Erzuli dahomey, déesse de l’amour
T13 / Bibliothèque
Dans Erzuli Dahomey, déesse de l’amour, des événements percutants bouleversent un équilibre qui semblait s’être installé. Dès lors plus rien ne peut être comme avant. Les cultures s’entrechoquent, et la rencontre de l’autre, inévitable, apparaît comme un tremblement précieux. Une irrésistible nécessité de revivre, de se réinventer, alors même que la mort vient de frapper.
Victoire Maison est veuve et vit dans un village retiré avec ses jumeaux, leur précepteur et la bonne. Les destins de chacun semblent être endormis. Tristan, le fils aîné, reporter à l’étranger, est donné pour mort dans un crash d’avion. Un fantôme erre et ce n’est pas celui de Tristan. La mère du fantôme vient réclamer le corps de son fils. Intrusion, sursaut, électrochoc! Il faut désormais tenter de faire revivre les destins désenchantés de cette maison.
« Si Erzuli Dahomey parle du choc de deux mondes, racontant aussi, de façon hallucinée, une partie de la grande Histoire (celle de la traite et de l’esclavage), la pièce ne se situe pas moins profondément dans l’intime d’une famille. Il y est question de rapports de pouvoir, de manque d’amour, de désirs périlleux, mais aussi et surtout de solitude. Je tenais à plonger le spectateur dans un maelström de sentiments et de situations paradoxales où l’on rit au début d’une réplique pour ressentir l’instant d’après l’obscurité ou la violence, comme l’amer qui succède au doux… Ce qui est fondamental dans la rencontre entre Victoire, la femme blanche, et Félicité, la femme noire, c’est que chacune a perdu un fils. De ce point de vue, la « vérité profonde » de Félicité, c’est de faire pleurer Victoire. Le théâtre est pour moi le lieu de l’irrationnel, du poétique. » Jean-René Lemoine
L’avis du jury du Prix Théâtre 13 – juin 2016
Un spectacle qui nous emmène là où on ne s’y attend pas ! Une distribution remarquable et parfaitement dirigée. Les comédiens sont habités, engagés. Une grande unité dans les codes de jeu.
Une écriture scénique très maitrisée. C’est un travail complet : un même geste de mise en scène qui part du texte, passe par l’interprétation, le corps et l’espace de jeu. L’équilibre danse / jeu est parfait. Un travail remarquable. Une très grande originalité et une immense émotion qui tient le spectateur du début à la fin.
Générique
Avec
Adrien Bernard-Brunel Frantz,
Alvie Bitemo Félicité Ndiogomaye Thiongane,
Mexianu Medenou West,
Gilles Nicolas en alternace avec Jean-Claude Fernandez Père Denis,
Karine Pédurand Fanta,
Claire Pouderoux Sissi,
Emmanuelle Ramu Victoire Maison
Scénographie Nelson-Rafaell Madel, Lumières et collaboration à la scénographie Lucie Joliot, Musique Yiannis Plastiras, collaboration chorégraphique Gilles Nicolas
Production Compagnie Théâtre des Deux Saisons – Administration de production & diffusion Alice Perot-Hodjis, Coproduction Théâtre 13 / Paris et SACD, avec le soutien de la DRAC Martinique, du Théâtre Aimé Césaire de Fort-de-France et d’Arcadi Ile-de-France. Remerciements Karen Muller Serreau, Boubacar Samb, Emmanuel Vilsaint, la Générale, Le Hublot, Le Théâtre de l’Usine.
Jean-René Lemoine est auteur, metteur en scène et comédien. Il est né en Haïti en 1959 et installé à Paris depuis 1989. Metteur en scène de L’Ode à Scarlett o’Hara ; Ecchymose au Petit odéon et au Théâtre de la Tempête ; Le Voyage vers Grand-Rivière au Centre Dramatique National de Sartrouville ; L’Adoration est créée au Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis ; La Cerisaie d’Anton Tchekhov est la première pièce qu’il met en scène dont il ne soit pas l’auteur (Théâtre Gallia de Saintes, reprise à la MC93) ; Verbó de Giovanni Testori au Théâtre Garibaldi de Palerme ; Face à la mère à la MC93. Erzuli Dahomey, déesse de l’amour a été créée au Théâtre du vieux Colombier par la troupe de la Comédie Française. Atlantides, commande pour le projet Binôme (Théâtre et sciences) a fait l’objet d’une lecture dans le cadre du Festival d’Avignon 2013. Sa mise en scène du Jeu de l’amour et du hasard de Marivaux a été présentée au festival des Francophonies de Limoges ; Iphigénie au théâtre Apo Michanis à Athènes. Il écrit, met en scène et joue, Médée, poème enragé à la MC93, puis au Théâtre Gérard Philipe. Il a enseigné l’art dramatique au Cours Florent ; a dirigé des ateliers pour comédiens au Théâtre de la Tempête ; à la Fémis. Son travail d’écriture et de création a obtenu de nombreuses récompenses : lauréat de la Fondation Beaumarchais ; prix SACD – Théâtre pour L’odeur du Noir ; L’Ode à
Scarlett o’Hara obtient le Grand Prix de la Critique ; lauréat du Prix Guérande pour L’Adoration ; boursier de La Villa Médicis pour son projet Archives du Sud ; lauréat du prix SACD pour Erzuli Dahomey ; prix « Emile Augier » de l’Académie Française pour Iphigénie et In memoriam.
Nelson-Rafaell Madel s’est formé en Martinique notamment auprès de Yoshvani Médina, metteur en scène cubain puis de Claude Buchvald à Paris. Il fonde la compagnie Théâtre des Deux Saisons en 2007. Il met en scène Minoé, d’Isabelle Richard Taillant (2010), P’tite Souillure de Koffi Kwahulé (2013), Nous étions assis sur le rivage du monde, de José Pliya (2014). Il a été assistant à la mise en scène de Claude Buchvald, Pierre Guillois, Marie Ballet, etc. En tant que comédien, il a joué sous la direction de Yoshvani Médina, Claude Buchvald, Pierre Guillois, Naidra Ayadi, Marie Ballet, Evelyne Torroglosa, Sandrine Brunner, Paul Nguyen, Néry Catineau, Stella Serfaty, Margaux Eskenazi, Damien Dutrait. Il est également membre fondateur du collectif La Palmera.
Notes de l’auteur
Une comédie tragique
Dans Erzuli Dahomey, tout en empruntant la forme du vaudeville, je souhaitais en démonter la mécanique, y insuffler le tragique, pour raconter, entre autres, le parcours initiatique d’une mère, Victoire Maison, qui veut retrouver son fils, parti le plus loin possible. Comme point de départ de l’écriture, il y a l’univers de Pedro Almodóvar, sa profondeur existentielle et sa liberté formelle totale, confinant au kitsch. Je voulais mettre en perspective des « mythologies » très différentes, l’une populaire et « sensationnelle » et, l’autre, le vaudou, qui a acquis (malgré les clichés) ses lettres de noblesses. Lady Di est donc mise au même plan qu’une déesse haïtienne, originaire, comme son nom l’indique, du Dahomey. Le théâtre peut être le lieu de rassemblement de tout ce qui façonne nos imaginaires, et l’écriture dramatique celui de l’intrication d’éléments qui constituent notre société dans ses modernités, qu’il s’agisse de la mode, des vidéo-clips, des légendes ou du cinéma.
L’essentiel étant de recréer de la Poésie ! Erzuli Dahomey participe de mon envie de mêler le tragique et le frivole.
Différences culturelles et intimité
Si Erzuli Dahomey parle du choc de deux mondes, racontant aussi, de façon hallucinée, une partie de la grande Histoire (celle de la traite et de l’esclavage), la pièce ne se situe pas moins profondément dans l’intime d’une famille. Il y est question de rapports de pouvoir, de manque d’amour, de désirs périlleux, mais aussi et surtout de solitude. Je tenais à plonger le spectateur dans un maelström de sentiments et de situations paradoxales où l’on rit au début d’une réplique pour ressentir l’instant d’après l’obscurité ou la violence, comme l’amer qui succède au doux… Ce qui est fondamental dans la rencontre entre Victoire, la femme blanche, et Félicité, la femme noire, c’est que chacune a perdu un fils. De ce point de vue, la « vérité profonde » de Félicité, c’est de faire pleurer Victoire… Le théâtre est pour moi le lieu de l’irrationnel, du poétique. Et s’il y a une présence du poétique dans l’univers de Félicité, celui-ci n’est pas pour autant absent de l’univers de Victoire, qui a été actrice. Mais chez elle, il s’est effacé. C’est l’apparition du fantôme de West, le fils de Félicité, puis l’irruption de cette dernière, qui amorcent la « révolution » de Victoire.
Parcours initiatiques
D’autres personnages, dans Erzuli Dahomey, accomplissent leur parcours et leur initiation à l’instar de Victoire. C’est le cas du Père Denis, qui « naît » lorsqu’il tombe amoureux du fantôme de West et lorsqu’il part, ensuite, à la découverte de son propre corps jusqu’ici intouché. C’est le cas de Fanta, qui vit son dur quotidien dans la détestation de ses « maîtres », mais aussi dans un profond déni d’elle-même ; elle sera « chevauchée» par la déesse Erzuli Dahomey qui prendra possession d’elle comme une maladie mentale. West, tout comme l’Archange du film Théorème de Pasolini, est celui qui fait basculer les destins de Fanta, du Père Denis, de Victoire et de Frantz. Il les révèle à eux-mêmes. Sissi est le seul personnage de cette histoire qui ne lutte pas contre une fatalité mais qui trame, construit, organise. Avec Frantz, son frère jumeau, elle s’est réfugiée dans un autisme incestueux ; le passage à l’acte n’advient, à leur corps défendant, qu’à la fin de la pièce, dans une accélération tragique. Dans ce contexte, le mythe de Lady Di représente un peu leur Werther. Ce qui traverse Erzuli Dahomey, pour moi, c’est le vertige : les personnages perdent pied comme si aucun n’avait de terre – dans tous les sens du terme – à commencer par la terre natale ; ils sont exilés, au sens propre et figuré. C’est une pièce musicale, en ruptures de rythmes, avec ses valses récurrentes, aiguës, ses tourbillons ; entrecoupée d’adagios. Dans le gouffre, il y a les retrouvailles. Et dans les retrouvailles, il y a le gouffre.
Jean-René Lemoine
Propos recueillis par Laurent Muhleisen
Note de mise en scène
« Nous avons rendez-vous où les océans se rencontrent » Edouard Glissant
Ce qui traverse Erzuli Dahomey, pour moi, c’est le vertige : les personnages perdent pied comme si aucun d’entre eux n’avait de terre – dans tous les sens du terme – à commencer par la terre natale ; ils sont tous exilés. – Jean-René Lemoine
Manque d’amour et sursaut
Victoire Maison, traumatisée par la mort mystérieuse de son mari s’est arrêtée de vivre, elle ne partage plus grand chose avec ceux qui l’entourent. Ses enfants, les jumeaux Frantz et Sissi, se sentent seuls et livrés à eux-mêmes, ils ne peuvent compter que l’un sur l’autre pour essayer de compenser l’absence de père et la transparence de leur mère. Le Père Denis, précepteur des enfants, dévoué tout entier à l’église, à Victoire et sa famille tente d’ignorer sa chair et son esprit qui désirent autre chose. Enfin Fanta, la bonne, vit dans la frustration, dans la colère retenue, elle rêve d’un destin grandiose. Tous les personnages de la pièce manquent terriblement d’amour. Les destins au sein de cette maison sont comme endormis. La mort tragique de Tristan, le fils aîné de Victoire, l’apparition de West, le fantôme d’un jeune homme noir, l’intrusion de Félicité, sa mère, venue réclamer le corps de son fils, autant d’évènements imprévus, qui viennent bouleverser le calme apparent qui régnait jusque là dans la maison de Victoire. C’est ce sursaut, cet électrochoc, ce saisissement,
qui va faire que les personnages, ces êtres assommés, fatigués, désabusés tenteront de se réveiller et de se reprendre en main. Une irrésistible nécessité de revivre alors même que la mort vient de frapper.
S’aimer soi-même pour aimer l’Autre
Dans une seconde partie de la pièce, on assiste, étape par étape, épreuve après épreuve à la quête de chacun des personnages pour se rapprocher de soi. À l’instar d’un Théorème de Pasolini ou d’un Ikédia dans P’tite Souillure de Koffi Kwahulé, le fantôme de West vient visiter chacun des personnages, comme un spectre. Ils réveillent leurs désirs refoulés ou en sommeil. Alors plus rien ne pourra plus être comme avant. Victoire, Fanta, Sissi, Frantz et le Père Denis ont goûtés à un fruit dont ils ne seront jamais rassasiés. Au contact de West, ils apprennent tout simplement à mieux se connaître, ils se réconcilient avec leurs failles, dansent avec leurs démons. La déesse de l’amour de soi a surgit, fracassante, tonitruante, violente, elle a tout ravagé sur son passage. Après elle, c’est la folie délivrante de Fanta, la mort jouissive de Frantz et Sissi, la libération débordante du Père Denis. Pour Victoire, la rédemption finale se manifeste par la rencontre, la relation à l’Autre, un vrai choc de cultures. Edouard Glissant écrit: « Nous avons rendez-vous où les océans se rencontrent. ». C’est ainsi que Victoire quitte son village de Villeneuve en Europe pour aller à son tour, chercher son fils, sur l’île de Gorée en Afrique. Elle est face à Félicité, la sénégalaise, et elle peut désormais lui offrir l’intimité de ses larmes.
Mutation des corps
Jean-René Lemoine propose à plusieurs reprises de faire danser ces personnages, il écrit par exemple dans une didascalie: « Fanta est seule. West surgit devant elle. Elle recule. West la prend dans ses bras. Ils dansent tous deux dans le silence. ». Avec les acteurs, (dont certains sont également danseurs et/ou chorégraphe), nous chercherons les mutations de chacun des personnages. Comment ils abandonnent un corps au profit d’un autre. Dans la douceur ou par la transe. Nous créerons de vrais moments chorégraphiques, en solo, duo ou tous ensemble. Quand la danse vient s’exprimer au bout des mots et qu’elle accentue un manque ou un désir.
L’obscurité s’illumine
Avec les lumières et la scénographie, dans un premier temps, nous créerons des flashs. Comme des épisodes, des étapes se succédant et traçant le parcours et la métamorphose de chacun des personnages. Nous sommes d’abord au creux de la nuit. Puis quand survient West, le fantôme, tout est dévoilé, mais reste terne, la lumière va jusqu’à inonder le public, mais sans éclat. Le fantôme, danseur-comédien, peut circuler à sa guise. Et tandis que l’accélération tragique finale se met en place, la lumière est de plus en plus éclatante. Le seul tissu anthracite qui occupait la totalité du plateau et du fond de scène devient écru et brillant. La musique suivra le même chemin. D’abord désolée, plaintive, elle s’étoffera avec la chaleur du violoncelle et le rythme de percussions. D’un piano de Mingus vers une Jazz-Salsa » endiablée. Jusqu’à faire danser les comédiens et chalouper les spectateurs.
Précipice du jongleur
Nous rentrerons avec appétit, avec les acteurs dans chacun des registres proposés par le texte. Jonglant du mélodrame au vaudeville. Comme parfois dans la vie, à fortiori dans les moments de deuil, la souffrance profonde se mêle sans transition à une joie débridée. Il y a une concentration extrême des sentiments. Ce sont les ruptures et les syncopes de jeu, le sentiment de «déconstruction», le vertige qui permettront de faire apparaître le fil tendu de l’histoire et des destins à raconter. Le plaisir de la métamorphose, la truculence jouissive indispensable aux acteurs et pour le public.
Nelson-Rafaell Madel
Revue de presse
Le jeune metteur en scène Nelson-Rafaell Madel propose une puissante lecture de la pièce de Jean-René Lemoine « Erzuli Dahomey » pour laquelle il avait reçu le Prix Théâtre 13/Jeunes metteurs en scène. Une histoire de cultures mêlées, de retour aux racines montées avec des acteurs formidables et un poignant travail chorégraphique. Un jeune artiste à suivre de très près. Hélène Kuttner – Artistikrezo (lire article complet)
Une pluralité des cultures à l’épreuve de la vie
Lauréat 2016 / Prix Théâtre 13 / Jeunes metteurs en scène, la compagnie Théâtre des deux saisons réinvestit le plateau du Théâtre 13 / Seine pour offrir aux spectateurs une proposition aussi singulière qu’inattendue. Le jeune metteur en scène, Nelson-Rafaell Madel s’est approprié le texte de Jean-René Lemoine avec une intelligence et une finesse rare, maîtrisant le rythme d’une écriture délicate et à la fois fulgurante. Ce théâtre de l’urgence est mené, tambour battant, par une équipe de comédiens de haute volée, qui ne se perd jamais dans les méandres d’une mise en scène millimétrée. Bruno Deslot – Theatreactu (lire article complet)
Ce spectacle est un ensemble de situations qui vont d’une extrémité à l’autre : tantôt drôles, tantôt tristes ! Le tout servi avec une dose d’humour qui permet au public d’apprécier le voyage.
La confusion du départ n’est que prétexte pour aborder les vrais problèmes : le regard que l’on porte sur l’autre, la solitude au milieu des gens, la quête de l’amour ou la rédemption. (lire article complet)
Nelson-Rafaell Madel réussit à marier théâtre et poésie, pour tisser des liens entre le merveilleux, la magie-Erzuliest un Iwa (esprit, divinité) du vaudou-et de graves questions éthiques et politiques toujours d’actualité, comme le racisme et l’esclavage. Un texte de toute beauté, un théâtre de l’urgence dont on sort avec, à l’esprit, ce petit message : « Prends soin de laisser la porte ouverte au dionysiaque, au merveilleux, et de danser de temps à autre avec eux ! ». Elisabeth Naud – Théâtre du Blog (lire article complet)
Table ronde
Samedi 22 octobre 2016 de 16h à 18h
(entrée libre dans la limite des places disponibles)
Héroïnes des théâtres afro-contemporains
En collaboration avec l’Organisation internationale de la Francophonie, l’Université Sorbonne Nouvelle Paris 3, Africultures et du laboratoire SeFeA.
Programme
Projection du documentaire de Jeanne Lachèze, Pénélope Dechaufour et Sylvie Chalaye :
Héroïnes des scènes d’Afrique et des diasporas
Présentation de la dernière publication du laboratoire SeFeA :
Théâtres d’Afrique au féminin, Africultures n°103-104.
Table ronde animée par Stéphanie Bérard avec le metteur en scène Nelson-Rafaell Madel et les comédiennes et comédiens de la pièce (Karine Pédurand, Alvie Bitemo, Adrien Bernand-Brunel, Mexianu Medenou), autour de la place des femmes dans les théâtres contemporains afro-caribéens et sur les scènes d’aujourd’hui avec un focus sur la pièce Erzuli Dahomey, Déesse de l’amour de Jean-René Lemoine.
Contexte
Héroïnes des scènes d’Afrique et des diasporas
En mars 2014, à l’occasion du MASA, Marché Des Arts du Spectacle Africain d’Abidjan, le laboratoire SeFeA est invité à organiser des rencontres scientifiques internationales. L’équipe du laboratoire que pilote Sylvie Chalaye relève alors le défi de réunir des chercheurs du monde entier et organise une manifestation pensée dans le sillon de la journée de la Femme. Héroïnes des scènes d’Afrique au féminin retrace cet évènement au carrefour de la réflexion scientifique et du spectacle vivant. Des personnages héroïques aux héroïnes du quotidien, le film revient sur les temps forts mis en avant par les nombreux spécialistes des théâtres d’Afrique noire francophone entourés pour l’occasion de plusieurs artistes venues témoigner de leur pratique. Femmes de théâtre, femmes de combats ? Ce film reportage explore la question de la place de la femme dans le milieu artistique et dans le quotidien afrodescendant au cœur d’un évènement d’ampleur, le MASA, de retour en Côte d’Ivoire après plusieurs années d’interruption pour causes de troubles politiques.
Exposition
Maxime Lemoyne
Dessins (graphite et aérosol sur papier)
Exposition dans le hall du Théâtre 13 / Seine
du 13 au 23 octobre 2016
en résonance avec le spectacle Erzuli Dahomey, déesse de l’amour
Par le biais du corps, souvent nu, de la figure, du visage, vecteurs d’intimité et d’identité, je cherche, si ce n’est une vérité, à interroger ce que l’on cache. Des corps nus qu’on ne voit pas, qu’on dissimule ou qu’on représente trop peu, car pas stéréotypé ou pas assez normé.
Tout d’abord en photographie puis dans une traduction dessinée, j’interroge l’illusion de la perfection, du « bien » et du « faire bien », mis à mal ou en valeur par un défaut ou un accident. Plusieurs heures de dessin peuvent être déroutées en un quart de seconde par un jet de bombe aérosol. Je confronte le contrôle et l’aléatoire.
De la négation à la valorisation, des complexes qui, à la fois, nous perturbent et nous enrichissent. Ces envahissements impalpables ou ces gènes indélébiles rongent mais font une oeuvre.
Sur notre enveloppe corporelle, symbole d’intime, porteuse de liberté et d’appartenance, il y a aussi des absences, des cachés qui, quant à eux, sondent les doutes de l’identité. Du vide vertigineux qui porte et magnifie.
Maxime Lemoyne
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