La maladie de la famille m
T13 / Bibliothèque
La Maladie de la famille M.
Texte Fausto Paravidino
Traduction Caroline Michel
l’Arche Editeur
Mise en scène Simon Fraud
Restitution « en l’état » (lecture, extraits, présentation) d’un temps de répétition au Théâtre 13, moment précieux de rencontre entre un travail en cours et les spectateurs. Entrée libre sur réservation.
avec
Luigi / Boris Ventura Diaz
Marta / Andréa Brusque
Maria / Laura Chétrit
Gianni / Justin Blanckaert
Fulvio / Antoine Berry Roger
Fabrizio / Victor Veyron
Docteur Cristofolini / Clément Bernot
En Italie, comme dans le Far West, il existe des petites agglomérations qui se développent en bordure des grandes routes nationales…
On pourrait penser a priori que les principales ressources économiques de ce genre d’ agglomération se limitent au bar des camionneurs et à la pompe à essence, mais à y regarder de plus près, on découvre que s’y ajoutent d’autres ressources telles que l’agriculture, l’élevage ou encore les habitants eux-mêmes.
Parmi ces habitants, on trouve le docteur Cristofolini, le médecin du village. Son travail consistant d’avantage à écouter ses patients qu’à les soigner. Il se fait alors conteur d’un soir, en nous livrant une des nombreuses anecdotes de son répertoire, celle de la famille M.
La mère est décédée quelques années plus tôt, de maladie ou de désespoir et le père Luigi, qui n’a plus toute sa tête, mène la vie dure à sa descendance.
La première de la fratrie, c’est Marta, qui a fait une croix sur toute vie sentimentale afin de s’occuper du foyer et ce, sous le regard indifférent de son frère Gianni, qui végète sans emploi, occupant son temps entre fumette et virées nocturnes. Quand à la petite soeur Maria, qui contrairement à son aînée ne sait plus où donner de l’amour entre son petit copain Fulvio et Fabrizio, le meilleur ami de celui-ci.
Entre maladie du coeur ou maladie de l’âme, chacun se soigne à sa manière pour essayer d’aller mieux. Mais aller mieux, est-ce que c’est aller bien ?
La maladie de la famille M est une comédie dramatique sociale et contemporaine.
Note d’intention
Il est de ces textes où une simple lecture suffit pour que l’envie de leur donner corps et vie, de s’engager à leurs côtés, soit immédiate et spontanée.
Lorsque j’ai découvert la Maladie de la Famille M. de Fausto Paravidino, j’ai tout de suite su qu’il allait se passer quelque chose entre cette pièce de théâtre et moi. Nombreuses étaient les interrogations qu’elle m’évoquait , et un jeu de miroir s’est naturellement dressé entre cette famille M et ma propre famille. Les ressemblances qui apparaissaient n’étaient pas forcément liées aux caractères des différents membres constituants le clan mais aux échanges qu’ils avaient les uns avec les autres, cet espace dense qu’il y a entre ce qu’on choisit de dire et ce que l’on préfère taire.
D’emblée, le souhait de monter un projet autour de La Famille M. brûlait en moi mais cette évidence ,il faut ensuite pouvoir se l’expliquer, du moins tenter de comprendre pourquoi naît ce désir ?
Si je veux rêver ce projet, je dois chercher des réponses rationnelles et savoir pourquoi aujourd’hui il est nécessaire pour moi de réunir une équipe de sept comédiens pour incarner cette famille M et partager cette histoire au sein d’un théâtre, avec des spectateurs, le temps d’une représentation, puis de celles qui suivront. Pourquoi cette histoire là plutôt qu’une autre ?
Le texte de Fausto Paravidino a dans un premier temps séduit le comédien que je suis, sans doute parce qu’il affirme aimer “ un théâtre plus curieux des individus que des thématiques.”
Il se dégage de cet auteur un amour tendre pour ses personnages, comme si chacun des mots utilisés dans leurs conversations avaient été soigneusement choisis afin de créer un langage vif, fluide et naturel, tissant des caractères vrais, déjà en chair et en os . Les sept rôles qui campent cette histoire sont très équilibrés .
L’ humour des personnages, leurs blessures, leurs échanges, les situations dans lesquels l’auteur les plonge, promettent aux acteurs des partitions de haute voltige et de grands moments de scène.
Les individus dont il est ici question, Paravidino les dessine au centre et autour de la cellule familiale. C’est aussi ce qui m’a plu : choisir comme terrain de recherche “ La famille”.
Elle est unique, personnelle , et a sans doute autant de sens qu’il y a d’humains sur terre .
À mes yeux, la famille dite “nucléaire” est la première cellule politique pour les apprentis citoyens que nous sommes. C’est le premier lieu d’écoute, d’échange, de respect, de rébellion, de joie ou de tristesse. C’est à cet endroit que l’on apprend à négocier entre la place qu’on nous a donné, et celle que l’on aimerait avoir. Tout y est concentré. Mais à quels moments devient – elle une source d’aliénation ou au contraire un exutoire ? A quel moment a-t-on un besoin inconditionnel de sa famille ou bien trouve – t – on que celle-ci s’invite un peu trop dans notre sphère privée ?
Car il est aussi question de l’ à côté, de l’autre, de l’amour. Quand l’une des deux soeurs ne sait plus à qui donner de l’amour, l’autre au contraire s’en prive afin de pouvoir s’occuper de son vieux père.
Nous tenons de notre famille aussi bien les idées dont nous vivons que la maladie dont nous mourrons. M.Proust
Un deuxième point qu’il me semble important de soulever est l’espace rurale que cette histoire ramène sur le plateau de théâtre. La pièce, qui n’est autre qu’une anecdote contée par le médecin du village, dépeint une campagne désertée, laisser à l’abandon et dont il faudra sans doute fuir pour trouver du travail ou à défaut, une meilleure occupation.
FABRIZIO : On fait quoi ?
FULVIO : Les autres nous attendent à la cafèt de l’autoroute .
FABRIZIO : C’est quoi le programme ?
FULVIO : Rencard là-bas, on boit deux trois bières, on se raconte deux trois conneries, on voit si on arrive à choper un accident, on mate les camions et on rentre .
Le décor dans lequel évolue la Famille M me rappelle les comédies sociales anglaises de Ken Loach ou de Mike Leigh. C’est un peu le portrait d’une génération qui doit se prendre en main mais à qui on aurait laissé les clés d’un camion en panne. On imagine une vieille maison perdue sur le bord d’une départementale en rase campagne, le père ancien agriculteur, la mère décédée (pour ne pas dire suicidée), la fille aînée s’affairant aux tâches ménagères, le fils au chômage et la petite dernière, on ne sait même plus trop. Une inactivité pesante lie nos protagonistes qui n’arrivent plus très bien à savoir ce qu’ils ont encore à se dire, mais qui essaient tant bien que mal de s’en souvenir. Pour autant, la mécanique de la pièce est directement héritée des grandes comédies italiennes – entre le patriarche qui fait tourner en bourrique sa descendance et les quiproquos amoureux – je vois ici un certain hommage fait à Carlo Goldoni. Comme s’ il s’agissait ici de travestir une farce classique en drame contemporain, c’est en tout cas dans ce sens que nous allons axer notre travail.
Un travail minutieux qui à commencé pour moi sur le choix des acteurs. Je voulais que leurs personnalités d’hommes et de femmes soient déjà proches de celles des personnages qu’ils devront incarner, afin qu’ils prennent en charge le concret et la réalité de leurs échanges , plutôt qu’une certaine théâtralité dont s’occupe déjà le texte.
J’ai aussi fait le choix de choisir des comédiens autour de moi que je connaissais bien pour avoir déjà travaillé avec chacun d’entre eux sur différents projets.
Le plateau du théâtre sera divisé en trois espaces de jeu :
– la maison de la famille M
– le cabinet du médecin
– un arrêt de bus
Ces différents décors seront très épurés afin que, d’un simple élément scénique apparaisse une partie du lieu, suggérant l’autre à l’imaginaire du spectateur. Ce travail méticuleux sera dirigé par un scénographe .
Un travail sur l’image et la vidéo sera également effectué. Cet outil aura pour objet d’installer la campagne dans le théâtre et de relayer certaines sensations qu’aucune botte de foin sur un plateau vide ne pourrait transmettre. C’est aussi par ce biais là que nous éviterons un passage au noir pour chaque changement de scène. Ces transitions seront également accompagnées par une création musicale originale réalisée à cet effet.
Toujours difficile d’imaginer que ces quelques lignes répondent à quelque chose de concret quand je sais qu’après un mois de répétition , elles auraient sans doutes été bien différentes, portées par quelque chose qui de toute manière me dépassera, celle du comédien qui fait son travail : celui de jouer.
Simon Fraud
l’auteur
Fausto Paravidino est né le 15 juin 1976 à Gênes, mais il passe son enfance dans un village du Bas Piémont. Il suit les cours d’art dramatique au Teatro Stabile de Gênes et surprend l’Italie par la précocité et l’étendue de son talent.
Acteur sur les planches et à l’écran, metteur en scène, traducteur de Shakespeare et de Pinter, il est aussi scénariste pour le cinéma (Texas, 2005) et la télévision et se démarque volontiers par son engagement politique.
Mais il est avant tout auteur de pièces de théâtre. En 1996, il écrit sa première pièce, Trinciapollo qu’il met en scène trois ans plus tard. Suivront Gabriele en 1998, avec la collaboration de Giampiero Rappa,Due fratelli récompensé des Prix Tondelli 1999 et Ubu 2001, Tutta colpa di cupido en collaboration avec Giampiero Rappa et Lello Arena, La malattia della famiglia M, couronné du Prix Candoni Arta Terme 2000 dans la catégorie oeuvre commandée, Natura morta in un fosso (2001).
La même année, sur une commande du Royal Court Théâtre de Londres où il fut auteur en résidence, il écrit Genova 01 qui expose les tragiques incidents de Gênes survenus lors du sommet du G8 en août 2001. Viennent ensuite Noccioline (traduit en anglais sous le titre Peanuts) et Messaggi.
En France, Gênes 01 a été mis en espace par Hubert Colas dans le cadre de Act’oral n°4 en octobre 2005. Cette même pièce a été accueillie en novembre 2007 au théâtre national de la Colline dans la mise en scène de Victor Gauthier-Martin.
Nature morte dans un fossé a été créée en 2002 à Milan par l’ATIR (l’Association Théâtrale Indépendante pour la Recherche) en collaboration avec l’École d’Art dramatique Paolo Grassi dans une mise en scène de Serena Sinigaglia.
La pièce est éditée en français chez l’Arche Editeur.
le metteur en scène
Simon Fraud se forme au Conservatoire du XVème arrondissement, puis au cours Eva Saint- Paul.
Membre de la compagnie « la Société des écrans », il joue dans Soleil Noir (2006) ; L’Empire au Vingtième Théâtre (2007) ; Gore (2008); Révolution permanente (2009); One night Stand, (New Morning 2009) mis en scène par Arny Berry. Il joue également au sein de la compagnie « Noved Land », dirigée par Marcello Scuderi, dans Nunzio de Spiro Scimone au théâtre Pixel, repris au festival En Compagnies d’été au Théâtre 14.
En 2010, il crée avec Andréa Brusque la compagnie Les Chiens de paille . Il jouera dans Une envie de tuer sur le bout de la langue de Xavier Durringer, mis en scène par Andréa Brusque pendant le festival d’Avignon 2011 et deux ans plus tard dans La fuite de Gao Xingjian au t2r de Charenton. En 2012, il joue dans Le Premier et dans (Mis) en pièces d’Israël Horovitz, mis en scène par Léa Marie Saint-Germain. Il joue dans Kids de Fabrice Melquiot, mis en scène par Sophie – Claire David, pendant le festival Plein Feux au théâtre de l’Opprimé.
En 2008, pour son premier exercice de mise en scène, Simon choisit Naissance d’une tragédie d’Arny Berry réunissant 18 comédiens au théâtre du Point du jour.
En 2012, il met en scène les élèves de 3e années du Cours Eva Saint-Paul dans la comédie noire de Ben Elton, Pop Corn.
Trois années durant, il est intervenant de l’atelier théâtre du collège Modigliani dans le XVe arrondissement de Paris accompagnant des apprentis comédiens dans la création d’un spectacle.
Simon collabore avec « L’association Ferdinand » créée par Patrick Chesnais dans l’élaboration de plusieurs spots de prévention.
Au cinéma, il a un second rôle dans Contrôl X des réalisateurs belges Bernard Declercq et Thomas François et
Ker Salloux réalisé par Olivier Jahan.
Il joue dans plusieurs courts-métrages tels que Roulez jeunesse de Justin Blanckaert et Simon Fraud, Lola de
Michael Dichter ou Comme un poisson dans l’air de
Lou Nicollet.
En 2013, il joue dans Macbeth de William Shakespeare mis en scène par Arny Berry au Théatre 13 .
Il est à l’affiche dans La Fuite de Gao Xingjian mis en scène par Andréa Brusque , second projet de la Compagnie Les Chiens de paille, au théâtre du Chêne Noir pendant le festival d’Avignon Off 2014.
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