T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque
T13 / Bibliothèque

Le dragon

de Evgueni Schwartz
mise en scène Stéphane Douret
Spectacle créé en collaboration avec le Théâtre 13
Du 13 septembre au 28 octobre 2012
T13 / Bibliothèque
2h

Écrit dans une Russie écrasée par le souvenir du tsarisme, la menace nazie et la dictature stalinienne, un hymne joyeux à la liberté et à la résistance à toutes les oppressions.

Lancelot, chevalier idéaliste et courageux, décide de débarrasser un village du dragon qui l’opprime depuis des siècles. Malgré la désapprobation de la population, il provoque le monstre en duel, le tue, et pense libérer la cité en donnant sa propre vie. Mais la petite ville tombe alors sous la coupe d’un Bourgmestre avide de pouvoir qui saisit opportunément l’occasion d’instaurer une nouvelle tyrannie sur ses habitants…

Ludique, drôle, tragique, folle, cruelle, festive… Le Dragon est une pièce majeure (et évidemment interdite sous Staline malgré son apparente légèreté) dans l’œuvre de Evgueni Schwartz. À la fois comédie burlesque et politique, conte fantastique, épopée tragique et aventure philosophique, « Le Dragon » est un appel incroyablement pertinent et moderne au courage et à la vigilance, une fable universelle  qui rappelle que le dévoiement de la démocratie est le premier pas vers la dictature. Une pièce humaine et humaniste, une réflexion profonde sur la responsabilité citoyenne dans le(s) combat(s) pour la liberté.

La compagnie L’Omnibus et Stéphane Douret ont présenté au Théâtre 13 en 2007 Le Mandat de Nikolaï Erdman


 

Générique

Avec
Anne Barbot (Elsa),
Catherine Bloch
(Le Dragon),
Florent Cheippe
(un tisserand),
Cédric Colas
(Le Dragon, un laquais),
Romain Cottard
(Lancelot),
Alexandre Delawarde
(la sentinelle, le geôlier),
Ludovic Ducasse
(Le Chat),
Etienne Durot
(Le Dragon, un laquais),
Jean-Paul Farré
(Charlemagne),
Thomas Horeau
(le luthier),
Tristan le Goff
(le marchand ambulant),
Agathe L’huillier
(une amie d’Elsa),
Igor Mendjisky
(Henri),
Alexandra Naoum
(une amie d’Elsa),
Damien Rivalland
(Le chapelier),
Benoît Séguin
(un tisserand),
Maïté Simoncini
(une amie d’Elsa),
Philippe Spiteri
(Le Bourgmestre),
Guillaume Veyre
(le jardinier)
Mathias Zakhar (le jeune garçon)

Traduction Simone Sentz-Michel (Editions l’Avant-Scène Théâtre), Assistant à la mise en scène Dimitri Klockenbring, Musique et son Vincent Artaud, Conception textile May Katrem, Costumes May Katrem et Camille Guéret, Stagiaire costumes Jeanne Fournié, Scénographie Héloïse Labrande et Damien Rivalland, Construction décor Jonathan Bablon, Lumières Julien Barbazin, Chorégraphe associée Yano Iatridès, Effet spéciaux Nicolas Audouze, Maquillage Audrey Millon, Dramaturgie Marina Abelskaïa, Régie générale Thibault Joulié

Co-production L’Omnibus – I.D Production – Narcisse Théâtre, avec la participation financière de l’AGEFIPH, le soutien de l’Adami, de la Spedidam, de l’ARCAL, de l’Espace Culturel Boris Vian (Les Ulis), du Jeune Théâtre National, de l’Espace Culturel André Malraux (Le Kremlin-Bicêtre), de la Mairie de Paris et la participation de Accesignes et Accès Culture. Diffusion: I.D. Production. Spectacle créé en collaboration avec le Théâtre 13.

Présenté en partenariat avec Le Courrier International

 

STÉPHANE DOURET – metteur en scène

Dès 1986, il joue sous la direction d’A-M. Cardot et de B. Mercier dans plusieurs pièces de Tchekhov, puis V. Volkart le dirige dans Black Comedy de P. Shaffer.  En 1993, il joue aux côtés d’Y. Pignot dans Dom Juan de Molière m.e.s. par Y. Le Guillochet, puis intègre l’atelier dirigé par P. Bouclet où il reste deux ans. Il poursuit sa formation à l’École du Studio d’Asnières, où il travaille entre autres avec E. Tamiz, P. Simon et J-L. Martin- Barbaz.

En 1998, il joue à l’Espace Kiron Plaisirs d’Horreur, une trilogie m.e.s. par P. Simon, puis dans Visages de H. Colas m.e.s. par R. Brakni et J. Caen à l’Art-Studio Théâtre et à l’Aktéon. Acteur au sein de la Compagnie du Studio dirigée par J-L. Martin- Barbaz depuis 1998, il joue sous sa direction entre autres dans L’Amour médecin de Molière, Barouf à Chioggia de Goldoni au Théâtre 13, Le Songe d’une Nuit d’Été, Occupe-toi d’Amélie de Feydeau, et sous celle d’H. Van der Meulen dans Bajazet de Racine, Les Chemins  de Fer de Labiche, et Jacques ou la Soumission de Ionesco. On le retrouve également dans L’Assemblée des Femmes d’Aristophane (m.e.s. par P. Simon), Feu la Mère de Madame de Feydeau (dirigé par S. Folgoas), et dans Je pense à toi de F. Smith, m.e.s. par F. Chappuis au Théâtre des Songes. Il apparaît également dans Prime-Time, un court-métrage de K. Ayd, et en 2003 joue sous la direction du journaliste et écrivain Philippe Meyer dans Les Maxibules de M. Aymé, puis dans Le Chien du Jardinier de L. de Vega m.e.s. par J-M. Hoolbecq et Merdre d’après Ubu de Jarry m.e.s. par S. Bertrand. Plus  récemment, on a pu le voir dans L’Hôtel du Libre-Échange m.e.s. par D. Lalizout, Le Médecin malgré lui de Molière dirigé par L. Gonzales, Pas Bouger d’E. Darley, et Confidences de F. d’Azémar m.e.s. par E. de Sablet au Théâtre des Mathurins. Il joue cette année sous la direction de J. Timmerman dans W.A.W.Y, d’après 1984 de G. Orwell, Zadig de Voltaire  avec G. de Gouvello, et Vox Populi Show dirigé par T. Joulié.

À partir de 1996, il travaille également comme assistant metteur en scène (entre autres  avec P. Bouclet pour Andromaque avec l’École du Théâtre National de Chaillot), avant de créer en 1999 la Compagnie l’Omnibus, pour la quelle il adapte et met en scène entre autres Les Boulingrin de Courteline au Théâtre Déjazet, Les Mangeuses de Chocolat de P.Blasband, Une Femme seule et Le Réveil de D. Fo et F. Rame au Théâtre des Salorges de Noirmoutier, et enfin Le Mandat de N. Erdman au Théâtre 13 et en tournée.

Extrait vidéo

Note d’intention

Attendre plus longtemps aurait été une erreur

C’est en travaillant sur Le Mandat de Nikolaï Erdman, au cours de recherches sur le théâtre russe de la période stalinienne, que j’ai découvert Le Dragon de Evgueni Schwartz. Il m’est immédiatement apparu un lien entre les deux pièces, une sorte de proximité, de continuité même, comme si Le Dragon pouvait être un prolongement du travail que nous effectuions sur Le Mandat.

Une continuité historique tout d’abord. Espacées d’exactement 20 ans, les écritures des deux pièces témoignent de périodes fortes du parcours politique de Staline: son accession au pouvoir pour Le Mandat, l’apogée – pendant et après la deuxième guerre mondiale – de son autorité et de son influence, pour Le Dragon.

Une proximité spirituelle ensuite: Schwartz, comme Erdman, aime jongler avec les mots, les situations, l’humour, s’amuse avec l’exubérance de ses personnages, n’a peur ni de l’excès, ni de la démesure. Tous deux savent s’affranchir d’un réalisme pesant et ont choisi des formes fortes et inattendues pour porter un théâtre politique, dénoncer, et surtout prévenir: Le Mandat est une farce, une parodie de vaudeville inspirée de Feydeau, Le Dragon un conte, une fable philosophique où l’on peut trouver en vrac des références bibliques, mythologiques, à Lewis Carroll, et surtout aux légendes médiévales européennes.

Enfin, et c’est sans doute le plus intéressant, ces deux auteurs partagent certes une interrogation commune sur l’expression de l’autorité politique, mais principalement une réflexion sur l’engagement de l’homme de la rue, sa passivité parfois coupable, la nécessité de la réaction populaire face à l’Autorité et à la tyrannie des dirigeants. L’un comme l’autre, sans parti-pris militant, nous parle simplement de liberté.

Au sortir d’un travail de plus de 5 ans avec une équipe de 20 personnes sur la pièce d’Erdman, je n’imaginais pas initier immédiatement un projet mobilisant à nouveau une grosse équipe artistique et technique. Mais mon enthousiasme pour le texte de Schwartz (ainsi que celui manifesté par les comédiens dont je tenais à m’entourer dans l’éventualité de monter la pièce), l’opportunité qui s’offrait à moi de travailler avec la dramaturge russe Marina Abelskaïa (assistante de Piotr Fomenko entre autres), et la pertinente acuité politique de la pièce, son actualité surtout, m’ont finalement convaincu qu’attendre plus longtemps aurait été une erreur.

L’équipe que j’ai réunie sera donc prête dès la rentrée 2012 à présenter une version du Dragon que j’aurai le plaisir (et la grande fierté) de mettre en scène. Elle sera, comme l’était notre version du Mandat, ludique, drôle, tragique, folle, naïve, cruelle, festive.

Et, je le souhaite par dessus tout, à la fois surprenante et captivante pour le public.

Stéphane Douret

Le bien, le mal… et l’Homme

À la croisée de plusieurs genres théâtraux qu’il est crucial de faire cohabiter, Le Dragon est une pièce qui étonne constamment. D’une scène à l’autre, l’histoire se tisse au gré des interventions des personnages qui habitent le petit microcosme d’un village qui semble perdu, isolé à la fois dans le temps et dans l’espace. Notre guide, ici, se nomme Lancelot. Cet aventurier vagabond qui découvre la vie de cet endroit, ses habitants et ses lois. Son combat est celui, éternel, entre le Bien et le Mal.

Mais derrière la feinte simplicité de sa forme, Le Dragon n’est pas une pièce pour enfants, et si Schwartz utilise les codes du conte et s’amuse avec une symbolique manichéenne, il le fait avec esprit et profondeur, et surtout avec un humour redoutable.

Face à Lancelot et au Bien, le Mal prend dans la pièce plusieurs formes, dont la plus remarquable est bien sûr celle du Dragon lui-même. Comme Lancelot, c’est un personnage mythique, détaché des contingences humaines, issu de l’univers des légendes médiévales. Chez Schwartz, la bête a pris forme humaine, c’est un monstre intelligent, cynique, manipulateur, et même polymorphe.

Mais au delà de son univers merveilleux, Le Dragon se caractérise surtout par le foisonnement de personnages bien humains qui gravitent autour des personnages que l’on pourrait qualifier de « mythiques ». Et ce n’est pas un hasard. Le véritable héros de cette pièce, c’est sans doute le peuple, tous ces habitants et artisans de la petite ville où se déroule l’action et qui semble vouée à voir se succéder les tyrannies. Limiter le propos du Dragon à une dénonciation convenue et consensuelle de la dictature et de l’oppression serait laisser de côté le véritable sujet, bien plus vaste et plus passionnant, sur lequel Schwartz porte un regard. Il s’agit ici de la responsabilité des citoyens eux-mêmes dans l’établissement et le maintien des régimes dictatoriaux et des oppressions politiques. Le discours final de Lancelot aux habitants qu’il a libérés est le point d’orgue de cette problématique: si l’allégorie du Mal (le Dragon) ne peut être combattue que par l’allégorie du Bien (Lancelot), le Mal incarné en revanche doit être combattu par l’Homme; à chacun de lutter contre le Dragon qui dort en lui et qui parfois s’éveille.

On touche ici à l’un des thèmes politiques qui, au regard de notre époque, est l’un des plus pertinents et des plus intéressants du Dragon : En faisant de Lancelot le champion aveugle d’une “démocratisation forcée”, Schwartz soulève avec beaucoup de finesse la question du droit d’ingérence, non pas de sa raison d’être ou de ses motivations (pures et honnêtes dans la pièce), mais de son application, et surtout de ses conséquences. Comment ne pas rapprocher le destin des habitants du village qu’il nous décrit de celui des dizaines de peuples  qu’à vouloir à tout prix libérer nos démocraties ont ensuite abandonnés aux griffes de tyrans plus sanguinaires encore que ceux qu’elles avaient chassés? Comment savoir si certains de ceux qu’on libère aujourd’hui ne seront pas les oppresseurs de demain?

La réponse de Schwartz tient en peu de mots: l’Homme, quand il ne l’a jamais connue, a besoin d’être éduqué à la liberté. Et prendre le temps de cet apprentissage est indispensable. La vraie démocratie ne peut s’instaurer qu’avec la liberté de conscience de chacun.

L’auteur

Evgueni Schwartz

Né en 1896 à Kazan, Evgueni Schwartz, après des études de droit à Moscou, entre à 20 ans à l’Atelier Théâtral de Rostov-sur-le-Don. Parallèlement, il s’intègre à des groupes littéraires, et participe au mouvement futuriste qui prône un théâtre contestataire. Il collabore avec des revues pour enfants, et de fait une grande partie de sa production littéraire est destinée au jeune public: il y revisite, dans des adaptations modernes, d’anciens contes de fées empruntés à la tradition orale, à Perrault, à Grimm ou à Andersen. Toujours conçus avec humour et dans une perspective éducative et civique, ses contes et petites pièces montrent la nécessité d’agir, de reconnaître le mal et de ne pas y céder, l’importance de la liberté de conscience.

Le théâtre pour adulte ne viendra que plus tard, dans les années 30, avec trois pièces majeures, trois farces politiques, à forte densité satirique et chaque fois traitées comme des allégories contemporaines : Le Roi nu écrite en 1933 et interdite avant même sa création, L’Ombre créée en 1940 au Théâtre de la Comédie de Leningrad, et surtout Le Dragon écrite entre 1942 et 1944. La pièce, représentée pour la première fois en 1944, l’année qui suit la bataille de Leningrad, est immédiatement interdite. Le propos résolument « anti-autoritaire », soutenu par une ambiguité savamment entretenue qui renvoie parfois dos à dos nazisme et stalinisme, exposa cette oeuvre à la censure jusqu’au début des années 60.

Ses deux dernières pièces, Un Miracle ordinaire et L’Histoire des deux jeunes Mariés, verront le jour à la fin des années cinquante.

Atteint d’une grave maladie cardiaque, Evgueni Schwartz meurt en 1958.

La Compagnie

L’OMNIBUS

L’Omnibus est une compagnie théâtrale parisienne créée en octobre 1999 sous forme d’association régie par la loi de 1901. L’objectif de l’Omnibus est ambitieux: la compagnie veut offrir à chacun de ses membres la possibilité de travailler régulièrement sur de nouveaux spectacle, en tant que comédien, metteur en scène ou même auteur, cela dans la plus grande liberté, mais en privilégiant toujours la qualité mais aussi l’originalité des projets. Nous voulons nous laisser la liberté d’aborder toutes les formes dramatiques et tous  les types de texte. Mais nous voulons toujours que notre travail offre une vision personnelle, nouvelle, parfois expérimentale mais toujours pertinente des  œuvres sur lesquelles nous travaillons. Ainsi nous nous attachons à découvrir et explorer des formes théâtrales inattendues et des textes peu joués, mais également à offrir des approches différentes des œuvres plus connues.  À l’origine, la compagnie ne regroupait que des jeunes comédiens professionnels, issus pour la plupart -mais sans exclusivité- du Studio-Théâtre d’Asnières-sur-Seine et de la Compagnie Jean-Louis Martin-Barbaz. Mais aujourd’hui, avec le développement de ses activités, l’Omnibus c’est aussi des techniciens du spectacle, des musiciens, et une véritable structure administrative permettant la production de spectacles vivants. 

Parmi les créations portées par l’Omnibus :
La Suite au prochain Numéro…, d’après Georges Courteline, en juin 2000 au Théâtre Déjazet.
Les Mangeuses de Chocolat de Philippe Blasband, en tournée en France et en Suisse et à l’Aktéon Théâtre pour 70 représentations.
Une Femme seule et Le Réveil de Dario Fo en 2001 au Théâtre des Salorges de Noirmoutier.
Le Mandat de Nikolaï Erdman, avec Claire Nadeau (une centaine de représentations, entre autres dans le cadre du Festival Onze Bouge, au Théâtre 13 au Théâtre des Salorges de Noirmoutier, en tournée en France en 2009).



 

COMPAGNIE NARCISSE THEATRE

Elle est fondée en juin 1997 et crée Du vent dans les mots de Z. Apikian (1998), Liberté à Brême de R.W. Fassbinder et un extrait du Joueur, d’après F. Dostoïevski (1999), Ailleurs ? de Z. Apikian (2000), et Le jeu sans fin de Z. Apikian d’après A. de Musset (2001).

Durant cinq années l’association est en sommeil, permettant aux fondateurs de renforcer leurs expériences, de faire de nouvelles rencontres, et de faire émerger de nouveaux projets : La Reine des neiges d’Andersen (2006), le duo burlesque Insuline & Agonicias dans les P’tites Grandes Choses de D. Collados et A. Lamarque, Y’a plus d’saison ! – création collective sur le développement durable (2007 – résidence au printemps 2010 à la Maison des arts du Clown et du cirque), L’enfant invisible de T. Jansson, trois ciné-contes Il ne faut jamais dire fontaine, Le taureau et l’oiseau et Monsieur Boris de et par E. Bage, et Shitz de H. Levin (2008), La vie de Galilée de B. Brecht (2009) et Le Dragon d’Evgueni Schwartz en coproduction avec l’Omnibus (2012)…

Enfin, la compagnie a mis en place des stages et des ateliers théâtre animés par les artistes qui l’accompagnent, et aujourd’hui elle se définit plus par l’assemblée des artistes qu’elle soutient que par une personnalité particulière. Ce collectif de créateurs se veut résolument ouvert aux différentes esthétiques mais travaille principalement sur le corps, le mouvement, l’image et traverse les styles – du burlesque à la tragédie en passant par le conte.

Entretien

Rencontre avec Stéphane Douret – metteur en scène
Propos recueillis par Flavien Boiret pour le Théâtre 13

En 2007 vous aviez mis en scène une lecture très enlevée du Mandat de Nikolaï Erdmann au Théâtre 13, auteur méconnu, interdit en son temps et voilà que vous présentez à la rentrée Le Dragon une des cinq pièces de Evgueni Schwartz, lui aussi condamné au silence. Est-ce parce que vous avez trouvé des liens, des similitudes entre ces deux textes, que vous avez souhaité les monter ?

SD : Oui, absolument. Je n’ai jamais cherché à devenir spécialiste du théâtre russe du 20ème siècle, mais le hasard a voulu qu’au moment où je travaillais sur Le mandat, j’ai découvert Le Dragon en me documentant sur ces années terribles du stalinisme. Le Dragon m’a frappé, car bien que ce texte soit différent de celui de Erdmann, on sent la même volonté qui anime ces auteurs de vouloir parler de la liberté, de la situation de la Russie, un pays très bousculé tout au long de ce siècle. Ils le font de manière personnelle et différente sur la forme, mais avec en commun cet humour très particulier, cette liberté de ton, de blâmer, qui leur a été bien sur reprochée, avec cette folie spécifique aux auteurs russes, depuis Gogol, caractérisée par des personnages hors norme, démesurés. Ces similitudes m’ont sautées aux yeux et j’ai tout de suite pensé qu’il serait intéressant de me pencher sur Le Dragon après Le Mandat, car j’y vois une suite historique logique, la pièce de Erdmann date de 1924 et correspond à l’arrivée au pouvoir de Staline, celle de Schwartz de 1948, soit le début de la fin de ce dictateur.

Le succès rencontré par le Mandat vous a-t-il aidé à rebondir sur un autre projet, ou au contraire empêché de repartir rapidement vers une autre aventure ?

SD : Ce n’a pas été une contrainte. En 2007 Le Mandat a été très bien accueilli, à ma grande surprise, mais me sentant avant tout comédien, j’ai tendance à faire des mises en scène de manière ponctuelle, uniquement lorsque le projet me porte et m’enthousiasme : je dois reconnaître que je n’ai pas de plan de carrière. Le spectacle est parti en tournée jusqu’en 2009 et j’ai été amené à jouer plusieurs pièces, tout en mettant en chantier Le Dragon, ce qui montre bien que je ne suis pas pressé. De toute façon il me faut du temps pour mettre en place des projets qui nécessitent de lourdes équipes. Mais je vous avouerais que ce rythme me va parfaitement.

Comme chez Erdmann, on retrouve chez Schwartz un goût pour la farce, la satire, le burlesque, l’absurde, qui permettent de dénoncer à la fois les réactions du peuple face à l’oppression et de montrer du doigt une réalité politique terrifiante, celle de la dictature. Avez-vous souhaité travailler avec la dramaturge russe Marina Abelskaïa, assistante de Piotr Fomenko, pour être encore plus pertinent et coller davantage à l’actualité ?

SD : Il s’agit là encore d’une rencontre inattendue qui m’a permis de travailler avec Marina, qui a vécu longtemps en Russie et dont l’expérience est précieuse. Elle connaît très bien ce pays de contrastes et de douleurs mêlés et a répondu favorablement à la proposition de collaborer avec moi sur cette pièce. Le Dragon est connu en Russie, c’est une sorte de classique du théâtre russe et elle est très attachée à ce que raconte ce texte. Nous nous sommes rencontrés, car j’attendais que quelqu’un me donne des clés sur ce texte qui contient de nombreux messages cachés et des symboles et j’ai trouvé en Marina la personne capable de m’aider culturellement et historiquement,  à relever ici les clins d’yeux, là les références qui me seraient restés étrangers. Nous sommes partis de la traduction que j’avais et je lui ai demandé d’être au plus proche de ce qu’a écrit Schwartz, pour coller à original, rester fidèle tout en veillant à ne commettre aucun contresens.

Schwartz tout comme Erdamnn, demande un nombre important de comédiens au plateau. Comment avez-vous réuni et convaincu de vous suivre, les vingt comédiens du Dragon ?

SD : Alors ça… surtout n’y voyez pas la moindre mégalomanie de ma part. Le Dragon dénonce certes la dictature, mais va au delà de la simple dénonciation ; cette pièce met en scène les gens qui subissent cette tyrannie et Schwartz donne forcément la parole à tout un peuple : collaborateurs, dissidents, ignorants, chaque figure est convoquée sur scène. Le luthier par exemple est une référence à ceux qui écoutaient la radio alors qu’elle était interdite. J’aime cette forme de théâtre que l’on voit de moins en moins malheureusement, j’aime avoir du monde sur le plateau, cela me porte. Comment y arrive-t-on ? On essaie de s’entourer de gens fiables, avec qui l’on a travaillé, on fait des lectures, on parle avec eux. J’ai la chance d’avoir Jean-Paul Farré qui, comme Claire Nadeau sur Le Mandat, est heureux de se retrouver sur un projet de ce type, où l’on retrouve l’esprit de troupe. Ces comédiens sont souvent plus ouverts qu’on ne l’imagine et participent à ces aventures par amour pour le théâtre, parce qu’ils y croient et aussi en raison de l’image du Théâtre 13, de sa politique, qui fait confiance. Je suis content de mon équipe, j’ai pu y faire entrer de nouvelles têtes, certaines repérées lors du concours du Théâtre 13 : tout est familial.

A quoi va ressembler votre spectacle d’un point de vue scénographique et plastique ?

SD : Cette pièce nécessite un univers très fort ; c’est un conte avec des personnages improbables comme ce chat qui parle. On peu faire sobre, ou chargé, mais il faut savoir pourquoi. J’ai voulu mettre en avant les personnages, ce qui m’a fait opter pour une scénographie légère et épurée, avec beaucoup de blanc, une couleur qui m’intéresse au théâtre, où l’on préfère le noir. En l’occurrence nous avons voulu obtenir une sorte de livre de coloriage pour enfant, non terminé. La lumière aura une grande place et la folie viendra des costumes et de la musique. Les personnages sont inspirés de l’univers de John Tenniel, premier illustrateur d’Alice au pays des merveilles. Ce n’est pas gratuit car on y voit des références explicites dans la pièce.  

Vous avez choisi pour vous assister une personne dont le public du Théâtre 13 se souvient : Dimitri Klockenbring, lauréat du Concours Jeunes metteur en scène 2010 avec Le Misanthrope. Qu’attendez-vous de lui et en quoi consiste le travail, la place de l’assistant ?

SD : C’est lui qui m’a choisi (Rires) ! Ce qui m’intéresse par rapport à lui et à son travail sur Le Misanthrope, c’est son acuité technique, sa précision. Il prend le temps d’analyser, de réfléchir et moi qui travaille beaucoup à l’intuition, j’ai besoin de quelqu’un de méticuleux qui se demande pourquoi, s’interroge. Un metteur en scène ne pense pas toujours à se dire pourquoi j’ai fait comme ça et pas autrement. L’assistant doit être là pour veiller à ce que ses intuitions soient bonnes.

Comme de nombreux metteurs en scène de votre génération, vous avez débuté comme comédien et alternez volontiers ces deux casquettes, comme le prouve votre récente et très remarquée participation à Zadig de Voltaire, présenté au Théâtre 13. Comment vivez-vous ces deux activités ?

SD : C’est une question intéressante !…. Je me considère avant tout comme comédien et si l’on apprend à l’être, la mise en scène, elle, ne s’enseigne pas. Certains comédiens franchissent le pas, d’autres refusent. Etre comédien sans penser à la mise en scène est difficile et un metteur en scène qui n’a jamais testé les difficultés du comédien, de la mise en danger du plateau, me surprend, Je sais que quand je suis metteur en scène, j’apprends beaucoup sur le métier de comédien. J’aime être face à eux, en me posant les questions qu’ils peuvent se poser. Cela me fait progresser, dans les deux sens. Je suis plus facile à diriger maintenant que j’ai mis en scène, je me sens plus à l’aise car je connais les problèmes. Mais faire les deux en même temps ne me tente pas, ce n’est pas le même logiciel, je ne saurai pas comment me diriger moi-même, car un comédien est aux ordres du metteur en scène. J’essaie toujours pour ma part de respecter ses demandes, comme j’aime avoir des comédiens à mon écoute. Etre dedans et dehors est un exercice qui ne m’attire pas, les deux sont très difficiles.

De quel parcours rêviez-vous lorsque vous avez commencé à jouer et est-il conforme à vos aspirations ?

SD : J’ai un parcours très atypique! J’ai baigné dans le théâtre très jeune car ma mère m’a emmené voir des spectacles très tôt et je me souviens que dès le primaire, j’avais envie de monter des pièces Pourtant après le bac j’ai hésité à devenir comédien, pour me décider sur le tard, par rapport à certains, et du coup je n’ai pas été confronté à un plan de carrière, j’ai pris les choses comme elles venaient. Je suis entré au Studio Théâtre d’Asnières, y ai fait de belles rencontres qui m’ont ouvert des portes. J’ai saisi la chance avec philosophie, car je sais que ce métier est difficile et je n’ai pas d’ambition mal placée. Je croise souvent des gens qui planifient leur carrière à l’avance, ce qui n’a jamais été mon cas. Je veux faire ce que j’aime, avec les gens que j’aime. Mon parcours est finalement conforme, je travaille, n’ai jamais connu de périodes de vaches maigres, tout en appréciant le côté aléatoire du métier. Je ne sais pas encore ce que je ferai le 29 octobre 2012, après la dernière du Dragon. Nous verrons.
 











Presse

Un dragon qui pète le feu !

Après « le Mandat » de Nicolaï Erdman, voilà que Stéphane Douret monte « le Dragon » d’Evgueni Schwartz. Le virus du théâtre russe ?Sans doute, mais le mal est contagieux : on en redemanderait ! Car ce « Dragon » démange les esprits et empêche les consciences de s’assoupir, en nous faisant mourir… de rire. Porté par un beau travail de troupe et une fine interprétation humaniste, il offre ainsi une belle ouverture de saison au Théâtre 13/Seine.

Lancelot, chevalier sans reproche, décide de débarrasser un village d’un dragon qui l’opprime et de sauver ainsi la belle Elsa. Une gente demoiselle menacée, un infâme dragon, un preux chevalier : on serait tenté de crier au déjà lu/vu. Mais le Dragon ne cesse de surprendre, comme ces mécaniques ludiques qui révèlent toujours de nouveaux tiroirs secrets. L’art de Schwartz est bien un art du jeu : jeu parodique avec le conte d’Andersen, jeu avec les mots, les archétypes, les niveaux de lecture.

Ainsi, le conte recèle, tout d’abord, une satire (Staline ne s’y est pas trompé en l’interdisant), mais cette satire n’est qu’une facette d’une fable à portée universelle. Car non seulement le chevalier l’emporte en vain, et un usurpateur vient occuper la place du dragon terrassé, mais le dragon s’est fait homme, et se niche dans l’âme de tous ceux qui disent : « faisons comme si de rien n’était » ou « on ne peut rien y faire ». C’est là l’actualité de la pièce et sa force. Dire que le despotisme est l’affaire de tous, dire que si un dragon quelle que soit sa tête (européenne, par exemple ?) nous dévore, c’est que nous avons abdiqué avant que de combattre.

Ludique et ouverte, la mise en scène de Stéphane Douret ne sacrifie aucun de ces niveaux de lecture : merveilleux, parodie, satire et réflexion humaniste, tout est là, sans qu’un aspect ne devienne écrasant. Sur scène, les personnages passent de la raison à la folie, des rires aux larmes grâce au talent des interprètes : tout feu, tout flamme. Grâce à la distribution (celle du dragon, en particulier), au travail sur les entrées en scène, la représentation nous restitue ainsi la surprise du texte. Par ailleurs, pour souligner la leçon de Schwartz, Stéphane Douret accorde beaucoup de place aux passages en choeur : trio désopilant des veules amies d’Elsa, ou du dragon, par exemple, moments où sont réunis sur le plateau presque vingt interprètes.

Un beau travail de troupe
Scénographie, costumes et musique offrent la même richesse. Si les lignes épurées et l’aspect massif de certains éléments peuvent en effet faire songer au stalinisme, on bascule avant tout dans un univers étrange, où les arbres ont des allures d’abat-jours, les trônes ressemblent à des cercueils, et où la table est aussi haute que dans le monde merveilleux d’Alice. Le plateau est divisé en hauteur, et des voiles transforment la scène en lit, en navire où l’on vogue vers le conte ou le rêve. Les costumes empruntent les mêmes motifs de tapisserie que le décor, révélant un peuple caméléon et veule, qui se contente de faire tapisserie justement plutôt que de se soulever. Quant à la musique, tantôt féerique tantôt malicieuse, elle crée une ambiance et instaure à son tour de subtils décalages. Un beau travail de troupe, infiniment cohérent.
Bien sûr, la pièce paraît un peu longuette dans les dernières quinze minutes, bien sûr on n’est pas convaincu par tout – et en particulier par certains monologues face public –, mais on rit, on s’émerveille, on est porté par cette bande de vingt acteurs qui opèrent si bien ensemble.
Multipliant les moments de théâtre dans le théâtre, Stéphane Douret leur donne de fait l’occasion de s’en donner à coeur joie. Aucun des acteurs, même celui dont le rôle est plus modeste, ne démérite.
Mais certains personnages hauts en couleur valent particulièrement le détour. Il y a d’abord le Chat (Ludovic Ducasse, formé à l’école d’Emmanuelle Laborit), aux pantomimes si justes et si précises, le Dragon aux allures délicieuses de vieilles dames de l’aristocratie russe (Catherine Bloch), ou encore l’infâme et doucereux Henri (Igor Mendjisky), le Père éploré (Jean-Paul Farré). Saluons surtout les interprétations fortes et désopilantes de Romain Cottard et de Philippe Spiteri. Le premier campe un héros très humain, parfois ridicule, souvent très émouvant ; le second fait souffler un vent de folie sur la pièce, grâce à son énergie et à son immense potentiel comique. Délectable. ¶
Laura Plas – Les Trois Coups

A ne pas manquer !

Toujours en quête de spectacles originaux, le Théâtre 13 nous propose d’assister à un conte extraordinaire d’Evgueni Schwartz « Le Dragon ». Doté d’une scénographie impressionnante et d’une distribution exemplaire c’est, après « Le porteur d’histoire », un nouveau coup de maître réalisé par ce théâtre dont nous apprécions tant les prises de risques.

Dans une ville sous le joug d’un terrible dragon Lancelot, valeureux chevalier blessé mortellement plusieurs fois, fait son apparition pour sauver les habitants de cette oppression. Après avoir séduit la jeune fille en détresse Elsa et terrasser le dragon d’une écrasante victoire, il meurt en pleine gloire. Les habitants, pourtant libres de nouveau, retombent aussitôt sous le coup d’une tyrannie cette fois exercée par le bourgmestre avide de pouvoir. Il est toujours passionnant de découvrir ces textes qui ont connu en leur temps la censure et qui demeurent si actuels et totalement à propos. L’évidente personnification du dragon renvoie à ces années de Stalinisme subies par les Russes. Mais Schwartz ne s’arrête pas là, il ne se contente pas de simplement dénoncer un système totalitaire. En mettant en scène le
règne du bourgmestre après la défaite du dragon, il pose la question de la responsabilité du citoyen dans sa propre oppression et met en exergue la passivité du peuple. C’est donc une vraie réflexion qu’il propose en décortiquant le mécanisme de la soumission et par extension il appelle le citoyen à s’éduquer à la liberté.
Le spectacle se distingue surtout par sa scénographie et sa direction d’acteur. Les comédiens évoluent sur un plateau double dont les plans sont séparés grâce à un voile transparent. Le décor et les costumes évoquant l’univers excentrique de Lewis Caroll confère à l’ensemble une atmosphère loufoque et festive. Ce ton est volontairement très présent dans le jeu des comédiens , particulièrement celui de Lancelot qui nous offre un antihéros hilarant aux interventions décalées. On apprécie tout spécialement la prestation de Romain Cottard dans ce rôle phare qui semble avoir été taillé sur mesure pour lui. Philippe Spiteri se distingue également dans sa prestation de bourgmestre schizophrène et avide de pouvoir, il est tout simplement brillant ! Félicitons enfin Ludovic Ducasse pour sa performance entièrement muette de chat.
Quelques effets spéciaux surprenants finalisent ce tableau original. La mise en scène fourmille de trouvailles extrêmement astucieuses comme la triple interprétation du dragon pour illustrer ses multiples têtes ou encore l’utilisation d’une longue écharpe rayée pour symboliser la queue du chat.
Une réussite en tous points qui marque un début de saison en beauté au Théâtre 13 !
Audrey Jean – Theatres.com

Ne boudons surtout pas un tel plaisir.

Le chat ronronne, pelotonné dans un univers imaginairement douillet. Survient un grand échalas qui entreprend de converser avec ce chat muet et si explicite. Le chat mime, le visiteur traduit avec une impressionnante aisance, comme si cela tombait sous le sens. Nous voici en plein conte, dans une fantasmagorie de geste médiévale, entremêlée des délires-délices d’Alice au Pays des Merveilles. Le chevalier Lancelot est naïf, inconscient, intrépide, immédiatement sous le charme de la jeune Elsa, qui se sait sacrifiée par la lâcheté de son père Charlemagne, une ville entière se plie, par veulerie et crainte de pire, à la razzia capricieuse du dragon, que relaie l’autoritarisme d’un tyranneau local et de son fils ambitieux.

Mélange de Père Ubu et de Roi Lear, ce bourgmestre joue les aliénés quand ça l’arrange, son Henri de fils joue l’ami confident pour mieux trahir Elsa. Mais la victime désignée se décille progressivement sous l’effet de l’amour du beau chevalier. Fauteur de trouble dans cette servitude volontaire, Lancelot, par la simple force du non qu’il oppose à la soumission, prouve que ne pas céder suffit à ébranler les bases de l’autoritarisme et de la terreur. Le dragon a beau, comme Cerbère, avoir trois têtes, ce grand naïf l’affrontera, aidé par les artifices de quelques villageois enfin réveillés. Le combat est d’autant plus terrible que seuls les bruitages et les réactions excessives de la terreur des villageois en montrent l’ampleur. Point de réalisme démesuré, l’imagination prend le relais et s’ancre dans les réminiscences des contes d’enfant.

Il s’agit de dénoncer, certes, mais dans le rire décalé, l’émerveillement. Pour mieux mettre en garde contre la veulerie des esclaves consentants qui ne font que changer de tyran quand le héros succombe. Pauvre Elsa… Non ! Don Quichotte ne peut être mort ! Et les méchants usurpateurs seront vaincus, les lâches ridiculisés.
Les rideaux voilent et révèlent, les arbres factices se fleurissent de crépon varié, les costumes luxueusement dérisoires rappellent les toiles de Jouy et les cretonnes des bourgeoisies d’antan. Le blanc quasi omniprésent de la scène la dépouille à l’excès tout en l’étouffant, pour mieux mettre en exergue la démesure du trône et le rouge sanglant du tapis des grandes occasions.
Au coeur de cette parodie des contes d’enfance et des trios d’opéra, la naïveté est plus que jamais d’actualité, intemporelle, parce qu’elle dénonce les abdications individuelles et collectives, les dragons si humainement séducteurs, les folies rieuses qui guettent pour mieux griffer et faire rendre gorge.
La troupe des vingt acteurs est très cohérente dans toute la palette des âges, et nous fait voguer entre rires et cauchemars, tels des enfants accrochés aux basques d’un Lancelot-Romain Cottard lunaire et émouvant, fascinés par la queue d’un chat délicieux-Ludovic Ducasse, si apitoyés par les affres de la douce Elsa-Anne Barbot, terrifiés autant qu’hilares devant le méchant fourbe-Philippe Spiteri et son inquiétant gredin de fils-Igor Mendjisky.

L’auteur Evguéni Schwartz en son temps subit les foudres de la censure stalinienne pour une telle liberté de conscience et de ton. Retenons la leçon. Et ne boudons surtout pas un tel plaisir.
Annick Drogou – Spectacle sélection

Résolument actuel

A la fois conte burlesque et comédie politique, Le Dragon surprend. Avec succès, Stéphane Douret s’est emparé de la pièce amère et satirique d’Evgueni Schwartz (1896-1958) – évidemment interdite sous Staline – pour en faire un spectacle total où texte, décor, costumes et lumières offrent là une rythmologie aussi efficace que subtile. Derrière un récit mythologique en apparence naïf, Le Dragon nous parle de pouvoir politique, et plus particulièrement de l’emprise de ce dernier sur les citoyens. A la fois troublante et anticonformiste, la « farce politique » de l’auteur russe nous suggère la responsabilité de l’homme ordinaire dans son malheur. Le Dragon nous rappelle qu’une véritable instauration de la démocratie ne peut se faire sans implication personnelle des citoyens et surtout une aptitude à la liberté -thème de politique internationale résolument actuel !
Thierry De Fages – Blog de Phaco



Rencontre / débat

Rencontre
avec Stéphane Douret et toute l’équipe artistique du spectacle
le dimanche 7 octobre 2012 à l’issue de la représentation vers 17h45.
Entrée libre


Débat (hors les murs)
Création et contestation dans le théâtre russe : la satire au coeur de l’écriture
Le mercredi 26 septembre 2012, à 18h30
Avec la participation de Stéphane Drouet, metteur en scène de la pièce et Marie- Christine Autant-Mathieu,
Historienne et directeur de recherche au CNRS, spécialiste du théâtre russe et soviétique depuis la fin du XIXe siècle.

Rencontre organisée par la Bibliothèque Universitaire des Langues et Civilisations et le Théâtre 13
Auditorium du pôle des langues et civilisations
65, rue des Grands Moulins – 75013 PARIS
Entrée libre sur réservation
action-culturelle@bulac.fr
ou 01 81 69 18 38

Spectateurs sourds

Représentations signées en direct pour les personnes sourdes les
– jeudi 4 octobre à 19h30
– vendredi 5 octobre à 20h30
– dimanche 7 octobre à 15h30
(tarif réduit pour les sourds et un accompagnateur).

En partenariat avec Accès Culture



Garde d’enfants

Garde d’enfants contée
pour les enfants de 5 à 11 ans

Dimanche dimanche 30 septembre 2012 pendant la représentation de 15h30
Spectacle de conte, suivi d’un atelier puis d’un goûter.
Animé par Carole Visconti.
(6€ par enfant)
Réservation indispensable 7 jours à l’avance au 01 45 88 62 22
 



Crédit de l'image de couverture : Le DRAGON mise en scène : Stephane DOURET costumes : May KATREM photo : Luc POINTEREAU 10 septembre 2012

Galerie

Skip to content