Babacar ou l’antilope
T13 / Bibliothèque
Une histoire d’amour, une symphonie de la rencontre improbable, un hymne à la terre sur laquelle nous marchons tous et qui pourtant nous différencie selon la règle immuable de la possession.
La respiration haletante d’un homme et d’une femme reconnaissant leurs souffles sur un quai de métro parisien alors que des milliers de kilomètres de terres, de frontières les séparaient dès la naissance. Babacar et Gina, Gina et Babacar. Autour d’eux, un monde absurde, incompréhensible. Des identités se croisent sans un regard, et pourtant tout se joue ici et là en un instant. Voilà ce qu’est Babacar ou l’antilope. L’histoire d’une course à travers les frontières séparant la très vieille Afrique et la très vieille Europe.
Dans les deux premières scènes, les enjeux sont posés d’emblée. Babacar, attendant le signal pour courir, passer ce mur barbelé et passer en Europe. De l’autre côté, à Paris, apparaît une jeune femme, Gina. Son quotidien, son intense quotidien virtuel, elle joue au foot sur sa console de jeux. L’élastique de leur rencontre est tendu.
Jacques Derrida a écrit
« Il n’y a pas de culture ni de lien social sans un principe d’hospitalité »
Il y a quelques années, je regardais un documentaire sur les passages illégaux dans l’enclave de Ceuta, située entre le Maroc et l’Espagne. Un jeune sénégalais parlait de ses différentes tentatives pour passer en Europe, je l’écoutais et derrière ses mots, je voyais le fossé qui me séparait de lui. Je l’ai trouvé beau malgré la situation, son visage marqué et surtout son sourire surréaliste. Il avait toujours son sourire et n’abandonnerait jamais.
Il s’agit ici, clairement d’une révolte qui nous anime. J’ai réuni quinze artistes. Ils m’accompagnent tous comme un seul être vers l’envie commune de parler de notre époque, de notre Histoire commune et de notre inconscient collectif liés à la terre et à la frontière.
Je suis français, né de parents algériens, ces questions habitent mes écrits, mes projets. Tout mon travail consiste à les faire résonner au théâtre. Nous allons créer cette pièce en pensant évidemment à l’actualité, tout en restant pleinement dans la fable théâtrale, dans le rire et dans les larmes. Sidney Ali Mehelleb
Revenez quand vous voulez, mon vieux. La porte sera toujours ouverte.
Fermez-la en sortant !
Groucho Marx
Générique
Babacar ou l’antilope
Texte & mise en scène Sidney Ali Mehelleb
Course folle de l’Afrique vers l’Europe – Création
Avec
Nicolas Buchoux Monsieur H, Flic 3
Marie Elisabeth Cornet Femme bureau 1, Estelle, Femme Flic
Vanessa Kricève Gina
Mexianu Medenou Babacar
Eric Nesci Homme Sécurité ; Flic 1, Homme pompier 2, Les 2 Editeurs
Marielle de Rocca Serra Mina, Femme Bureau 2
Fatima Soualhia Manet Salima
Victor Veyron l’Homme Fusil, Le Journaliste Clark Kenté, Flic 2, Homme pompier 1, Marco
Assistante à la mise en scène Margot Simonney
Lumières Christine Mame
Scénographie Camille Duchemin
Costumes Angélique Calfati
Son & musique Grégoire Durrande
Chargé de diffusion Gabriel Buguet
Administration Alexandre Delawarde
Presse Jean-Philippe Rigaud
Production Les Manœuvres
Production déléguée Compagnie Narcisse
Coproduction la Ville de Grande Synthe.
Avec le soutien de la DRAC Ile-de-France, de la SACD, d’Arcadi, de la Spédidam, du Théâtre Victor Hugo de Bagneux, du Studio Théâtre de Stains, du Théâtre de Rungis, des Plateaux Sauvages – établissement culturel de la Ville de Paris, dans le cadre d’une résidence et du Théâtre 13 / Paris. Le texte a obtenu l’aide à la création du Centre National du Théâtre.
Remerciements à Aurélie Van Den Daele et le Deug Doen Group, Adama Diop, la Maison du Théâtre et de la Danse d’Epinay-sur-Seine, Myriam Yven, César Van Den Driessche, Bruno Cochet, Laetitia Guedon et Jean-Baptiste Moreno.
Sidney Ali Mehelleb – texte et mise en scène
Il commence, en 2001, sa formation au Studio Théâtre d’Asnières, dirigé par Jean-Louis Martin Barbaz. Il joue d’abord pour la Compagnie Jean-Louis Martin Barbaz travaillant sous la direction de Chantal Deruaz, Patrick Simon, Hervé Van Der Meulen, Yveline Hamon et Jean-Marc Hoolbecq. Il travaille ensuite avec Valérie Castel Jordy, Adrien Béal, Wajdi Mouawad et Laurent Pelly au Théâtre National de Toulouse.
Chaque saison depuis 2004, il anime des ateliers d’interprétation et d’écriture avec des enfants, des adolescents, des adultes, notamment à la Ferme de Bel Ebat (Guyancourt) et au Théâtre de La Nacelle (Aubergenville). Il a écrit pour le théâtre : Babacar ou l’antilope (Texte lauréat de l’aide à la création du CNT – session Novembre 2013), Quatre par trois, Swing Ring, Icham, Peter ! Pan ! Pirates ! d’après Peter Pan de James Matthew Barrie, Un arbre pousse dans le cœur des géants, L(e)Beau et L(a) Bête, Le Parfum du mur, Le Saut de l’ange et Maestria d’après Le Maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov. Pour le cinéma : De Vrais P’tits Moineaux (court métrage), L’Homme des Foules (long métrage).
En avril 2017, le Centre National des Ecritures du Spectacle et sa directrice Catherine Dan lui offre la possibilité d’écrire en résidence à La Chartreuse Villeneuve-Les-Avignon. Pendant ces trois semaines, une première version de Split voit le jour. Split s’inspire de deux basketteurs. Un croate mort en 1993, Drazen Petrovic et de son ami Serbe, Vlade Divac. Ici, l’écriture de Sidney Ali Mehelleb continue son chemin à la croisée du théâtre et du sport.
De 2007 à 2014, il a mis en scène Peter ! Pan ! Pirates !, Big Shoot de Koffi Kwahulé et Dis Camion ! de Claire Barrabes.
Sidney travaille actuellement avec Aurélie Van Den Daele au sein du DEUG DOEN GROUP en tant que dramaturge et interprète.
Les manœuvres – collectif d’artistes
Toutes les briques s’imbriquent…
Les Manœuvres sont un. Un collectif d’artistes réunis autour d’un objectif : Raconter des histoires en utilisant les talents artistiques de tous. Un ouvrier du bas de l’échelle, le manœuvre est celui qui monte tas par tas les briques, étages par étages pour construire… à bout de bras, sur son épaule, il est celui qui amène les matériaux pour construire… Sur les chantiers, les manœuvres sont légions et les maçons, les plâtriers, les chefs des travaux et les architectes ont besoin de la masse de travail qu’ils abattent jour après jour… Cette image nous sert de guide. Les Manœuvres voient le jour durant l’année 2010 à travers De Vrais P’tits Moineaux, court-métrage réalisé par Sofiane Mehelleb et Sidney Ali Mehelleb. Les deux frères sont à l’origine de la création du collectif mais leur envie est de réunir des artistes qui pourront participer et eux-mêmes initier des projets.
La Compagnie Narcisse – NAR6
Fondée en 1997, NAR6 est le terrain d’expérimentations universitaires pendant une dizaine d’années. Ensuite, la compagnie se structure et se professionnalise. Aujourd’hui, NAR6 est constitué autour d’Anne Barbot et Alexandre Delawarde par un groupe de comédiens issus du Studio d’Asnières et de l’école internationale Jacques Lecoq. Ils travaillent sur de grands textes qu’ils réinterrogent à partir de problématiques contemporaines, et qu’ils rendent abordables à tous les publics. Ils tentent de proposer, à chaque création, à chaque interprétation, dans les décalages qu’ils créent, l’émergence de points de vue singuliers, de perspectives inhabituelles. C’est ce qui fait pour eux la légitimité de l’acte artistique : créer la surprise pour provoquer l’éveil. Au travers de NAR6, Alexandre Delawarde accompagne également de jeunes artistes en leur proposant un cadre administratif, et les aide à se structurer.
Revue de presse
Cette pièce vaut tous les documents sociologiques sur le monde où évoluent les sans-papiers, ces ombres que l’on croise tous les jours, sur toutes ces frontières absurdes, celles qui séparent les pays et celles que dressent les hommes entre eux. Mais elle est beaucoup plus car il y a dans l’écriture un souffle dramatique, une poésie violente et des images fortes qui resteront. Micheline Rousselet – SNES
Le rôle de Babacar est interprété par un jeune comédien formé à l’école du Théâtre National de Strasbourg : Mexianu Medenou. Julie Brochen lui avait confié le rôle-titre de Don Juan. Il porte le spectacle, il est tout en légèreté et en finesse. Sur ce plateau nu qui se transforme tour à tour en commissariat de Police, en station de Métro, en bureau de la Préfecture, en Mer Méditerranée ou en charter, le jeune comédien est virevoltant au milieu d’une belle distribution qui défend avec ardeur cette histoire très touchante qui nous ouvrre les yeux sur le destin tragique des sans-papiers. Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Le courageux Théâtre 13 a fait le pari de confier sa grande salle à un jeune auteur-metteur en scène, Sidney Ali Mehelleb. C’est incontestablement un écrivain, à la langue riche et prolixe, et un homme de théâtre qui a le sens du plateau, de la vie et de l’image tels qu’on peut les libérer sur le plateau. Gilles Costaz – WebThéâtre
Première pièce coup de poing de Sidney Ali Mehelleb, « Babacar ou l’antilope » décrit comme un calvaire le parcours du jeune Babacar, souriant et plein d’espoir, face à la dureté du monde occidental. Pour cela, la pièce n’épargne pas le spectateur avec une violence incessante (parfois redondante) mais aussi des scènes d’une beauté et d’une puissance rare.
La mise en scène de l’auteur donne rythme et force à l’histoire de Babacar à qui on peut s’attacher rapidement. La direction d’acteurs tire le meilleur des huit comédiens tous investis et nous offre quelques scènes exceptionnelles comme le monologue de Salima (impressionnante Fatima Soualhia Manet) ou la scène finale. ce spectacle d’une force indéniable ébranle évidemment les idées sur les rapports entre l’Europe et l’Afrique. Et s’impose comme une nécessité. Nicolas Arnstam – Froggy’s delight
Extrait vidéo
Réalisation : Quentin Defalt
Génèse du projet
Il y a maintenant six années, je regardais un documentaire sur les passages illégaux à la frontière de Ceuta. J’ai été hanté par certaines images, dont une. Il y avait une image infrarouge, filmée de nuit, d’un nombre important de jeunes africains courant pour passer la frontière entre le Maroc et l’Espagne. Ils couraient dans un sens et les balles volaient de l’autre, en atteignaient certains, d’autres passaient à travers les rafales… Au début, je ne comprenais pas ce que je regardais. Je pensais à des images de fictions, je ne sais toujours pas pourquoi j’ai eu ce réflexe. Puis, j’ai vite compris qu’il n’y avait là aucune distance, les images étaient brutes. Quelques jours après, je voyais un autre reportage sur ces passages de frontières mais cette fois-ci sur la mer, en canaux. Autre manière de ne plus comprendre, ce qu’est une frontière. Un jeune sénégalais parlait de ses différentes expériences, je l’écoutais et derrière ses mots, je voyais le fossé qui me séparait de lui. Je l’ai trouvé beau malgré la dureté de ses expériences successives, son visage marqué et surtout son sourire surréaliste. C’était un choc émotionnel qui m’intriguait. Il avait toujours le sourire et n’abandonnerait jamais.
J’ai commencé à écrire, quelques jours après, les premières scènes du passage à la frontière. Toutes se sont mises en place naturellement. Quelques mois plus tard, j’allai voir ma famille à Marseille, je devais pour un déménagement faire un tri dans mes cartons de lycéen… quel étonnement de tomber sur de vieux cahiers remplis de textes concernant ces passages aux frontières ! Là est l’inconnu pour moi. Quelles sont les raisons qui au lycée, m’ont poussées à écrire sur la frontière et ceux qui les traversent « illégalement » ? Je ne me souviens d’aucun fait pouvant engendrer ces écrits. Pourtant, les traces sont là. Étant d’origine algérienne, je fais certains rapprochements avec des expériences familiales, des liens se font mais je ne peux pas plus expliquer mon besoin d’écrire et porter sur une scène cette histoire.
L’écriture de Babacar ou l’antilope n’a jamais été dissociée de la scène. C’était évident. Je suis acteur en premier lieu. Mon expérience du plateau ne se dissocie pas de mes envies de lier l’écriture et la mise en scène. Je vois ça comme trois marathoniens qui se tirent la bourre malgré les longs kilomètres à parcourir. J’imaginais le spectacle en écrivant. Plus j’écrivais, plus je laissais place à autre chose que la thématique des sans-papiers ; il a vite été très clair que ce ne serait pas un plaidoyer pour défendre cette « cause ». C’est là qu’intervient la deuxième partie du titre, la référence à l’antilope. Un animal sans territoire. C’est assez rare pour le préciser. Il était important pour moi de mettre au cœur de cette histoire le rapport à la terre, au territoire que ce soit à l’écrit et au plateau. L’antilope est arrivée par ces envies de courses que j’avais à l’époque, j’allais souvent courir et ce besoin m’interrogeait. J’entendais des commentateurs sportifs parler de Marie Josée Pérec, de Usain Bolt ou d’autres, les comparant à des gazelles ou des antilopes. Je me suis donc penché sur ces dernières et j’ai été fasciné. Je me suis dit qu’il serait beau, en imaginant le spectacle, de rapprocher Babacar et l’antilope, et de construire autour. L’antilope est sans territoire et bouge selon ses envies, ses élans. Cela crée des moments très simples de joie et d’autres moments plus tendus avec certains animaux qui eux, possèdent un territoire.
Sidney Ali Mehelleb
Note d’intention
La course folle
La pièce est constituée de trente et une scènes qui forment la ligne centrale de l’histoire, celle de Babacar, sa rencontre avec Gina. Un monde urbain et absurde gravite autour d’eux, dessiné par une galerie de personnages.
Il y a également quatre scènes de Bouffons qui creusent La Grande Histoire de La Terre et de La Frontière et une scène Annexe qui concerne uniquement le personnage de Salima, où l’écriture (son écriture) vacille.
Pour créer Babacar ou l’antilope, je fais appel à plusieurs artistes. Camille Duchemin à la scénographie, Christine Mame à la lumière, Angélique Calfati aux costumes et Grégoire Durrande à la musique.
Ensemble, notre objectif est de définir un dispositif scénique pour le jeu, un dispositif où le jeu des acteurs sera déployé et leurs imaginaires démultipliés. Ensemble, nous partons sur une thématique qui nous aide à enrichir l’histoire et le propos de la pièce. L’aéroport. La pièce se termine par une reconduite à la frontière, la frontière « officielle », l’aéroport.
Dans les deux premières scènes, les enjeux sont posés d’emblée. Babacar, attendant le signal pour courir, passer ce mur barbelé et passer en Europe. De l’autre côté, à Paris, apparaît une jeune femme, Gina. Son quotidien, son intense quotidien virtuel, elle joue au foot sur sa console de jeux. L’élastique de leur rencontre est tendu.
À partir de là, nous allons voir apparaître plusieurs obstacles au franchissement de la frontière.
Rencontre avec… Babacar
Pour décrire la dimension du personnage de Babacar et la manière dont il évolue, je dois m’arrêter sur le sous-titre de la pièce. L’antilope. Elle est un animal sans territoire, c’est ce qui m’intéresse ici. Rien dans le texte ne fait mention d’une quelconque raison sociale ou économique pour son passage à la frontière. Un choix volontaire. C’est uniquement un besoin vital de voyager, de bouger, d’aller voir ailleurs. Cependant, sa trajectoire n’est pas naïve, elle est positive. Babacar va se heurter aux situations qui découlent de sa situation illégale, mais dans l’envie il regarde devant. Pour lui tout est possible. Même face à la violence, ses réactions sont pleines de surprises. Il n’est jamais là où on l’attend, ses réponses et ses réactions sont fragiles mais puissantes par l’évocation qu’elles font d’un homme bon. Même face à l’atrocité, il désarçonne par sa joie de vivre et de bouger. Toutefois, cette dimension se trouve confrontée à des limites lorsque une phrase de trop fait déborder le vase de l’acceptation.
Rencontre avec… Gina et Mina
Gina a une tâche sur son cou en forme de sabot de taureau. Gina est cette Histoire Antique. Gina est une pile électrique passionnée par le football. Elle passe tout son temps sur sa console de jeux vidéo. Elle a peu de contact avec le monde, si ce n’est une amie, son amie Mina. Avec cette amitié sur le devant de la scène, je veux mettre en avant une génération, ma génération. Une jeunesse inondée d’informations où les émotions ne prennent plus la peine d’être traversées. Les trajectoires de Mina et Gina sont pleines de cette prise de conscience. Elles se prennent la réalité en pleine face, leurs corps vont changer, leurs places dans le monde vont changer et leurs voix aussi.
Rencontre avec… Salima
Salima est tous ceux qui passent. Elle porte le monde dans ses mains. Elle écrit pour décrire et dire. Elle est celle qui par l’écriture donne du relief à l’absurdité du mot « frontière ». Salima est une algérienne qui est aussi en attente, pour passer. Babacar voit en elle une âme soeur instantanément. Salima est historienne. Elle est ici, pour voir, pour sentir et écrire. La folie de son écriture se situe ici dans une confrontation avec le réel, sa trajectoire est tragique. Elle fonce dans la rencontre avec Babacar comme une assoiffée du monde. Elle bouscule toutes les idées reçues sur la transmission de l’Histoire. Elle porte en elle le regard du vagabond, elle convoque toutes les grandes figures de révoltés, passant de Virginia Woolf à Bertrand Cantat en une réaction, elle est une réincarnation d’Arthur Rimbaud perdu en Abyssinie, elle est Albert Camus et Jean Genet par le regard qu’elle porte sur le monde, son charisme est celui d’Angela Davis. Elle se met en condition pour écrire avec son sang. Elle porte jusqu’au bout cette dimension. Salima possède une profondeur et une pulsion de vie et de folie qui feront aussi grandir Babacar. Ils parcourent ensemble des kilomètres, ils vivent ensemble et leur amitié trace une voie dans la terre. Sa voix est pour l’intelligentsia comme le feu… incontrôlable, à surveiller, à cadenasser.
Rencontre avec… des êtres
La galaxie de personnages qui gravitent autour de Babacar, Gina, Mina et Salima sont pour la plupart des êtres unis à leurs fonctions dans la société : un Homme Fusil, un Journaliste « presque super-héros », trois Flics et une Femme Flic, deux Hommes Pompiers, Un Homme Sécurité… une destinée tracée et subie. Ici résonne encore l’Antique filiation de la pièce. Des fonctions qui deviennent obstacles selon les situations. L’idée est de se confronter aux institutions et non aux êtres. Sentir les bords du cadre pour pouvoir l’exploser. Mais la particularité de cette galaxie est qu’elle n’est pas manichéenne. Chaque personnage possède une humanité, des contradictions et des réactions face aux situations. Ils expriment ma volonté de décaler le propos, d’être des êtres poétiques, des personnages de théâtre pour que le miracle (sous toutes ses formes) advienne. Le miracle est positif et négatif. Il regarde droit dans les yeux chaque personnage et lui intime de le traverser, de le connaître. Ces personnages sont voulus comme poreux. Poreux à la grande Histoire qu’ils représentent.
Rencontre avec… des bouffons
Il y a un univers parallèle à l’histoire centrale de Babacar. Un univers autre qui fait prendre de la hauteur… Celui des « Bouffons ». Des bouffons sortent de terre et prennent la forme d’abord de monstres, puis d’enfants monstrueux, puis d’huiles monstrueuses et d’une troupe de théâtre monstrueuse jouant l’Avare de Molière « dans un décor de 1900 ». Ils débarquent dans l’avancée du drame comme un cheveu sur la soupe pour apporter un regard différent, grinçant et drôle je l’espère. Ils ont en eux la capacité de mettre à distance par leurs frasques. Je les imagine comme une vision contemporaine des Marx Brothers. Ils mettent en relief, par tous les moyens possibles et imaginables, la bêtise du trait dessiné au sol pour dire « ici c’est chez toi, ici c’est chez moi ».
Sidney Ali Mehelleb
Expo Eric Bouvet
Guerre et Paix
Une exposition photographique d’Eric Bouvet
du 3 janvier au 5 février 2017 – Hall du Théâtre 13 / Seine
Plus de trente années de conflits avec quelques images d’Afghanistan, de Tchétchénie, de Libye, d’Ukraine, du Liban et de Chine.
En 2012, une année de paix autour de la Rainbow Family aux Etats Unis, au Brésil, en Slovaquie, et au Guatemala.
Mon travail reflète de ce que je vis, là où je me rends. Je suis un témoin et à la fois un vivant. Je produits ma photographie, donc je fais et vais au cours de mes envies..
La photographie me permet de vivre avec les gens. Je travaille au plus proche. Je m’intègre. Je respire comme ceux que je regarde vivre.
Etre neutre est le propre du journaliste, mais humainement c’est bien plus délicat, lorsque l’on s’engage les émotions sont à fleur de peau.
De ce fait, ou se trouve la vérité ? Quelle est la limite ?
Il est impossible de ne pas prendre partie, et la photographie est un médium, un moyen de s’exprimer, il est donc difficile de ne pas perdre pied. Alors parfois il faut savoir s’échapper.
Voici donc un mélange de cette vie pas si facile que ça à gérer.
Eric Bouvet
Eric Bouvet est né en 1961. A l’âge de neuf ans ses parents le réveillent en pleine nuit pour regarder à la TV les premiers pas de l’homme sur la lune. Impact de la force de l’image, de l’événement en direct, et du fait historique. Ces trois faits resteront gravés en sa mémoire. Une douzaine d’année plus tard il en fait son cheval de bataille, et devient photojournaliste en rentrant à la prestigieuse Agence Gamma en 1981.
A partir de 1990, il travaille ses propres sujets en tant qu’indépendant, les produits, les photographies, les édites. Pendant plus de trois décennies il parcourt le monde et couvre les plus grands événements et la plupart des conflits.
Depuis plusieurs années il se tourne vers une photographie plus documentaire, d’inspiration plus contemporaine.
Il est souvent demandé pour des diaporamas et conférences entant que photographe d’expérience pour expliquer cette mutation riche de 35 années de travail.
Il anime des workshops à travers l’Europe ainsi qu’aux prestigieuses rencontres d’Arles depuis 18 ans.
Son engagement dans la photographie a été reconnu par de nombreux prix :
Deux Visa d’or, cinq World Press, le prix Paris Match, le prix du correspondant de guerre, le prix du Public de Bayeux, la médaille d’or du 150éme anniversaire de la photographie, le prix du Front line club.
Marié depuis 29 ans, deux enfants de 21 et 26 ans.
La Fabrique Nomade
Mardi 3 Janvier 2017 à partir de 19h (première de Babacar ou l’Antilope)
Hall du Théâtre 13 / Seine
Vente des créations de Yasir Elamine
artisan potier et sculpteur, réfugiés soudanais
Mardi 3 janvier 2017, à partir de 19h à l’occasion de la première de Babacar ou l’Antilope, l’association la Fabrique Nomade fera découvrir ses actions et projets à l’occasion d’une vente des créations de Yasir Elamine, artisan potier et sculpteur, réfugié soudanais accompagné par la Fabrique Nomade.
La fabrique Nomade est une association d’entreprenariat social, fondée sur des valeurs d’innovation et de solidarité. Elle agit pour la valorisation et l’insertion professionnelle des artisans migrants.
Les artisans sont des femmes et des hommes passionnés, dotés d’un savoir-faire acquis dans leur pays d’origine. En France, ils rencontrent de nombreux obstacles à leur insertion professionnelle.
Les barrières socio-linguistiques, l’absence de reconnaissance des qualifications étrangères en France et l’isolement conduisent les artisans à renoncer à leur savoir-faire. Pourtant ces compétences artisanales sont une opportunité pour développer une production manufacturière de mobiliers et d’objets de qualité, éthiques et solidaires.
Les actions :
Promouvoir une insertion de qualité
Dans le cadre du parcours d’accompagnement, les artisans participent à des entretiens individuels et des sessions d’évaluation technique en atelier. Des passerelles sont créées entre les artisans et des organismes de formation et de certification afin de faciliter leur montée en compétences et l’obtention de qualification professionnelle reconnue en France. À terme, les artisans disposent des compétences entrepreneuriales pour
développer de manière pérenne leurs activités.
Contribuer à la dynamique du tissus économique local
Intégrée à un écosystème collaboratif dédié à l’artisanat, l’association organise des rencontres et développe des synergies avec les acteurs des filières du design, du mobilier et de la création.
Avec la contribution de professionnels de ces secteurs, les artisans de la fabrique Nomade réinventent et créent des produits mêlant savoir-faire traditionnels et nouvelles tendances pour répondre aux attentes de notre société.
Favoriser le lien social et le developpement culturel
Changer de regard sur les migrants est un enjeu fort pour la cohésion sociale de notre société.
Des ateliers de pratiques manuelles animés par les artisans sont organisés par la fabrique Nomade pour faire découvrir au grand public la richesse et la diversité de ce patrimoine culturel.
Ces actions de valorisation constituent une opportunité pour relier les Hommes et toucher les consciences, au-delà des frontières socio-linguistiques.
Atelier d’écriture
Samedi 21 janvier 2017 de 14h à 17h
L’écriture dramaturgique contemporaine
Animé par Sidney Ali Mahelleb
Autour du spectacle Babacar ou l’antilope, l’auteur / metteur en scène Sidney Ali Mehelleb animera un atelier d’écriture dramaturgique.
Cet atelier débutera par une rencontre avec Sidney Ali Mehelleb, qui vous présentera son métier, sa démarche d’écriture ainsi que son parcours.
Il partagera ensuite un moment complice d’écriture avec les participants, prétexte informel et ludique pour sensibiliser à l’écriture dramaturgique contemporaine.
Aucune qualification particulière n’est requise pour cet atelier, si ce n’est la curiosité et la générosité.
Participation 14€ (atelier & représentation)
Atelier le samedi 21 janvier de 14h à 17h et représentation le dimanche 22 janvier à 16h (suivie d’une rencontre avec l’équipe artistique).
Réservation & paiement à l’avance obligatoire auprès de Kelly Gowry au 01 45 88 41 99
Edito
Par Colette Nucci
Directrice du Théâtre 13
A l’heure où j’écris ces lignes nous sommes encore en novembre de l’année 2016…
Dimanche dernier les français étaient invités à voter aux primaires de la droite pour le candidat de leur choix aux prochaines élections présidentielles, et ils furent très nombreux à se déplacer, réussissant ce tour de force de déjouer tous les pronostics en éjectant d’abord dès le premier tour notre ex-président qui avait eu l’idée saugrenue de se représenter à la fonction suprême, et ensuite en plaçant largement en tête des résultats celui qui il y a quelques jours encore et d’après les instituts de sondage et les experts du monde politique, accusait un retard trop important sur les deux favoris pour réussir à les rattraper ! Je tiens à saluer ici l’indépendance d’esprit qu’ont manifestée les français lors de ces élections aux primaires en refusant le diktat des médias et des élites politiques ! C’est une belle leçon de démocratie non ?
Mais remontons ce mois de novembre 2016… Le 9 nous nous étions réveillés avec cette nouvelle stupéfiante de l’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis ! Et nous étions un peu sonnés il faut bien le reconnaître, mais c’est aussi ce jour-là que l’ADAMI avait choisi pour remettre « le Prix Adami » à un jeune metteur en scène qui nous est cher ici au Théâtre13 : Quentin Defalt !! Ce Prix récompense un vrai parcours de compagnie sur des années, et consiste en la remise d’une somme de 35000 euros au metteur en scène pour lui permettre d’aborder plus sereinement sa prochaine création ; Et moi qui sais, pour les côtoyer régulièrement, combien il faut de passion, de courage, de persévérance, d’abnégation, et d’énergie à un jeune metteur en scène pour réunir une équipe de comédiens autour d’un projet et réussir à en monter la production en y investissant bien souvent tout son argent personnel, voire celui de ses parents…Moi qui en ai vu certains douter, se demander si ils n’allaient pas jeter l’éponge et changer de métier après un échec ou une très méchante critique, je sais aussi combien recevoir ce Prix leur apporte de réconfort et leur redonne confiance en eux ! Ce fut un moment très émouvant pour tous ceux qui y assistaient, et pendant que Quentin lisait le texte qu’il avait préparé pour l’occasion, je pensais aux spectacles qu’il avait créés au Théâtre13, à son incontestable talent de metteur en scène, à l’affection qui nous lie depuis plus de dix ans, et j’étais aussi fière et émue qu’une maman peut l’être… Merci à l’ADAMI dont le soutien financier à bien des projets créés au Théâtre13 me conforte dans mes choix artistiques et permet à ces projets de voir le jour et à de jeunes metteurs en scène de prendre leur envol ! Merci d’exister et d’être un partenaire si bienveillant et généreux …
Nous commencerons l’année 2017 par une création sur un sujet qui fait couler beaucoup d’encre et provoque bien des polémiques, celui de l’immigration : Sidney Ali Mehelleb le jeune auteur-metteur en scène de ce spectacle nous raconte l’histoire de Babacar l’africain, de ses rêves d’Europe, de toutes ses tentatives avortées pour franchir le mur qui, à Ceuta, sépare l’Afrique de l’Europe, de sa ténacité qui lui permettra de passer, de son arrivée à Paris et de sa rencontre coup de foudre avec Gina…C’est drôle, poétique, émouvant, plein d’humanité, léger comme une bulle de savon, de cette légèreté dont nous avons plus que jamais besoin pour vaincre la peur et les préjugés et passer au-dessus des murs ! C’est un texte de tolérance et de réconciliation, un texte pour l’amour et la paix dans le monde, et un jour vous verrez ce sera au tour de Sidney de recevoir le Prix Adami et nous serons fiers d’avoir été présents à ses débuts ;
Et puis pour la première fois nous fêterons le Nouvel an chinois avec une troupe pékinoise qui jouera du 8 au 11 février une pièce emblématique de son répertoire. Ce sera en chinois surtitré, je n’ai vu que des extraits-vidéo de ce spectacle, mais j’ai été éblouie, et je crois que nous l’avons tous été ici, par le talent de tous les comédiens certes, mais aussi et surtout par leur incroyable beauté ! Dieu qu’ils sont beaux !
Tant de beauté réunie sur un plateau, ça vaut le déplacement je vous jure ! Et ils viennent de si loin pour vous rencontrer…
Que 2017 vous comble de joies partagées, de spectacles en notre compagnie, d’amour, et de beauté !!!
Colette Nucci Directrice du Théâtre 13
Rencontre
Rencontre
avec Sidney Ali Mehelleb
et toute l’équipe artistique dimanche 22 janvier 2017 après la représentation
Garde d’enfants
Garde d’enfants contée
dimanche 29 janvier 2017 pendant la représentation de 16h (6€ par enfant de 4 à 9 ans).
Spectacle de conte / atelier / goûter avec Carole Visconti (réservation indispensable).
Audiodescription
Audio-description pour les personnes mal ou non-voyantes
Système d’audio-description en direct via casque récepteur
En partenariat avec l’association Prête-moi tes yeux au théâtre
Babacar sera audio-décrit les jeudis 19 et 26 janvier 2017 à 20h, et les dimanches 22 et 29 janvier 2017 à 16h
Service gratuit. Tarif réduit pour le spectateur ainsi que pour un accompagnateur.
Réservation auprès d’Yselle Bazin (01 45 88 41 89 / ysellebazin@theatre13.com).