Juanita, la catcheuse mexicaine
T13 / Bibliothèque
Naéma Boudoumi a présenté ce projet dans le cadre du Prix Théâtre 13 / Jeunes metteurs en scène 2014. Elle n’a pas été retenue pour le dernier tour, mais son engagement, sa détermination et sa générosité pour porter ce projet nous ont particulièrement touchés. Nous avons donc décidé de l’accueillir pour un nouveau temps de travail au Théâtre 13.
JUANITA,
la catcheuse mexicaine qui n’avait jamais connu d’Hommes
Deux enfants assistent à la descente du couple parental. Leur mère, passionnée de Lucha libre (catch mexicain) abandonne le domicile conjugal pour se construire une carrière. Persuadée que le monde est dénué de courage, elle part à la recherche des Hommes et du Masque d’Or. Les enfants observent leur père déboussolé , et se questionnent sur l’avenir…
Juanita… offre une vision onirique et acide de la cellule familiale. Le choix d’écrire du point de vue de l’enfant sur la violence familiale et le manque d’amour nous offre à tous des clefs de réflexions. L’imagerie du texte est propre à l’enfance : innocente, ludique.
J’ai choisi de traiter ce sujet intemporel qu’est la famille à travers un voyage dans le folklore mexicain et la Lucha libre, sport spectaculaire très populaire dans les familles mexicaines. Souvent les femmes de l’ombre deviennent des vedettes le week-end, inversant ainsi tout les codes habituels de la famille… Aussi joyeux que violent Juanita… nous offre l’espoir d’une vie meilleure et permet de constater que l’enfant est souvent le médiateur dans une famille. Comment agir lorsque l’on comprend que ses parents ne sont pas le modèle espéré et se construire une identité dans un foyer disloqué ? Comment faire face à l’inversion des rôles ?
Naéma Boudoumi
« Je n’aime pas les malades. Ils sont laids et m’ont toujours fait peur. Ma mère est restée mais je ne resterai pas. Ma maison est malade. Le silence a attaqué nos murs. J’ai gagné ma première médaille au gymnase communal. C’est bien la preuve que je vaux quelque chose. Je suis devenue la Bruja. Pourquoi rester? Je vais quitter le foyer et vivre dans un hôtel le temps de lancer ma carrière. Mes enfants comprendront quand ils seront grands. Et tout ira bien… Ils seront fiers de moi, fiers de La Bruja, fier de leur mère. » Extrait de « Juanita, la cacheuse mexicaine qui n’avait jamais connu d’Hommes »
Générique
Texte et mise en scène Naéma Boudoumi
Assistanat à la mise en scène Camille Hugues
Scénographie Maximilien Pellet
Marionnette Evandro Serodio
Costumes Sarah Topalian
Dessins Nicolas Némiri
Avec
Marwan Boullime,
Naéma Boudoumi,
Ugo Gonzales,
Lauriane Goyet,
Jinane Rault,
Chloé Renaud
Production : Compagnie Ginko, avec le soutien de Mains d’OEuvres,, La fabrique Ephéméride, l’Association Citoyenneté Jeunesse, la Mairie de Saint-Ouen, Avec l’aide d’Arcadi dans le cadre des Plateaux Solidaires , La cie Acrobatica Machina, Le Théâtre 13, Huguette Productions, Le Temps Masqué.
Sources
Une enquête de terrain
Suite à un Master en Ethnoscénologie, (lien entre les arts et les sciences humaines) j’ai entrepris de créer mes spectacles à partir de recherches sur les comportements sociaux des individus et des groupes en observation participante. Je puise mon inspiration au coeur de la sociologie et réalise des enquêtes de terrain pour chaque spectacle. J’ai fondé ma compagnie la Cie Ginko en 2008 et Juanita, la catcheuse mexicaine qui n’avait jamais connu d’Hommes sera ma troisième création. Parallèlement, j’enseigne le Théâtre dans deux conservatoires de la région parisienne,et ponctuellement dans le milieu carcéral et dans les institutions liés à l’ handicap. Il est pour moi plus que nécessaire d’aller à la rencontre des différents publics. Je mets à profit l’art pour partager et échanger sur le monde qui nous entoure. J’espère offrir une vision poétique du monde réel, remaniant ainsi des sujets de fond dans une mise en scène souvent décalée et colorée. Mon dernier spectacle Sensitives sur le corps féminin, créé en résidence à Mains d’OEuvres (93) a été Finaliste au prix Paris Jeune Talent 2012.
Une biographie de l’enfance
Ce texte contient des éléments autobiographiques mais également d’autres témoignages et observations lors de mes différentes rencontres. Juanita… est un texte d’espoir dédié à tous les enfants que j’ai rencontré dans mon parcours d’enseignante et à l’enfant que je fus.
Un plongeon dans l’imaginaire du catch
J’ai découvert le catch lors d’un stage AFDAS « Le catch, un nouveau rapport au jeu » dirigé par Daniel Jalbert, en 2011 à l’Hostellerie de Pontempeyrat. Depuis mes recherches m’ont poussé à découvrir la Lucha Libre (catch mexicain) connu pour ses figures de voltiges et ses masques colorés. Plus encore que la découverte d’un sport, j’ai entrevu un art populaire, une philosophie du combat et un rapport à l’économie particulier qui nourriront notre création.
Naéma Boudoumi
Note d’intention
Révéler l’extraordinaire dans l’ordinaire d’un drame familiale
Toujours préoccupée par ce qui attrait au genre féminin, j’ai envie d’aborder les problématiques liés à la maternité et à l’ambition professionnelle. Mon parcours artistique est lié à mon évolution personnelle et je choisi de traiter un sujet qui concerne de nombreuse femmes aujourd’hui. Parallèlement je reste très sensible au thème de l’enfance et à la construction identitaire. Juanita la catcheuse mexicaine qui n’avait jamais connu d’Hommes est né de la complexité à adhérer à certains schémas familiaux qui nous ont été transmis depuis toujours.
Nous abordons principalement la misère affective qui survient parfois au sein d’une famille; pauvreté du don, incompréhension , transmissions des peurs, silence.
J’ai choisi d’orienter l’écriture du point des enfants afin de renouer avec l’état d’enfance, sa réceptivité immédiate et son pouvoir de transformation extraordinaire par l’imaginaire. J’invite le spectateur à estimer l’individu enfant et accorder du crédit à sa parole mais aussi à ces rêveries. A travers les différents états d’isolements et de marginalisations possible au sein de cette famille je me frotte à l’instinct maternel et ses limites, aux troubles alimentaires, au mutisme, à la précarité, à la figure du père au foyer, à la puissance de l’émancipation . Je cherche à révéler l’extraordinaire dans l’ordinaire d’une famille à travers le regard de deux êtres en construction ouverts à tous les possibles.
Monstres et héros
Un chien aux yeux rouges sera représenté par une inquiétante marionnette, des mobiles seront suspendus, des ombres visiteront l’enfant la nuit. En puisant nos souvenirs dans nos anciennes visions, le propos du spectacle, ancré dans une problématique sociale et quotidienne sera traité à la frontière du réel en fantasmant les visions des personnage.
Le mysticisme comme réponse à tout
Croyances, superstitions, symboles, esprits, voix… Tout est prétexte à justifier nos choix , à accepter ce qu’on appellerait la destinée. Le mal de vivre devient alors surmontable. Accepter l’invisible c’est accepter qu’il existe une autre réalité et notre point de vue sur le monde varie inéluctablement. Juanita , l’enfant et Magadalena sont les personnages qui verront et entendront ce que les autres ne peuvent atteindre. De l’ouverture spirituelle à l’hallucination chacun tentera d’expliquer l’inexplicable. Le choix du Mexique dans cette proposition n’est pas anodin car la culture mexicaine de part ces influences diverses est emprunte à des croyances et des pratiques
allant de la religion à la sorcellerie.
DISPOSITIF SCENIQUE
« Quand l’appétit va tout va. »
La nourriture tient une place essentielle dans cette création. On mange beaucoup et tout le temps, pour se remplir, pour oublier, pour faire la fête,pour se consoler… Les repas sont pris en solo, jamais à table toujours sur le pouce, entre deux actions. L’incapacité de cette famille à trouver la stabilité s’exprime par certains troubles alimentaires des enfants. Nous n’hésiterons pas à cuisiner durant le spectacle. Il y a toujours quelque chose qui mijote, une cocote oubliée prête à exploser, un biscuit pour les invités.. Le lien social et filial circule à travers le partage ou non des denrées familiales.
Enfin, dans l’objectif de décaler l’ingestion pure des aliments nous avons débuter un laboratoire de recherche autour de la cuisine moléculaire et ses effets spéciaux afin de réaliser des gâteaux explosifs, du chocolat pétillant ou encore des assiettes comestibles.
Jardin et pourriture
Dans le jardin rien ne pousse. La maison s’effondre, la nourriture n’a plus de goût… Nous travaillerons sur la symbolique de l’effondrement et du déchet. La misère sociale et affective transpirera des éléments scénographiques qui tiendront à peine debout.
Le jardin sera représenté par un cadre de scène . Ainsi la pièce se regardera à travers ce cadre comme un tableau vivant, une fresque colorée dans laquelle nous verrions le temps passer, les déchirements mais également l’espoir d’une renaissance avec bien caché quelques fleurs intactes qui apparaîtront de manière ponctuelle.
Le folklore mexicain
Les couleurs du Mexique égaieront la scène. Le linge de la maison ainsi que le mobilier seront colorés mais patinés et usés. Nous puiserons notre inspiration dans l’iconographie naïve des exvoto.
Naéma Boudoumi
Naéma Boudoumi
Fondatrice de la compagnie Ginko, écriture, mise en scène Comédienne
Comédienne et metteur en scène, elle se forme à l’Atelier International Blanche Salant et Paul Weaver, aux Ateliers du Sudden Théâtre et participe à de nombreux stages auprès d’Ariane Mnouchkine, Mamadou Dioum, Tapa Sudana…
Formée à la danse indienne, style Bharata Natyam, au centre Vijnana Kala Vedi dans le sud de l’Inde, Naéma cultive son goût pour l’exotisme et puise également son inspiration dans les arts asiatiques tel que le Kabuki, le Bunraku… Elle fonde la Compagnie Ginko en 2008 et réalise deux performances sur le thème féminin à Paris ainsi qu’une mise en scène avec 650 jeunes danseurs pour 3 galas chorégraphiques sur les thème de la révolte et la ville au PACI.
Comédienne au théâtre et au cinéma, elle travaille avec Cyril Menegun, Balthazar Barbault, Raymond Acquaviva, Roch-Antoine Albaladejo, Anne de Petrini… Elle intégre en 2010 la Cie Casalibus, qui se produit au Cabaret Sauvage dans une adaptation d’Un Mahabharata. Parallèlement, elle enseigne aujourd’hui dans deux Conservatoires de la région parisienne, et transmet son goût de l’interdisciplinaire pour une culture alternative et ouverte.
De plus en plus investie dans le théâtre et le handicap elle intervient régulièrement à L’EMP et l’EMPRO de Rosny-Sous- Bois et jouera prochainement dans une adaptation de L’Oiseau Bleu, de Maeterlinck, mis en scène par Guillaume Caubel mélangeant des comédiens professionnels handicapés et non-handicapés. Auteur et comédienne dans Wanted, première création de la Cie Ginko, elle travaille également auprès du jeune public sur les thèmes du langage, de la marginalisation et de l’exclusion. Son dernier spectacle Sensitives a été finaliste du Prix Paris Jeunes Talent 2012 et a été créé dans le cadre d’une résidence de création à Mains d’OEuvres.