T13 / Glacière
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Chat noir !

Texte et mise en scène Etienne Luneau
Du 16 mai au 18 juin 2017
T13 / Glacière
Dès 12 ans 1h30

Au cabaret du Chat Noir, on chante, on danse, on boit un coup, on joue de la musique, on écrit, on peint, on boit encore un coup… A partir des textes de l’époque, nous plongeons dans cet antre de la poésie et de la désinvolture, haut lieu de la bohème montmartroise de la fin du dix-neuvième siècle, où le facétieux Rodolphe orchestre une bande d’artistes joyeux et dévergondés.


Le Chat Noir ouvre ses portes à Montmartre en 1882, dix ans après la Commune. Tandis que le Sacré-Cœur, étendard de l’ordre moral retrouvé, pousse au-dessus de leurs têtes, une fourmillante faune d’artistes en tous genres se retrouve dans ce cabaret bizarre et merveilleux pour y chérir deux marraines : l’Indépendance et la Fantaisie. Dans cette époque où tintent sourdement les premières alertes d’un conflit mondial, leurs chansons, leurs poèmes et leurs toiles disent le désespoir et la gaieté d’une jeunesse insolente et triomphante. Au Chat Noir, on publie un journal et on crée des spectacles d’ombres dans lesquels s’affirme, avant les dadas et les surréalistes, l’art subtil de se moquer de tout avec une studieuse application : de la morale, de la religion, de la politique, des artistes établis, et surtout de soi-même…

Sept comédiens, tous musiciens et chanteurs, s’emparent de cette matière ancienne qui, à la lueur de leur lampe, s’éclaire d’un éclat neuf et intense. Ils rouvrent pour un soir les portes du vieux cabaret pour y trouver intacte une verve folle : tour à tour et à la fois blagueurs, ironiques, tendres, lyriques, fumistes, anarchistes, réactionnaires, ils abordent tous les genres… sauf le genre ennuyeux.

Générique


Avec
Jean Barlerin,
Clément Beauvoir,
Isabelle Ernoult,
Clémentine Lebocey,
Etienne Luneau,
Elsa Robinne,
Joseph Robinne

D’après des textes, poèmes et chansons d’Aristide Bruant, Jean Richepin, Alphonse Allais, Rodolphe Salis, Adolphe Willette, Charles Cros, Stéphane Mallarmé, Edmond Haraucourt, Jules Vallès, Jules Jouy… Direction musicale Joseph Robinne, Décors et création lumières Nicolas Hubert

Production Compagnie Grand Théâtre, avec le soutien de l’ADAMI, la SPEDIDAM, DRAC Centre-Val de Loire, L‘Echalier, Festiv’en Marche. Remerciements au Festival de Théâtre de Seilhac et à la Compagnie ACIDU

Note d’intention

 

Le Cabaret du Chat noir

Le Chat noir est un cabaret qui a exsité entre 1881 et 1898. Aristide Bruant y chanta ses premières chansons et commença à se forger une notoriété. En nous plongeant dans cette période, nous avons découvert de nombreux autres artistes : des interprètes (Yvette Guilbert, Jane Avril…), des poètes (Jean Richepin, Verlaine, Alphonse Allais, Jules Jouy, Maurice Rollinat, Marie Krysinska…), des musiciens (Erik Satie, Debussy, Georges Fragerolle…), des peintres (Toulouse Lautrec, Adolphe Willette, Henri Rivière…)… Le fourmillement de cette faune artistique au Chat noir en fit un haut lieu de l’esprit montmartrois et un symbole de la bohème de la belle époque. La très riche matière de cette période et les nombreuses possibilités qu’elle pouvait offrir en scène nous ont ouverts d’autres perspectives : en plus des chansons, le spectacle pourrait s’appuyer sur des poèmes, des textes mais aussi des éléments graphiques de l’époque.

En plus d’être un lieu de spectacle, le Chat noir est un endroit qui revêt bien d’autres particularités. Tenu par le facétieux Rodolphe Salis, il accueille aussi la rédaction d’un journal hebdomadaire, Le Chat noir, où sont déclinés les thèmes de prédilection de la bande : la glorification de la vie montmartroise, la critique des artistes établis, une gourmandise pour le pastiche et la dérision et un goût prononcé pour le médiévalisme.
En plus d’être un organe de presse, le Chat noir est un endroit où s’invente une nouvelle forme de spectacles : inspiré par le japonisme très en vogue à l’époque, se développe au Chat noir un théâtre d’ombres dont la qualité technique impressionnera le tout Paris, puis la France entière lors de grandes tournées.

Un cabaret, un journal, un théâtre d’ombres… et un endroit où mille anecdotes font écho à la vie politique et sociale de l’époque. Par dérision, Rodolphe Salis mènera de nombreuses campagnes électorales pour se faire élire roi de Montmartre. Il avait pour coutume de délivrer des légions d’honneur à qui lui plaisait et d’habiller son personnel du costume des académiciens. Il simulera sa propre mort pour faire parler de son établissement et y faire venir l’aristocratie littéraire de l’époque. La rivalité avec les souteneurs du quartier a également été l’objet de nombreux épisodes de bagarres.

Bref, le cadre du Chat noir offre beaucoup dematière pour imaginer un spectacle où se mêleraient chanson, poésie, musique et danse dans un contexte riche et varié.

L’esprit du spectacle

Notre spectacle est un cabaret : c’est-à-dire une succession de numéros chantés, joués, dansés. Tous les comédiens chantent (en choeur et en solo), dansent et jouent d’un ou plusieurs instruments. C’est un spectacle de salle : le décor sur le plateau donne l’ambiance du Chat Noir et les interactions avec le public en font des témoins ou même des clients du cabaret.

C’est l’ambiance générale du lieu et de l’époque que nous cherchons d’abord à retranscrire : une certaine insolence, une application studieuse à se moquer de tout dans un fourmillement et un croisement artistiques d’envergure. Bref, une grande désinvolture et beaucoup de travail.

Il y a bien sûr des chansons, de la musique (Erik Satie, Claude Debussy, airs de cancan…) et nous nous sommes servis de toute la matière de l’époque (poèmes, articles du journal, citations, peinture…) pour écrire le reste du spectacle. Nous gardons toujours en tête l’idée que chaque scène est comme un numéro de cabaret qui doit à la fois s’inscrire dans un rythme général et apporter de la variété au spectacle.

Nous ne prétendons cependant pas faire un spectacle « d’époque » et nous manions cette matière ancienne avec nos mains de jeunes artistes du vingt-et-unième siècle.
Pour faire vivre l’esprit du Chat Noir, nous nous sommes inspirés du travail d’artistes de notre temps tels que : les 26000 couverts pour leur science de la dérision, les Chiens de Navarre pour la façon qu’ils ont de propager leur goût du jeu dans tout le théâtre (sur le plateau et dans le public) ou le Cirque des mirages pour cet art de remplir une chanson d’une atmosphère.

Les chansons

Nous avons écouté de nombreuses chansons grâce auxquelles nous nous sommes faits notre idée de l’époque. Notre avons commencé une sélection d’une vingtaine de chansons qui par la diversité de leurs tons et de leurs auteurs, nous semble donner un beau panorama.

Elles sont drôles, poétiques, grivoises, politiques ou sociales. Il y a des « tubes » et d’autres chansons moins connues. Nous travaillons avec les versions d’origine (sauf pour celles qui sont des poèmes qui ont été mis en musique ultérieurement) auxquelles nous donnerons notre « son ».

Des tableaux

Si ce sont les chansons qui feront la chair de notre spectacle, nous avons en plus défini différents tableaux dans lesquels elles s’inscriront. Ces tableaux nous servent à donner un axe à la sélection des textes des auteurs de l’époque et nous permetient d’envisager un fil conducteur au spectacle.

Des personnages

Les personnages qui ont peuplé le Chat Noir se distinguent par leur excentricité. Poètes, musiciens, chanteurs, peintres, artistes en tous genres, populace des bas-fonds de Montmartre ou membres de la bohème décadente, ils ont en commun, dans leur diversité, le goût de la fête et du scandale. Plutôt que d’incarner un personnage en particulier, nous avons choisi de construire des figures qui s’inspirent de plusieurs animateurs du cabaret. Le travail de chacun des comédiens consiste à enrichir son rôle de mille petits aspects piochés dans des poèmes ou des récits de l’époque pour faire un tout qui rendra l’énergie de la faune « chatnoiresque ».

Dramaturgie

Plutôt qu’une histoire, c’est une atmosphère que nous voulons raconter : celle d’un endroit où l’on défie les convenances et où l’on transgresse la morale. En dehors, ou plutôt au dessus des soucis de son époque qu’il ne cesse de railler, cet endroit est un petit ilot d’invention et d’innovation d’où s’échappent des fulgurances. A l’image des dadas ou des surréalistes qui les prendront pour modèle, les pensionnaires du Chat Noir bousculent et modifient la pensée de leur temps. « Montmartre est le berceau de l’humanité » écrit Salis, le Chat Noir en est le « moniteur ». En racontant l’histoire de ce lieu, nous voulons aussi raconter la bohème de la fin du XIXème qui, pétrie du romantisme qui a animé le siècle, refuse catégoriquement le naturalisme qui semble vouloir lui succéder, et invente avec désinvolture une autre façon d’écrire, de créer, de penser et de vivre.

La forme de cabaret est idéale pour raconter tout cela de manière impressionniste : sans s’attarder sur des détails circonstanciels, nous pouvons passer d’un évènement, d’un ton, d’une ambiance à une autre avec fluidité et simplicité. Le paysage que nous voulons peindre est plein de nuances qui se mêlent et se répondent l’une l’autre. La forme de cabaret que nous imaginons va de même : les numéros s’additionnent, et se modifient à la lumière de l’ensemble qu’ils composent.

Pour écrire le spectacle, nous nous orientons aux différents pôles que nous avons déjà décrits : les chansons, les tableaux, notre « bible » et les personnages. Un autre point de tension nous anime dans la construction de notre propos : le Chat noir s’ouvre une dizaine d’années après la Commune dont Henri Lefebvre parle ainsi :
« La commune de Paris ? Ce fut d’abord une immense, une grandiose fête, une fête que le peuple de Paris, essence et symbole du peuple français et du peuple en général, s’offrit à lui-même et offrit au monde. Fête du printemps dans la Cité, fête des déshérités et des prolétaires, fête révolutionnaire et fête de la Révolution, fête totale, la plus grande des temps modernes. […] Le peuple se complaît dans sa propre fête et la change en spectacle. Il lui arrive de s’abuser et de se tromper, car le spectacle qu’il se donne à lui-même le détourne de lui-même. Alors, comme en toute fête véritable, s’annonce et s’avance le drame à l’état pur. La fête populaire change apparemment de caractère. En vérité, elle continue ; elle s’enfonce dans la douleur. Nous savons que la
Tragédie et le Drame sont des fêtes sanglantes, au cours desquelles s’accomplissent l’échec, le sacrifice et la mort du héros surhumain qui a défié le destin. Le malheur
s’y change en grandeur et l’échec laisse une leçon de force et d’espoir dans le coeur purifié de ses lâches craintes. »

De la même manière que la Commune s’achève dans le sang, l’aventure du Chat noir s’arrête à la fin du XIXème siècle où commence à se poser les enjeux de la première guerre mondiale. Notre spectacle sera cette grande fête échevelée qui, au milieu de l’insouciance générale, laisse présager le drame et palpite d’une certaine inquiétude à laquelle le seul remède est une ardeur plus grande encore à la fête.



Bande annonce vidéo

Réalisation Quentin Defalt

Revue de presse

Ce cabaret tient du collage foldingue habilement ficelé entre boniments libertaires, disgressions fantasques, interpellations du public… En ces temps cadenassés, ce choeur discordant exhale un doux parfum de liberté et de transgression. A nous Paris

Dans un spectacle plein d’humour, sept comédiens revisitent l’histoire du célèbre “Chat noir”.


Sans chichis et en chansons. La joie de cette bande d’artistes chanteurs, musiciens, comédiens et même acrobates à s’emparer du répertoire du fameux cabaret parisien du pied de la Butte est épatante et communicative. Dans le cocon renouvelé du Théâtre 13 (rive gauche) — alors que le fameux Chat noir, sur la rive droite, de 1881 à 1897, fit s’encanailler le Tout-Paris —, tous poussent leurs refrains avec allant et talent. (…) la carte est copieuse, entre plaisir des mots et générosité musicale.
De la Ballade du roi des gueux (Richepin) à la complainte Le Chat noir (Bruant), en passant par la Partie carrée chez les Boudin et les Bouton, dont les actrices donnent ici une version savoureuse, ce cabaret du Théâtre 13 transmet la verve des poètes anarchistes et réfractaires, née sur les ruines de la Commune dans ce qu’elle a de meilleur : liberté et provocation, invention frondeuse et gourmandise de vivre. Télérama

Plutôt que de reconstituer l’histoire de ce cabaret montmartrois mythique, les sept comédiens-chanteurs-musiciens de Chat Noir en restituent la verve audacieuse. Des textes et des chansons émane une bizarrerie souvent délirante qui préfigure Dada et le ruréalisme. La chanson française recelait déjà des merveilles de fantaisie, comme Partie carrée chez les Boudin et les Bouton, magistralement interprétée, tout comme la Chanson des cloches de batême, de Richepin (Car toujours ils naîtront comme naissent d’un étron des roses).
A signaler, un spectacle d’ombres étonnant ! Et la réincarnation du Pétomane, détonante. Le Canard Enchaîné
 





Rencontre


Rencontre
Avec  toute l’équipe artistique le dimanche 11 juin 2017 après la représentation.

Garde d’enfants

Garde d’enfants contée
dimanche 11 juin 2017 pendant la représentation de 16h (6€ par enfant de 4 à 9 ans).
Spectacle de conte / atelier / goûter avec Carole Visconti (réservation indispensable).

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Galerie

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