ne brouillent pas le sens et où ils n’altèrent pas la musique de la langue.

Il m’a fallu choisir dans le roman ce que je gardais et ce que j’enlevais. Mon expérience du plateau et des œuvres littéraires mises à la scène m’ont guidé. Quand je lis, j’entends déjà la voix des acteurs et je sais ce qui « fera théâtre ». Il y a des mots auxquels il n’est nul besoin d’ajouter des images, il suffit de les laisser jouer seuls, par contre il y a des évocations littéraires qui convoquent des images et qui réclament d’être complétées comme il y en a aussi qui peuvent être élaguées pour laisser place à la mise en scène, aux corps des acteurs, aux silences … Certaines parties descriptives du roman devenues didascalies ne seront pas « dites ». Elles sont là pour guider le metteur en scène et les acteurs dans la construction des images scéniques.

J’ai tenté cet équilibre entre respect de l’œuvre et mise en phase avec le temps du théâtre (qui n’est pas le même que celui de la lecture).

Le chœur narratif peut être constitué de plusieurs comédiens – chœur des hommes – , ou plusieurs comédiennes – chœur des femmes- , ou encore – chœur des enfants.
Il peut être également mixte. Le récit peut également être pris en charge par un seul acteur ou une seule actrice. Chœur ne veut pas pour autant dire que les acteurs parleront ensemble. Cela ne se produira jamais sauf pour des courtes séquences qui pourront être chantées.

Pourquoi Océan Mer ?

« Le théâtre est la mer qui prend feu ». François Regnault.

« Depuis 1998, j’ai exploré les univers de Duras, de Bergman, de Jon Fosse, de Tarjei Vesaas, je me suis laissé « prendre » par leurs œuvres maritimes empreintes de mélancolie. Depuis toujours, je lis Ibsen et sa  Dame de la mer . Depuis toujours j’ai une passion théâtrale pour les îles. J’y ai séjourné souvent, de Faro en mer Baltique à l’île de Sein en Bretagne, j’ai toujours vibré dans les grandes villes portuaires de Lisbonne à Riga en passant par Hambourg, très souvent en compagnie d’acteurs à l’occasion de résidences préparatoires aux créations. J’ai passé le cercle polaire en plein hiver à bord de l’express côtier vers les Iles Lofoten, vu de près une des dernières relèves de gardien de phare à l’ïle de Ouessant, j’ai vécu une immense tempête à Port Coton près du Fort Sarah Bernhardt sans aucune possibilité de rejoindre le continent.  La mer m’ a toujours terrorisé. Ses cris, ses fantômes, ses légendes, son infini, sa mortelle attraction. Ce roman est celui que j’attendais pour enfin  sur une scène de théâtre « dire la mer ». Patrice Douchet

Premières intentions de mise en scène

Mise en scène – Visite d’un livre

Tout l’enjeu de la recherche va consister à tenir un parti pris intégrant la densité du récit, ouvrant à la multiplicité des lieux, des situations et des scènes-chapitres et respectant la musique de la langue. Un geste artistique simple, lisible et divertissant mais qui avant même de faire spectacle doit faire sens, de la première à la dernière page. Une direction d’acteurs échappant à tout réalisme sans pour autant s’égarer dans un formalisme qui risquerait d’éloigner le spectateur de son désir d’empathie.

Il faut que puisse s’y reconnaître jeunes gens idéalistes en quête d’absolu, vieux loups de mer, amateurs de voyages, amoureux des belles lettres et grand public du théâtre.



 

L’auteur

Alessandro Baricco

Né à Turin,  Alessandro Baricco est musicologue, journaliste et auteur de romans à succès (Novenceto pianiste, Ocean mer, Soie, City, Sans sang, Les Châteaux de la colère). Il est un des écrivains contemporains les plus brillants et les plus célèbres d’Italie. Ses textes traduits sont devenus des best-sellers en France et en Europe.

Il y a dans la plupart de ses œuvres littéraires une matière dramaturgique qui séduit les metteurs en scène de théâtre. Inspirée par la tradition italienne du théâtre de narration, son écriture propose comme dans Océan mer de grandes fresques où il ose mélanger les genres : certains chapitres étant presque déjà écrit pour le théâtre, puisque les personnages sont des figures dramatiques qui semblent attendre l’incarnation par les acteurs. Les lieux que traversent les récits ont la puissance des grands espaces dramaturgiques. La langue est travaillée, comme façonnée pour l’oralité.



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