Gibiers du temps
T13 / Bibliothèque
Avec Gibiers du temps, ensemble, tous vivants mêlés, nous déambulerons dans la
ville immense, nous suivrons le retour et le chemin de Thésée, l’exclu parmi les
exclus.
C’est le jour anniversaire de la mort d’Hippolyte, le fils de Thésée.
C’est le jour où comme chaque année, Démophon et Acamas, les fils de Thésée et de Phèdre, doivent offrir à leur mère un nouvel homme à consommer en souvenir de l’Hippolyte perdu des siècles auparavant.
Tous les ans Phèdre donne naissance à une fille, toutes sont élevées par Nouricielle.
C’est le jour où deux dieux sur le déclin : Hermès et Cypris-Aphrodite, délivrent Thésée, prisonnier des Enfers depuis des milliers d’années.
Dans la ville immense, Thésée est rejoint par Pythie qui lui prédit les épreuves à venir.
Commence alors la longue marche de Thésée vers sa maison où Phèdre l’attend.
Va Thésée…
Patience Phèdre ça vient…
En répétition au Théâtre 13 / Seine du 3 au 28 septembre, La compagnie présentera une résititution publique du travail réalisé dans nos murs. A ce jour, la forme n’a pas encoré été décidée. Il pourra s’agir d’une lecture, d’un extrait de mise en scène, d’une présentation du projet, d’une rencontre.
La compagnie décidera de la forme à la dernière minute.
Générique
Avec :
Marc Arnaud,
Déborah Bessoles-Llavès,
Claire Calvi,
Léna Chambouleyron,
Chloé Chevalier,
Coline Galeazzi,
Caroline Gonin,
Benoit Miaule,
Guillaume Motte,
Thibault Perrenoud,
Blandine Robert,
Régis Rossotto,
Sylvain Sounier,
Béatrice Sprunger,
Alexia Vidal
Mise en scène : Mathieu Boisliveau
Pass Prix T13
Ce Pass nominatif vous permet de voir les 6 spectacles du Prix T13, festival de mise en scène pour un total de 42€ (soit 7€ la place).
Vous pourrez également voter pour le Prix du public. Seule obligation : avoir vu les 6 spectacles et donné la grille d’évaluation remplie avec son vote. Vous pouvez aussi participer aux délibérations qui auront lieu le samedi 24 juin après la représentation du dernier spectacle, juste avant la remise du prix.
Vous pouvez choisir vos dates à tout moment, dans la limite des dates disponibles (attention certains spectacles peuvent se remplir vite). Mais une fois que vous aurez choisi, aucune modification ou annulation ne sera possible. Si vous voulez savoir où vous en êtes de l’utilisation de vos 6 places ou pour toute autre question, vous pouvez appeler notre service de billetterie au 01 45 88 62 22, du lundi au vendredi de 14h à 19h et le samedi de 14h à 17h.
La pièce
Gibiers du temps est une pièce fractionnée en trois époques :
· 1ère Epoque : Thésée
· 2ème Epoque : Voix
· 3ème Epoque : Phèdre, fragments d’agonie
Le travail de création se déroulera chronologiquement, par époque.
Gibiers du temps est une variation sur le thème mythologique de Phèdre et Hippolyte.
Pendant plusieurs années, Didier-Georges Gabily et ses acteurs ont travaillé autour du mythe de Phèdre. Gibiers du temps est le fruit de cette recherche.
Gibiers du temps est un relais entre passé et présent.
Gabily convoque les figures mythiques : Phèdre, Thésée, Pythie, Hercule, et les confronte à notre époque, à la brutalité de notre monde.
Gibiers du temps est une tragi-comédie au long cours, une pièce drôle et puissante.
Quelques thèmes de la pièce :
– Le commerce du désir – L’errance
– Le noyau familial – La vengeance
– L’incommunicabilité – La quête du pouvoir
Quelques questions que soulève la pièce :
– Que devient le désir dans un monde marchand ?
– Quelles sont les représentations actuelles du monde ?
– Quels rapports entretiennent les hommes avec la communauté ?
La démarche
Ce qui peut donc être un commencement. Prenons ça pour un
commencement
« Le travail dramaturgique avec les acteurs a débuté en amont de la lecture mise en espace de Thésée, la première époque de Gibiers du temps en juillet 2009.
Nous avions alors expérimenté ce langage singulier, nous avions cherché comment il pouvait se dire et se faire entendre. Nous avions aimé ce texte qui n’allait pas de soi, qui nous percutait, nous faisait rire et nous brutalisait parfois.
Aujourd’hui, à travers la création de Gibiers du temps, il s’agit pour moi de développer un univers poétique hors du commun, d’établir un rapport direct au public et de chercher avec les acteurs l’étonnement, le présent dans tous les instants de jeu.
La direction d’acteurs est pensée comme un aller-retour entre la fiction de la pièce et la réalité du théâtre. Un va et vient incessant entre incarnation et distanciation, un jeu de ruptures où l’on s’engage pleinement dans les situations pour mieux en sortir.
Le public est convoqué, partenaire, inclus dans la représentation : partie prenante.
Ce projet de Gibiers du temps est pour Kobal’t une nouvelle occasion d’affirmer une identité artistique forte, basée sur le travail ensemble, le plaisir et l’exigence.
Donner à entendre et à voir cette pièce tellement peu montée et pourtant essentielle, du répertoire contemporain. »
L’auteur
Didier-Georges Gabily est né en 1955.
Il était écrivain, auteur dramatique, metteur en scène et directeur du Groupe T’chan’G.
De 1993 à 1995 Gabily écrit et monte, presque en même temps, les trois époques de Gibiers du temps : Thésée ; Voix ; Phèdre, fragments d’agonie.
Didier-Georges Gabily meurt brutalement en août 1996.
L’oeuvre de Gabily est emplie d’humanité.
L’auteur questionne en permanence l’humain et son rapport à l’autre.
Il met en acte le monde et ses dérives, l’amour et la violence des hommes.
C’est un théâtre sensible qui offre un espace de parole à ceux qui ne l’ont plus, aux « sans voix » : « – tous ces êtres qui forment aujourd’hui la grande majorité de notre monde, les laissés pour compte, tous ces citoyens du monde qui ne peuvent faire entendre leur voix, tous ceux qui reste en bas. » Bruno Tackels
Romans :
– Physiologie d’un accouplement
– Couvre-feux
– L’Au-delà
Théâtre :
– Violences
– Enfonçures
– Chimère et autres bestioles
– Gibiers du temps
– TDM 3
– Contention
– Lalla (ou la terreur)
– Ossia
– Evénements
Journal :
– A tout va (1993-1996)
– Notes de travail
La Compagnie
Ils sont tous debout, habillés comme s’ils avaient guetté. Ils guettaient. Ils apparaîtront dans un désordre convenable
Kobal’t
Kobal’t est une structure créée par trois artistes : Mathieu Boisliveau, Thibault Perrenoud et Guillaume Motte :
Trois acteurs, deux metteurs en scène, un collaborateur artistique.
La rencontre s’est faite il y a maintenant dix ans lors de notre formation au Conservatoire d’Art Dramatique d’Avignon sous la direction de Pascal Papini, Eric Jakobiak et Antoine Selva.
Nous ne nous sommes jamais perdus de vue, cependant chacun de nous a mené son parcours individuel : Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris. Travail sous la direction de divers metteurs en scène tels que : Brigitte Jaques-Wajeman, Jean-François Sivadier, Roméo Castellucci, Bernard Sobel, Daniel Mesguich, Jacques Lassalle, Jean- François Matignon, Nicolas Ramond…
Fondation d’un collectif. Artiste associé d’un lieu.
Nous ressentons aujourd’hui la nécessité de nous réunir afin de développer une pensée commune.
Nous avons travaillé ensemble de nombreuses fois et au fil de nos propositions, notre désir s’est aiguisé, précisé.
La visée de notre travail est de faire oeuvre en servant des oeuvres : un théâtre d’art, où textes-acteurs-spectateurs sont incontournables.
Nous voulons mettre en valeur les auteurs – classiques ou contemporains – en défendant toujours « une parole scandaleuse, insensée, dissensuelle, et surtout (employons là le mot sans aucune réserve) poétique de l’être
avec le monde ».
Une humanité au centre de notre plateau.
Avec un public convoqué, partenaire, inclus dans la représentation : partie prenante. Ensemble, acteurs et spectateurs nous goûtons, nous partageons la pensée d’un dramaturge.
A quelle expérience nous convie t-il ?
Kobal’t s’en tient aux faits, au « corps du délit ». Pas de réponse, pas de résolution, pas de morale, pas de message, pas de solution mais peutêtre seulement un écho aux questions posées.
« Amener l’oeuvre théâtrale à ce point de tension où un seul pas sépare le drame de la vie, l’acteur au spectateur ».
Un théâtre des opérations.
Un théâtre radicalement citoyen contre la perte du sensible et du sens.
Un théâtre furieusement joyeux, cruellement drôle.
Interview
À l’issue d’une résidence à la Scène nationale de Cavaillon, Mathieu Boisliveau et ses quinze acteurs présentent une maquette de « Thésée », première époque du triptyque « Gibiers du temps ». Nourris par dix années de lecture, de jeu et de mise en scène des textes de Didier- Georges Gabily, ces quinze jours de travail exigent sont couronnés par une présentation énergique et audacieuse.
Les Trois Coups. — Votre interprétation du texte et celles des acteurs ont-elles fait l’objet de débats au cours de cette résidence?
Mathieu Boisliveau. — Pas vraiment, parce qu’on avait déjà effectué ensemble un travail à la table en 2009, pour une lecture mise en espace présentée à la Maison Jean Vilar. Il y avait cette base commune. On sait qu’on va dans la même direction, donc il n’y a pas de débat sur les interprétations. Je travaille avec les acteurs mais c’est moi qui tiens les rênes du projet. Dans une histoire comme celle-là, on ne peut pas s’égarer dans une mise en scène collective. Il y a trop de corps, le texte est vaste. Moi je suis le garant du regard. Un acteur ne peut pas jouer s’il n’est pas regardé.
Avez-vous rencontré des difficultés d’ordre scénique durant ces dix jours ?
Non, ça fait partie du travail de se heurter au plateau. Ce n’est pas un problème quand ça arrive. Il faut juste réfléchir, tester et voir les endroits où ça s’ouvre. La difficulté, c’est le manque de temps et de moyen.
Malgré ces obstacles, vous semblez travailler de façon très efficace.
Il y a du travail en amont, en petites cellules dramaturgiques : je vois les acteurs individuellement et en groupe, avant de passer au plateau. Mais je ne sais pas ce que c’est « efficace ». On s’est choisi. C’est la chance de ce groupe d’acteurs. On s’est rencontré à l’école, chacun a eu son parcours et on a choisi de se retrouver. Il ne peut pas y avoir de problème puisqu’on a fait le choix d’être ensemble, ensemble devant d’autres.
Les acteurs sont présents sur le plateau, même quand ils ne jouent pas.
Ils soutiennent toujours celui qui joue. C’est ça aussi, l’équipe. À terme, il y aura sûrement des lits pour que les acteurs puissent se reposer. Il y aura à boire et à manger. Le plateau habité comme un endroit de vie et pas comme un endroit de spectacle. Sur une pièce qui doit durer sept heures si l’on enchaîne les trois époques, on ne peut pas truquer. Le lieu de vie est donc là, dans le théâtre, avec les gens qui regardent et les gens qui parlent.
Vous mettez l’accent sur les aspects quotidiens et drôles de la pièce.
Parce que le travail se situe d’abord sur l’acteur et pas sur le personnage. Thésée ce n’est pas Thésée, c’est Guillaume Motte. Toutes notions de personnage, d’identification, de prise en charge sont complètement balayées dans le théâtre qu’on aime et qu’on essaye de faire. D’où cette proximité avec le public. C’était un enjeu de la présentation de maquette : faire taire cette réputation de langue compliquée, dure. Oui, il y a de ça, mais très jouissive aussi. La pièce est drôle et on l’oublie souvent. C’est une machine à jouer qui brasse énormément de codes théâtraux. Pour nous, c’est un plaisir de les identifier et de les jouer pleinement.
Pour l’instant, la dimension surnaturelle est surtout assumée par Chloé Chevalier, qui joue une très belle Pythie.
Je vois la première époque comme une succession de scènes d’exposition. Je pense que les figures mythiques seront plus présentes dans la deuxième époque, plus sombre, où le surnaturel prend le dessus.
Le Théâtre 13 à Paris vous accueille en septembre pour une autre résidence autour de Thésée. Vous préciserez ainsi la scénographie, l’éclairage et la musique du spectacle.
Nous replongerons aussi dans le jeu. À Cavaillon, c’était vraiment les prémices. Maintenant, il faut re-parcourir l’intégralité de la première époque et revoir ses problématiques. D’ici là, les acteurs continueront à travailler individuellement. C’est important qu’ils arrivent chargés de leur rêve sur la pièce, qu’ils aient quelque chose à défendre qui ne m’appartient pas. Ils se pencheront aussi sur la deuxième époque car je veux travailler sur l’intégralité de la pièce, c’est-à-dire sur les trois époques, sinon ça n’a pas de sens.
Vos acteurs s’adressent très souvent au public. S’ils devaient s’exprimer avec leurs propres mots, que diraient-ils ?
Que Thésée, un homme, un clochard, un exclu cherche sa maison et qu’il y en a des dizaines dehors qu’on ne regarde plus. Le théâtre de Gabily c’est un espace pour les sans voix, pour les gens qu’on n’écoute pas, qu’on ne voit plus, qui font partie du paysage. Les acteurs témoignent de ça et viennent nous convoquer, nous dire : n’oubliez pas ces gens-là.
Propos recueillis par
Delphine Padovani
Les Trois Coups