La discrète amoureuse
T13 / Bibliothèque
Mené tambour battant par une jeune stratège audacieuse et déterminée, cet imbroglio amoureux entraîne jeunes et vieux dans les méandres du désir.
Fénisa, jeune fille de bonne famille, vit presque cloîtrée par une mère trop rigide. Elle est amoureuse en secret de son voisin, le gentilhomme Lucindo. Celui-ci ne la connaît pas et est épris de Gerarda, une danseuse qui se joue de ses avances pour mieux le malmener. Un mouchoir habilement abandonné par Fénisa provoque sa rencontre avec Lucindo.
Il tombe amoureux d’elle : ils auraient pu ici se marier et avoir beaucoup d’enfants…
Mais c’est sans compter sur le Capitaine Bernardo, père de Lucindo, qui double son propre fils en demandant la main de Fénisa. Avec l’aide gouailleuse et éclairée d’Hernando, valet de Lucindo, Fénisa va entraîner tout ce petit monde dans un stratagème rondement mené et devenir ainsi actrice de son destin.
Une « comedia » dans la plus pure tradition espagnole. On en retrouve tous les éléments caractéristiques : travestissements, rebondissements, triomphe de l’amour et répliques qui font mouche. Energie de l’écriture, fougue et fantaisie des personnages font de cette pièce un vrai divertissement, dans ce que ce mot a de noble et de grand.
Jouissive à interpréter, La discrète amoureuse est une œuvre faite pour le plaisir : celui pris par les comédiens à incarner ces vivants passionnés et prêts à tout par amour, et celui du public, emmené par l’énergie de la langue et la drôlerie de l’imbroglio amoureux.
Texte édité dans la collection Les inédits du Théâtre 13 – Edition Les Cygnes
En vente à l’issue de la représentation (10€)
Edito
Par Colette Nucci – Directrice
Dépasser les apparences
Depuis les événements tragiques du 7 janvier qui nous ont tous traumatisés par leur violence et leur idéologie nauséabonde, nous avons été submergés par un flot ininterrompu d’informations et de commentaires parfois approximatifs et imprudents ; dans des affaires aussi graves il serait peut-être souhaitable que certains médias se remettent en question quant à la pertinence de diffuser des informations qui peuvent mettre en péril des vies et perturber l’action des forces de police; jusqu’où peut-on aller dans la surenchère des images et des témoignages sans verser dans le sensationnalisme, dans le sordide, dans l’indécence ?
Comment trouver les mots justes quand on réagit « à chaud » à une émotion ? Plus que jamais aujourd’hui nous avons besoin d’apaisement, de sérénité, de réflexion, pour comprendre comment et pourquoi nous en sommes arrivés là ; nous devons unir nos forces pour vaincre les extrémismes qui gangrènent notre société et menacent nos libertés fondamentales, comme celle de vivre ensemble dans la paix et le respect des opinions politiques et religieuses de chacun. Nous devons accepter nos différences et dépasser les apparences, et ceux qui s’en sont pris à des lieux de culte musulmans après les attentats de Charlie Hebdo sont des crétins qui foncent sans réfléchir et tête baissée dans le piège tendu par les terroristes qui ont semé la mort ces jours derniers. Or l’Histoire nous a démontré que les représailles ne font que radicaliser et grossir les rangs du camp adverse… Alors maintenant on fait quoi ? Aux femmes et hommes politiques qui nous gouvernent nous laissons la nécessité absolue de prendre enfin leurs responsabilités dans cette faillite annoncée depuis des années et qu’ils ontsous-estimée, trop souvent pour des raisons électoralistes et par manque de courage ; Ils ne peuvent plus se voiler la face, et c’est toujours dans les moments difficiles de notre histoire que les grands hommes d’Etat, c’est une espèce en voie de disparition hélas, se révèlent… Espérons qu’il y en aura au moins un !
Au Théâtre 13 nous continuerons à combattre l’intolérance et l’ignorance en partageant avec nos spectateurs le plaisir de la découverte d’artistes et de textes qu’on aime. Comme cette comédie inédite de Lope de Vega (1562-1634) auteur majeur du siècle d’or espagnol, et malheureusement très peu joué en France, que Justine Heynemann a eu l’heureuse idée de monter : La discrète amoureuse…ou comment une jeune fille sous la coupe d’une mère autoritaire et dévote va déployer des trésors d’inventivité pour pouvoir se marier avec celui qu’elle aime ! C’est gai, cocasse, léger…ça fait du bien !
Générique
Avec
Eléonore Arnaud (Gérarda),
Florian Choquart (Hernando),
Pablo Penamaria (Doristéo),
Jean-Philippe Puymartin (Capitaine Bernardo),
Anne-Clotilde Rampon (Fénisa),
Thomas Soliveres (Lucindo)
Françoise Thuries (Bélisa)
Traduction Benjamin Penamaria, Adaptation Justine Heynemann et Benjamin Penamaria, Assistant à la mise en scène Pauline Susini, Collaboration dramaturgie / travail préparatoire Tiphaine Gentilleau, Musique Pablo Penamaria, Création lumière Rémi Nicolas Scénographie Camille Duchemin, Costumes Camille Aït Allouache.
Tourneur Antonin Coutouly / Book your Show, Chargée de production Caroline Pellerin, Assistant de production Guillaume Alberny
Coproduction Soy Création et Nopog Productions, avec le soutien du Théâtre de L’Aventure / Ermont, de l’Adami et la participation artistique du Jeune Théâtre National. Spectacle créé en collaboration avec le Théâtre 13 / Paris.
Remerciements aux élèves de la Cuisine, à Paris Habitat, à Julien Banes et à Caroline Huppert.
Justine Heynemann
Étudiante en hypokhâgne puis en lettres modernes, Justine Heynemann est lauréate à l’âge de vingt ans d’un concours organisé par la Fondation de France. Grâce à cette bourse, Justine crée la compagnie Soy création. Forte de cette expérience, elle met en scène La Ronde au Théâtre du Lucernaire. S’en suivent alors plusieurs spectacles qui ont comme point commun d’être des classiques revisités : Le Misanthrope de Molière (joué une centaine de fois, au Lucernaire, Festival d’ Avignon puis en tournée), Louison de Musset, Andromaque de Racine, et enfin Les Cuisinières, adaptation d’une pièce de Goldoni (Théâtre 13, reprise au CDN de Nice, puis tournée.).
Avec Les Cuisinières, c’est l’appréhension d’une production plus conséquente (quatorze artistes sur scène) et Justine s’essaye au mélange des genres, puisque trois musiciens sont présents sur scène et que musiques, danses et chansons viennent ponctuer le spectacle.
Puis c’est la rencontre avec le théâtre contemporain : Bakou et les adultes de Jean-Gabriel Nordman (Théâtre du Rond Point et tournées), Annabelle et Zina de Christian Rullier (Guadeloupe), Je vous salue mamie de Sophie Arthur (Théâtre La Bruyère à Paris), Les nuages retournent à la maison de Laura Forti (Festival d’Avignon.)
Suite à cette découverte des écritures contemporaines, Justine écrit Rose Bonbon, sa première pièce pour laquelle elle reçoit l’aide de la fondation Beaumarchais. Elle la met alors en scène et le spectacle se jouera au Festival d’Avignon et en tournée. En 2012 elle met en scène Les chagrins blancs (création collective) au Théâtre Mouffetard, puis Le torticolis de la girafe de Carine Lacroix au Théâtre du Rond Point.
En 2008, pour les 300 ans des éditions Stock, elle réalise avec Artur Pais une nouvelle traduction de La Ronde d’Arthur Schnitzler. Elle met en scène cette nouvelle version au Théâtre Edouard 7, avec dans les rôles principaux des auteurs des éditions Stock tels que Pierre-Louis Basse, Laurence Tardieu, Pascal Roze, Bernard Chapuis ou Colombe Schneck.
En 2006, Justine Heynemann et la compagnie Soy Création ouvrent La Cuisine, un lieu parisien de rencontres et de répétitions où sont dispensés stages et cours de théâtres.
Justine Heynemann est également directrice de casting pour le cinéma et la télévision. Elle a collaboré, entre autre, avec John Malkovitch et Jean-Michel Ribes. Elle a réalisé plusieurs courts métrages.
Note d’intention
Au théâtre on aime, on est aimé, survient un méchant, on est trahi, on se venge, on est puni, on se repent, on aime, on est aimé… Lope de Vega
Tradition et modernité
Lors de son commencement, « la discrète amoureuse » apparaît comme une œuvre relativement classique, puis dès la deuxième journée une liberté de ton jaillit du texte, lui donnant une couleur résolument moderne qui va crescendo jusqu’à l’explosion finale, sorte d’apogée de fantaisie. Ce glissement de la tradition vers la modernité me paraît une piste de travail essentielle car c’est une façon pour Lope De Vega de proposer au public une forme théâtrale innovante.
La musique sera un agent majeur de ce passage de la tradition vers la modernité.
Acoustique, s’appuyant sur des poèmes de Lope De Vega chantés dans leur langue d’origine, elle deviendra de plus en plus contemporaine, s’inspirant du magnifique travail qu’a pu faire le duo de guitaristes « Rodrigo y Gabriela ». Elle sera prise en charge par Pablo Penamaria à la guitare (Doristéo) et Florian Choquart (Hernando) aux percussions. Elle sera pleinement intégrée à la mise en scène, permettant de véritables moments de folie collective et donnant ainsi une perspective esthétique nouvelle au spectacle.
L’aventure du désir
Restituer sur le plateau la vigueur du texte, cette course folle pour l’amour dans laquelle s’engagent tous les personnages et qui les laisse épuisés et ravis à la fin de la pièce me parait essentiel.
De cette écriture organique, charnelle se dégage une grande sensualité. Le corps en mouvement dessinera donc les lignes de force du spectacle car c’est bien le corps qui est au coeur de l’action : les personnages agissant par lui et pour lui, sous l’emprise du désir ou de leurs émotions.
Afin d’être au plus près de la jeunesse insolente et impétueuse représentée dans La discrète amoureuse, j’ai fait appel à de très jeunes acteurs, Thomas Soliveres et Anne-Clotilde Rampon. Avec leur physique encore empreint d’adolescence, ils incarneront un couple à la fois tendre et comique, sorte de Roméo et Juliette à l’enthousiasme méditerranéen et qui connaîtraient une fin heureuse.
Le triomphe de la jeunesse est en effet un ressort majeur de l’intrigue, permettant d’évoquer avec humour et férocité une génération d’aînés qui, en s’accrochant à un fantasme insensé, révèle sa peur de vieillir.
Une pièce pour les acteurs
C’est un terrain de jeu que je proposerai aux comédiens lors des répétitions. Un chantier artistique où la frontière des possibles est sans cesse repoussée et où ils se sentent libres de créer, proposer, improviser afin de s’approprier cette matière incroyablement vivante et sensuelle qu’est le texte de lope De Vega. Les répétitions débuteront par un temps de recherche permettant à chaque comédien d’avoir ainsi l’espace nécessaire à toutes sortes de propositions. Il s’agira ensuite de mettre en forme ce chantier, de lui donner une structure, tout en veillant à ne rien perdre de la liberté que chacun aura pu trouver lors de ce préambule. C’est en travaillant ainsi, en lien avec les acteurs et collectivement, que le projet artistique trouvera sa cohérence ainsi qu’un écho chez le public d’aujourd’hui.
Des femmes fortes et intrépides
« Je dois le reconnaître, vous avez une âme discrète dans un esprit viril » Lucindo à Fénisa (deuxième journée)
Depuis le début de mon parcours, l’axe principal de mon travail de metteur en scène est la femme et sa représentation théâtrale.
Au delà d’une apparente fraîcheur, la pièce propose une vision forte de la condition de la femme. Les trois personnages féminins sont prêts à outrepasser les limites fixées par les codes de l’honneur et de la bienséance pour prendre possession de leur destin et le faire coïncider avec leurs désirs. Fénisa représente particulièrement cette volonté active d’émancipation : sous des dehors angéliques, elle tire les ficelles d’un stratagème dont dépend son bonheur futur et dans lequel elle n’hésite pas à manipuler sa propre mère.
Sans doute parce qu’il y avait des actrices en Espagne au XVIIe siècle, contrairement à l’Angleterre et la France, les rôles féminins de cette pièce possèdent une vérité très particulière. Anne-Clotilde Rampon, Eléonore Arnaud et Françoise Thuries incarneront, avec leur sensibilité contemporaine, ces héroïnes d’un autre temps dont la lutte pour exister par elles-mêmes et gagner leur place dans un monde fait par et pour les hommes trouve encore aujourd’hui une résonance.
Justine Heynemann
Démarche artistique
En 1996, j’ai crée la Compagnie Soy Creation afin de mener à bien ce qui fut mon premier projet : créer un spectacle avec des jeunes issus de quartiers difficiles. Le succès de cette entreprise (prix de la Fondation de France, nombreux prix dans des festivals) m’a donné envie de me lancer dans la mise en scène.
Après La Ronde de Schnitzler et Le Misanthrope de Molière qui se sont joués au Lucernaire, au festival d’Avignon et en tournée dans toute la France, j’ai défini plus clairement mes objectifs et ceux de Soy Creation: proposer un théâtre neuf, en montant des pièces classiques méconnues du grand public (Les cuisinières, de Goldoni – 2006, Théâtre 13 ) ou des auteurs encore peu joués (Bakou et les adultes de Jean-Gabriel Nordman- 2003, Théâtre du Rond Point, Le torticolis de la girafe de Carine Lacroix – 2013, Théâtre du Rond Point).
La représentation de la féminité sur un plateau est au cœur de mon travail depuis plusieurs années. J’ai exploré cette question à travers plusieurs mises en scènes :
Louison d’Alfred de Musset (Lucernaire 2002) ; Andromaque de Racine (Lucernaire 2003) ;
Les nuages retournent à la maison de Laura Forti (Avignon 2012) ; Les chagrins blancs (création collective/ Théâtre Mouffetard 2013).
La première pièce que j’ai écrite, Rose bonbon (Avignon 2010/tournée) qui a reçu le soutien de la fondation Beaumarchais, traite également de ce questionnement.
C’est Colette Nucci, directrice du Théâtre 13, qui m’a fait découvrir les auteurs de théâtre issus du Siècle d’Or espagnol. J’ai été frappée du peu de pièces de Lope De Vega, pourtant considéré comme le
« Shakespeare ibérique », traduites en français. Cet auteur foisonnant m’a passionnée.
C’est ainsi que j’ai découvert La discrète amoureuse, qui m’a conquise par sa fraîcheur, son ironie et ses accents féministes. J’ai donc demandé à Benjamin Penamaria d’en assurer la traduction et nous avons signé ensemble l’adaptation.
Pièce classique jamais traduite en français, faisant la part belle aux femmes qui veulent sortir des limites imposées, La discrète amoureuse correspond aux deux axes de travail de la compagnie. Elle est la première partie d’un dyptique sur Lope de Vega dont le deuxième volet sera La dama boba (la fille idiote).
Justine Heynemann
Contexte historique
« Phénix dans tous les siècles, prince du vers, Orphée de la connaissance, Apollon des Muses, nouvel Horace entre les poètes, Virgile de l’épopée, Homère par ses héros, Pindare par ses chants, Sophocle des tragiques et Térence des comiques ». Juan Pérez de Montalbán, éloge funèbre de Lope De Vega
Au XVIIème siècle, l’Espagne et l’Angleterre voyaient leur théâtre révolutionné et réinventé par deux auteurs strictement contemporains : Lope de Vega (1562-1635), qui écrivit plusieurs centaines de comedias et Shakespeare (1564-1616), emblème du Théâtre Elisabéthain. Ces derniers prenaient des libertés concernant le lieu, le temps et l’action de leurs pièces que ne se sont pas autorisé facilement leurs successeurs français, sanglés dans les règles strictes du Théâtre Classique.
C’est sans doute cette liberté qui représente le mieux l’œuvre de Lope de Vega.
Fils d’un brodeur, il fut un enfant précoce et très doué, ce qui lui valut de poursuivre brillamment des études. Son œuvre est aussi foisonnante et complexe que le fut sa vie, jalonnée de multiples conquêtes amoureuses – qui le placèrent dans la nécessité d’écrire sans cesse afin de faire vivre femmes et enfants légitimes ou non – d’années militaires, alternant périodes d’exil pour des questions d’honneur et retour en grâce auprès des puissants, pour finir par une ordination en temps que prêtre, qui n’eût pourtant pas raison de son tempérament sensuel…
Le Siècle d’Or bat son plein. Cette période est celle d’une éblouissante production artistique et littéraire en Espagne, qui s’impose par sa culture. Grâce à l’afflux d’or et d’argent venus d’Amérique depuis le XVIème siècle, Philippe II fait bâtir l’Esqurial, attirant les artistes les plus renommés d’Europe. Cependant, le rayonnement culturel de l’Espagne coïncide avec un essoufflement économique interne, qui verra finir la dynastie des Habsbourg.
Le théâtre est alors le divertissement par excellence, pour le peuple comme pour les nobles. On en fait à grands renforts de machineries dans les palais royaux, mais aussi avec trois fois rien dans les cours d’auberges ou entre deux rues, aménagées pour l’occasion en corrales (premiers espaces scéniques en Espagne).
Lope de Vega écrit donc pour plaire au public, seul vrai juge. Si ses pièces – on lui en attribue plusieurs centaines – ont été taxées de frivolité et accusées de manquer de grandeur, il a pourtant écrit des pièces aussi variées que des comédies bourgeoises et rustiques, des pièces historiques ou d’inspiration religieuse. Pleinement en prise avec son temps, avec les préoccupations d’une société en mutation marquée par l’absence totale de répartition des richesses, l’exode rural ou la religiosité, les comédies de Lope de Vega explorent et arpentent le domaine poétique du quotidien, où les classes sociales continueront toujours de s’affronter, l’amour de soumettre l’âme et le cœur à des mouvements contraires, la jeunesse de vouloir vivre librement, l’honneur d’être l’apanage de tous, paysans ou seigneurs.
Extraits vidéo
Note de traduction
Note de traduction et d’adaptation
Lope De Vega écrit : «Le langage imitera la gravité royale, la décence du vieillard, les mouvements passionnés des amants (…) de manière que l’acteur (…) transporte avec lui l’auditoire», exposant sa volonté de proposer un théâtre de personnages, où le langage est la matière vivante. Il se fait par là, à l’instar des élisabéthains ou de Corneille, l’héritier de Fernando de Rojas et sa Célestine, roman-dialogué écrit en 1499 dont la forme absolument nouvelle eût un retentissement dans l’Europe entière. Elle est considérée aujourd’hui comme l’œuvre fondatrice du théâtre des Temps Modernes.
Lope de Vega se fit le passeur des multiples facettes de l’espagnol de l’époque, en rendant les particularités propres au langage de chaque classe sociale. Son écriture illustre la modernité qui vient du métissage, en mêlant un langage populaire et très imagé à un langage bourgeois, plus élégant, tout en évitant vulgarité et maniérisme. Elle tisse entre ces types de langage des tons et des styles multiples, ose le voisinage entre comique et tragique, poésie et franc-parler.
Cette variété créée une langue très vivante et concrète que nous avons voulu respecter dans la traduction. C’est l’énergie qui s’en dégage et l’irrigue qui a conduit notre travail d’adaptation. Afin de la garder intacte, nous avons choisi de condenser l’intrigue en réduisant le nombre de scènes et de personnages (quatorze à l’origine, sept dans notre adaptation).
La discrète amoureuse est une comédie mêlant rimes embrassées et rimes croisées. Après avoir essayé de restituer cette versification en français, pour tenter de préserver rimes et rythme, nous avons laissé de côté ce parti pris car il mettait en péril le respect du sens, de la précision et de l’audace de la version originale. Les traces de ce travail subsistent malgré tout dans un phrasé chantant, musical qui nous semble dans l’esprit de la pièce en espagnol. Afin d’offrir au public un peu de la beauté et de la musicalité de la langue d’origine, nous avons choisi d’intégrer quelques poèmes de Lope de Vega qui seront chantés en espagnol.
Benjamin Penamaria & Justine Heynemann
Rencontre
Rencontre avec l’équipe artistique
dimanche 22 mars 2015 à 17h45
Entrée libre
Garde d’enfants
Garde d’enfants
dimanche 29 mars 2015 à 15h30
(5€ par enfant de 5 à 11 ans).
Spectacle de conte / atelier / goûter avec Carole Visconti (réservation indispensable).
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