Jocaste reine
T13 / Bibliothèque
Dans une Thèbes anéantie par la peste, Jocaste, aidée par Eudoxia, sa nourrice, tente de soigner les thébains de ce fléau. Dans l’intimité du palais, elle donne son amour sans compter : à OEdipe – son époux, son fils – à Antigone la rebelle, à Ismène et à ses garçons. Mais la fatalité rôde et colle à la peau de cette lignée, malgré des révélations qui pourraient faire chavirer le destin.
Cette tragicomédie contemporaine rompt le silence de Jocaste, dépositaire de secrets de famille incroyables.
Jocaste parle et sa parole bouscule les tabous, nos croyances, les relations parents enfants. Dans une langue directe et musicale, Nancy Huston affirme l’amour humain contre la fatalité, revisite les notions de masculin et de féminin et les fondements de notre société.
Générique
Avec
Hélène ALEXANDRIDIS Jocaste
Alexandre ZAMBEAUX OEdipe
Christine PIGNET Eudoxia
Gabrielle JÉRU Antigone
Marc SÉGALA Le Choryphée
Juliette WIATR Ismène
Polynice et Etéocle (en cours)
Scénographie Thierry GRAND
Lumières Philippe MORANCÉ
Costumes Cidalia DA COSTA
Musique Frédéric GASTARD
Note d’intention
Nous sommes à l’intérieur du palais, dans la sphère familiale, douce et heureuse. Les plaintes des pestiférés viennent troubler cette famille unie et comblée. Petit à petit les plaintes sont de plus en plus présentes. La peste emporte Eudoxia, pénétrant ainsi dans le palais, puis de plus en plus oppressante, elle devient « peste psychologique » submergeant cette famille pour l’accompagner dans sa chute.
La pièce dénonce la facilité avec laquelle l’être humain s’en remet aux vendeurs d’explications, par difficulté ou par peur d’assumer ses responsabilités. Quand Oedipe recherche le meurtrier de Laïos parce que la pythie a dit que seul son châtiment libèrerait la ville de la peste, Jocaste lui rétorque que l’assainissement de la ville, le soin aux malades et la chasse aux rats seraient plus efficaces. Les dieux n’y sont pour rien. Une Jocaste lucide, amoureuse, mais pas aveugle. Une Jocaste qui refuse les modèles imposés, qui assume son amour, sa maternité, sa sexualité. Narrateur de l’action, un coryphée, qui confond Delphes et Vienne, sert d’intermédiaire entre le public et la scène, entre le présent et le passé, soulève avec humour les incohérences de cette intrigue. OEdipe est invité à s’interroger sur lui-même et à se connaître, à pratiquer la maxime du « Connais-toi toi-même » inscrite sur le fronton du temple « de Vienne, s’cuse de Delphes » dit le Choryphée.
Cette connaissance passe par l’expérience des limites, la pratique des tabous que sont le meurtre du père et l’inceste avec la mère. Elle prend une dimension dramatique, psychologique et morale. L’énigme elle-même n’est pas rapportée : elle est mise en scène à travers les découvertes que fait OEdipe sur son propre passé et sur lui-même. Elle correspond à un passage symbolique de l’ignorance à la connaissance, que Freud analysera comme une émergence de l’inconscient à la conscience. Et elle pose le problème de la responsabilité d’OEdipe : auteur de crimes contre les lois sociales et morales, commis autrefois sans le savoir, est-il réellement coupable ?
La musique composée par Frédéric Gastard, sera présente tout au long du spectacle. Elle figurera un voyage intérieur, pour entrainer le spectateur dans une sorte de transe à la manière d’un Rock psychédélique et onirique, avec des tonalités orientales. Elle sera caractérisée par une construction rythmique hypnotique, des mélodies répétitives et pénétrantes, des solos instrumentaux longs et tortueux, avec des effets sonores disparates pour symboliser la peste.
Laurence Renn Penel